L’Arme Fatale sauce Kore-Eda, tel pourrait être le sous-titre improbable des Orphelins d’Olivier Schneider. Voici donc un des premiers films de ce réalisateur français (doit-on vraiment évoquer son galop d’essai scooterisé GTmax, sorti en 2024 sur Netflix ?), mais il n’est assurément pas un débutant, lui qui travaille depuis plus de vingt ans sur les cascades et les chorégraphies de combat de bien des films, d’Audiard aux récents James Bond. Les Orphelins, ça pourrait être la concrétisation du rêve d’un artisan, un film d’action à la française, certes, mais dont la conception experte serait mise au service d’une histoire forte.

Bien sûr, la présence d’Alban Lenoir au casting renvoie au grand succès Français de la plateforme Netflix (laquelle participe aussi au film, sous l’égide de Gaumont) en matière de film d’action : la trilogie Balle Perdue. Les ambitions de son réalisateur Guillaume Pierret, un autre artisan très doué, semblent rejoindre celles de Schneider. Mais l’impression que l’histoire sert justement de prétexte aux scènes d’action n’est jamais très loin, bien que celles-ci soient par ailleurs absolument jubilatoires, à la base du succès de la trilogie.

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Pour autant, le sujet des Orphelins semble toucher de près son auteur. Ancrer son histoire dans le périmètre d’un foyer pour jeunes d’une part, et en proposant un modèle familial construit autour d’une jeune fille et deux papas, dans l’ombre d’une mère disparue de l’autre, n’est pas anodin. L’auteur prend ainsi le risque de sombrer dans les pires clichés feuilletonesques.

Si certains écueils (dont un maudit sur-jeu très télévisuel… et bien français) ne sont pas tous évités, la sincérité de Schneider face à ce sujet ne fait aucun doute. Les situations décrites relèvent d’une grande complexité, le réalisateur s’en tire honorablement pour retranscrire celles-ci sans grand discours et sans fioritures, à l’instar de ses scènes de baston.

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Très vite, le duo entre Dali Bensallah et Alban Lenoir se met à fonctionner, sur fond d’une rivalité autour d’un amour perdu et d’une potentielle paternité. Bien sûr la démonstration de leur virilité parait inévitable, et pourtant vite tournée en dérision. Dès lors, le prétexte d’une simple scène de bagarre entre les deux compères est dépassé par l’humour, et la masculinité exacerbée, inhérente à ce genre de films, mise à distance comme symptôme d’un manque de maturité (prends-en de la graine John Wick !).

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Ainsi, Schneider parvient, en filmant avec bienveillance ces trois personnages (le duo de choc est complété par l’explosive Sonia Faïdi), à les rendre attachants. Surtout, en quelques plans, humour et drame se disputent parfois. Guidé par l’image et avec une certaine économie de dialogues, le hors-champ de cette intrigue familiale apparaît en trompe-l’œil, reléguant l’arc principal du film, de l’ordre du prétexte pour le coup, au second plan. De celui-ci retenons la figure d’une mère castratrice, alter-ego mortifère de la défunte disparue, sanctifiée à travers l’émancipation de sa fille.

Le savoir-faire Français reste indéniable pour tordre de la ferraille à pleine vitesse et nul doute que le film ravira les fans d’action. Si le tout reste dans un canevas finalement classique, Les Orphelins en vadrouille sur la côte Basque renouent non sans bonheur avec une certaine tradition du film musclé du dimanche soir.

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