Pour son premier long-métrage, l’artiste-réalisatrice suédoise Victoria Verseau signe le très personnel Trans Memoria.

© OUTPLAY FILMS

Accompagnée des jeunes Athena et Aamina (toutes deux au début de leur transition de genre) la réalisatrice s’interroge sur ce qui fait d’elle une femme, revenant sur les lieux et les circonstances de sa propre transition – faite, dans son cas, de chirurgie lourde et de souffrances physiques et psychologiques sévères – mais aussi sur le deuil de sa meilleure amie Méril, rencontrée lors de leurs opérations respectives. 

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Tourné pour l’essentiel en Thaïlande et mêlant des scènes filmées pour les besoins du projet à des images plus anciennes issues des archives personnelles de Victoria Verseau, Trans Memoria séduit autant par l’intérêt que présente le témoignage de ses protagonistes que par son ambition esthétique. Mélange d’images aux styles et textures des plus divers – on y trouve aussi bien des conversations sérieuses ou des scènes de camaraderie superbement filmées que les vidéos tournées des années plus tôt, en amateure, par la réalisatrice lors de son séjour en clinique – le film offre ainsi à voir des compositions léchées mettant aussi bien en avant la force graphique d’un hôtel silencieux, d’une plage déserte, d’un centre commercial abandonné – où Victoria Verseau se remémore avoir acheté son premier bikini – ou de fruits pourris filmés en gros plan, entre vanité et nature morte, assortis de commentaires en voix off décrivant l’inconfort lié à la chaleur et au fait de se remettre d’une chirurgie lourde dans un tel climat…

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Poétique et désenchanté, Trans Memoria s’impose ainsi comme un film sur la guérison, mais aussi et surtout sur la douleur : celle d’être né(e) dans le mauvais corps, celle nécessaire pour y remédier – dans le cas de Victoria Verseau, au moment de l’opération mais aussi après, avec la nécessité d’user quotidiennement d’un godemiché pour former et entretenir sa cavité vaginale – celle des souvenirs et bien sûr celle du deuil. Outre sa force sensorielle, le film s’avère en effet aussi réussi dans sa dimension intimiste, mettant en avant la personnalité de ses trois vedettes mais aussi l’histoire de Méril, dont la réalisatrice tente de retracer le parcours (depuis leur rencontre jusqu’à son suicide, trois ans plus tard) et dont la présence hante ainsi l’ensemble du long-métrage…

Intimiste, existentiel et percutant, Trans Memoria aborde avec une infinie sensibilité le parcours de ses protagonistes, entre douleur et doutes, mais jamais sans espoir. 

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A propos de Alexandre LEBRAC

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