Alors, à quoi va ressembler l’année cinéma de 2023 ?

Oui, il ne reste que deux petits mois avant 2023. J’en vois qui préparent déjà leurs cadeaux de Noël et leur top annuel de l’année. L’occasion de profiter de ce jour férié pour faire le point sur ce que nous réserve l’année cinématographique de 2023, qui semble suffisamment excitante pour ne pas souhaiter tout de suite la fin du monde. Jugez plutôt.

Commençons d’abord par les trois plus gros mystères, du style « les verra-t-on ou non cette année ou plutôt en 2024? »
Trois grands cinéastes, dont deux controversés, étant connus pour prendre tout leur temps dans le processus de post-production.
How do you live? de Hayao Miyazaki (qui serait tout de même bien avancé, d’après ce qui s’est dit lors de l’inauguration du parc Ghibli qui a lieu aujourd’hui).
The Way of the Wind de Terrence Malick (toujours le plus secret des cinéastes).
Mektoub my Love : Canto Due et Canto Tre d’Abdellatif Kechiche (Intermezzo dans sa version cannoise serait abandonné à moins que certaines scènes aient été remaniées pour le 2ème volet).

Il est à noter que Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese était attendu pour cette fin d’année, mais avec le silence d’Apple+, on imagine que Marty n’a sans doute pas voulu brusquer sa légendaire monteuse Thelma Schoonmaker, et des rumeurs sur une présence cannoise commencent à circuler. Si cela se confirme, ce serait le premier film de Scorsese montré à Cannes depuis After Hours en 1985 (il avait été président du jury en 1998).

Et d’ailleurs, parlons-en de Cannes.
Voici les films qu’on est à peu près sûrs d’y retrouver, ceux des fameux abonnés cannois.

On Barren Winds (Les Herbes Vertes) de Nuri Bilge Ceylan, qui attend exprès mai pour le montrer.
Les Feuilles Mortes d’Aki Kaurismäki (oui, il est toujours là).
Poor Things de Yorgos Lanthimos, avec Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley, qu’il vient d’ailleurs de retrouver pour AND qu’il tourne actuellement.
Asteroid City de Wes Anderson, qui a déjà tourné un autre film dans la foulée, The Wonderful Story of Henry Sugar, distribué par Netflix.
Limonov, The Ballad of Eddie de Kirill Serebrennikov, adapté d’Emmanuel Carrère, avec Ben Whishaw.
La Bête de Bertrand Bonello, ambitieux mélo de science-fiction avec Léa Seydoux et Georges MacKay qui remplace le regretté Gaspard Ulliel.
La Conversione de Marco Bellocchio, qui serait son adieu au cinéma, adaptant un projet que Spielberg avait failli réaliser, celui sur le kidnapping d’Edgardo Montara.
Eureka de Lisandro Alonso, son film le plus ambitieux, un voyage dans le temps et l’espace au coeur de la culture amérindienne, avec Viggo Mortensen, Chiara Mastroianni et Maria de Medeiros.
Firebrand de Karim Ainouz, drame historique avec Alicia Vikander en Catherine Parr et Jude Law en Henry VIII.
La Chimera d’Alice Rohrwacher, avec Josh O’Connor et Isabelle Rossellini.
Il Sol dell’avvenire de Nanni Moretti (je vous conseille de suivre son compte instagram).
– Lo Capitano de Matteo Garrone, l’odyssée de deux jeunes Sénégalais en route vers l’Italie.
Vahaza (Les Blancs) de Robin Campillo, avec Nadia Tereszkiewicz.
L’été dernier de Catherine Breillat, avec Léa Drucker et Olivier Rabourdin.
Passages de Ira Sachs, un triangle amoureux avec Adèle Exarchopoulos, Ben Whishaw et Frank Rogowski.
L’Empire de Bruno Dumont (gros potentiel WTF, avec Lyna Khoudri, Anamaria Vartolomei, Camille Cottin, Fabrice Luchini et Bernard Pruvost).
Anatomie d’une Chute de Justine Triet.
Jeanne du Barry de Maïween (mais est-ce que Johnny Depp acceptera de monter les marches maintenant qu’on est tous au courant de leurs grosses embrouilles sur le tournage?)
Kubi de Takeshi Kitano, un film de samouraïs avec Ken Watanabe.
Club Zero de Jessica Hausner, intriguant thriller dans une école d’élite, avec Mia Wasikowska.
– The Old Oak de Ken Loach (pas une troisième Palme d’or, pitié!)
La Colline Parfumée d’Abderrahmane Sissako.

Et enfin, le court métrage de Pedro Almodovar, le western Strange Way of Life, avec Ethan Hawke et Pedro Pascal, pourrait faire un bon avant-programme juste avant le film d’ouverture.

Il faudra également s’attendre à y retrouver (pour notre plus grand malheur?) le nouveau film de Michel Franco, tourné à New York et toujours sans titre, avec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard (on imagine mal Frémaux refuser une montée des marches à Chastain).

