Programme donnant un aperçu des tréfonds de nos être et âme, dans le tourment des apparences, de l’absence et nos rôles dans la société, interrogeant alors notre identité et nos rapports au monde, une échappée troublante, déconcertante, dont les mises en scène manipulent avec plaisir nos sens.

31è Étrange Festival
www.etrangefestival.com
Programme n°6 Le bestiaire humain : 09/09 • 17h45
- Glute de Victor Ruprich-Robert (Belgique)
- Coda de Thor Sivertsen (Norvège)
- /Haaw/ de Joey Scoma (États-Unis)
- Bloody Mess de Megan Wennberg (Canada)
- Failing Forward de Rony Efrat (France)
- Kerberos de Hazel Dupont (Belgique)
- Humanity de Tereza Kovandová (République tchèque)
Glute de Victor Ruprich-Robert : le désir d’intégration est sans doute ce qu’il y a de plus commun, faire partie d’un groupe, une bande, se sentir accepté·e par des pairs… cette socialisation pouvant sembler impossible pour nombre d’entre nous, au final, les pas assez beaux, charismatiques, drôles, éloquents, accomplis, valides, blancs… sans pour autant atteindre le somment de la popularité, juste le désir d’être un petit rien faisant partie d’un tout. Le cinéma de genre regorge de fictions mettant en scène ce détraquement qui tourne ici à l’horreur. Ainsi, juste avant le coup de feu en cuisine d’un restaurant, c’est avec le récit d’une glute que démarre cette attente d’assimilation, en voyant comment Karim le serveur captive son audience, Clément lui emboîte le pas, suite à une rumeur lancée par chef Abdel et ses acolytes au service : Solène se fait remarquer à cause de sa patte de chameau, et tout part en vrille autant pour elle que pour lui. Les glutes ce sont eux, et toute la mise en scène mène à cerner ces deux bouc-émissaires. Le pauvre Clément est maladroit et pas assez motivé, sa cheffe de salle Cindy le lui rappelle bien assez et le somme de s’améliorer pour la bonne tenue du service. L’environnement de la cuisine est oppressant, avec une lumière au néon des plus glauques, voire dangereux avec des éléments parsemés attisant le suspense et indiquant au public que cela va très mal se finir. La création sonore stridulante, alternée par des disputes homériques, rythme alors cette réaction en chaîne inéluctable vers la catastrophe. Au-delà de ce huis clos écrasant physiquement, il y a toute la dimension psychologique filmée du point de vue de Clément, totalement stressé et sous pression, qui même en propageant avec malveillance un ragot, semble bien mal à l’aise en voulant créer de la connivence. Peine perdue, peu de ses collègues lui prêtent attention, voire même le chef Abdel ne sait pas qui il est, il n’arrive qu’à se faire écouter par un, deux des serveurs, en stigmatisant Solène, acculée elle-même pendant toute la soirée. Le mot est violence. C’est avec cette effroyable marginalisation physique et verbale que le film prend toute son ampleur terrifiante, le montage accompagne cette montée angoissante jusqu’à sa conclusion clôturant cet hostile tourbillon collectif en un implacable isolement. Cauchemardesque.
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