Si les astres s’alignent, on espère tout de même y retrouver :
Barbie de Greta Gerwig, qui pourrait faire de la célèbre poupée une icône féministe, burlesque et subversive.
Disappointment Blvd. d’Ari Aster, fresque ambitieuse et kafkaïenne de 3h30 avec Joaquin Phoenix en entrepreneur prospère, la plus coûteuse des productions A24.
Challengers de Luca Guadaguino, avec Zendaya en entraîneuse de tennis.
The Zone of Interest de Jonathan Glazer, d’après le roman de Thomas Amis, qui serait déclinée en trois différents points de vue (trois montages différents?). Sandra Huller ferait partie du casting.  Mais Glazer est plutôt un abonné de la Mostra de Venise.
May/September de Todd Haynes, qui retrouve Julianne Moore pour la 5ème fois.
Hitman de Richard Linklater, une comédie d’action avec Glen Powell.
The Holdovers d’Alexander Payne, qui retrouve enfin Paul Giamatti et pourrait renouer avec le succès de Sideways.
The Bikeriders de Jeff Nichols (qui fut juré à Cannes cette année), on espère qu’il sera prêt avec cette alléchante évocation d’un club de motards dans les années 60, immortalisé par les célèbres photos de Danny Lyon.

Et on imagine sans peine le backlash que va se prendre Thierry Frémaux s’il sélectionne, même en hors-compétition, The Palace de Roman Polanski et le Woody Allen (toujours sans titre) qui se tourne actuellement à Paris, avec Valérie Lemercier, Lou de Laâge et Niels Schneider.

Enfin, vous avez sans doute entendu parler de ces films qui feront à coup sûr l’évènement en 2023 :

Mickey7 de Bong Joon-Ho
Napoléon de Ridkey Scott
Knock at the Cabin de M.Night Shyamalan
Oppenheimer de Christopher Nolan
Dune : part 2 de Denis Villeneuve
Indiana Jones 5 de James Mangold  (on attend toujours le titre, s’agira-t-il de la fontaine de jouvence?)
Maxxxine de Ti West (qui devrait clore en apothéose la splendide trilogie organisée autour de la muse Mia Goth).
Mission : Impossible, Dead Reckoning Part 1, de Christopher McQuarrie
The Killer de David Fincher (dont une scène a été tournée place de l’Estrapade, j’ai des témoins)
Guardians of the Galaxy Vol. 3 de James Gunn
Spiderman : Across the Spiderverse de Sony, Marvel et Columbia.
The Exorcist de David Gordon Green (on devrait même y retrouver Ellen Burstyn!)

Et on imagine bien en film d’ouverture de la Mostra de Venise le Ferrari de Michael Mann, son film tant rêvé, évidemment tourné en Italie.

Notons que beaucoup de films présentés à la dernière Mostra ne sortiront en France qu’au premier trimestre de 2023, comme les magnifiques Tár de Todd Field (avec Cate Blanchett et Nina Hoss) et The Eternal Daughter de Joanna Hogg (avec Tilda Swinton), ainsi que le captivant docu de Laura Poitras sur Nan Goldin, All the Beauty and the Bloodshed.  On oubliera poliment les ridicules The Son de Florian Zeller etThe Whale de Darren Aronofsky pour mieux guetter les jolies découvertes des sélections parallèles, comme Blue Jean de Georgia Oakley et Dirty, Difficult, Dangerous de Wissam Charaf.

Nous découvrirons en janvier les très attendus Babylon de Damien Chazelle et The Fabelmans de Steven Spielberg, même si ce sont techniquement des films de 2022 qui devraient se retrouver bien placés aux Oscars avec plusieurs nominations (avec sans doute une razzia de Avatar 2 pour les Oscars techniques).

Concernant les grosses productions françaises de l’année, on espère que Les Trois Mousquetaires, le gros blockbuster all-stars en deux volets produit par le gros patriarche Jérôme Seydoux, qui s’est permis de faire la morale à tout le cinéma français, sera beaucoup moins indigeste, formatée et programmatique que nous le redoutons. La bande-annonce du prochain Astérix de Guillaume Canet, avec son défilé de caméos, nous a déjà achevés.  Notons aussi la comédie politique Second Tour d’Albert Dupontel.

Et on devrait peut-être retrouver au festival de Berlin Mon Crime de François Ozon (avec Isabelle Huppert) ainsi que Le grand chariot de Philippe Garrel, qui réunit ses enfants Louis, Esther et Lena.

Enfin, pour finir, quelques films à surveiller, certains étant actuellement en tournage donc plus probablement prévus pour la fin 2023 :

Magic Mike’s Last Dance de Steven Soderbergh
Kraven the Hunter de J.C. Chandor (qu’on ne s’attendait pas à retrouver chez Marvel)
Next Goal Wins de Taika Waititi
The Iron Claw de Sean Durkin
The Pale Blue Eye de Scott Cooper
Strangers d’Andrew Haigh
Lee d’Ellen Kuras  (biopic sur Lee Miller avec Kate Winslet)
Stone Mattress de Lynne Ramsay
Priscilla de Sofia Coppola
Wizards! de David Michôd
Morning de Justin Kurzel

Sans parler des films qui seront tournés en 2023 comme le remake d’un film mexicain des années 50 (probablement un Roberto Gavaldón) que Dario Argento tournera à Paris en début d’année avec Isabelle Huppert.

Enfin, nous envoyons toutes nos bonnes ondes à un certain Francis Ford Coppola qui va pouvoir donner vie à son déjà mythique Megalopolis, dont le tournage s’étend de novembre à mars, avec Adam Driver dans le rôle principal.  Difficile de dire s’il sera prêt pour la fin 2023, ça sent plutôt Cannes 2024, voire fin 2024 si la post-production s’avère aussi longue que pour un Scorsese.

Et évidemment, toutes nos excuses à tous les films oubliés dans cet article.  N’hésitez pas à ajouter vos films les plus attendus dans les commentaires !

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