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31è Étrange Festival – Programme n°6 Le bestiaire humain

Programme donnant un aperçu des tréfonds de nos être et âme, dans le tourment des apparences, de l’absence et nos rôles dans la société, interrogeant alors notre identité et nos rapports au monde, une échappée troublante, déconcertante, dont les mises en scène manipulent avec plaisir nos sens. 

 

 

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Programme n°6 Le bestiaire humain : 09/09 • 17h45

 

 

31è EF – Glute de Victor Ruprich-Robert www.etrangefestival.com

Glute de Victor Ruprich-Robert

Glute de Victor Ruprich-Robert : le désir d’intégration est sans doute ce qu’il y a de plus commun, faire partie d’un groupe, une bande, se sentir accepté·e par des pairs… cette socialisation pouvant sembler impossible pour nombre d’entre nous, au final, les pas assez beaux, charismatiques, drôles, éloquents, accomplis, valides, blancs… sans pour autant atteindre le somment de la popularité, juste le désir d’être un petit rien faisant partie d’un tout. Le cinéma de genre regorge de fictions mettant en scène ce détraquement qui tourne ici à l’horreur. Ainsi, juste avant le coup de feu en cuisine d’un restaurant, c’est avec le récit d’une glute que démarre cette attente d’assimilation, en voyant comment Karim le serveur captive son audience, Clément lui emboîte le pas, suite à une rumeur lancée par chef Abdel et ses acolytes au service : Solène se fait remarquer à cause de sa patte de chameau, et tout part en vrille autant pour elle que pour lui. Les glutes ce sont eux, et toute la mise en scène mène à cerner ces deux bouc-émissaires. Le pauvre Clément est maladroit et pas assez motivé, sa cheffe de salle Cindy le lui rappelle bien assez et le somme de s’améliorer pour la bonne tenue du service. L’environnement de la cuisine est oppressant, avec une lumière au néon des plus glauques, voire dangereux avec des éléments parsemés attisant le suspense et indiquant au public que cela va très mal se finir. La création sonore stridulante, alternée par des disputes homériques, rythme alors cette réaction en chaîne inéluctable vers la catastrophe. Au-delà de ce huis clos écrasant physiquement, il y a toute la dimension psychologique filmée du point de vue de Clément, totalement stressé et sous pression, qui même en propageant avec malveillance un ragot, semble bien mal à l’aise en voulant créer de la connivence. Peine perdue, peu de ses collègues lui prêtent attention, voire même le chef Abdel ne sait pas qui il est, il n’arrive qu’à se faire écouter par un, deux des serveurs, en stigmatisant Solène, acculée elle-même pendant toute la soirée. Le mot est violence. C’est avec cette effroyable marginalisation physique et verbale que le film prend toute son ampleur terrifiante, le montage accompagne cette montée angoissante jusqu’à sa conclusion clôturant cet hostile tourbillon collectif en un implacable isolement. Cauchemardesque.

 

 

 

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31è EF – Kerberos de Hazel Dupont www.etrangefestival.com

Kerberos de Hazel Dupont
Kerberos de Hazel Dupont : Kerberos de Hazel Dupont  : Se référant au Cerbère, chien à trois têtes, gardien des Enfers dans la mythologie grecque et à l’esthétique des contes de Grimm, ce film convoque toute la sensorialité que le cinéma partage avec le public afin de lui transmettre les sensations de la protagoniste esseulée dans cette lande désolée, en proie au climat rigoureux de l’hiver. Telle une fable, l’ambiance rappelle la folk-horror avec ses symboles naturalistes alertant notre regard lors de séquences nous baignant complètement : le chien-cerbère parcourant cette terre affligée, une forêt sombre et énigmatique de laquelle des sons et chants émergent… et parmi eux ceux de sa sœur défunte que l’on vient d’enterrer l’appelant et l’entraînant dans les profondeurs inquiétantes de ce labyrinthe. Les jumelles se sont manquées, mais la présence de la morte obsède tous les plans par son mystère et lorsque cette dernière raconte une histoire à la demande de sa sœur, sa voix n’est plus qu’audible aux dépens de son cadavre se tuméfiant et nécrosant. Vision horrifique rappelant toutes ces morts iconiques de jeunes femmes évanesentes hantant notre culture pop, la cinéaste sait jouer de cette atmosphère aussi sinistre que féerique avec l’apparition d’un lit parmi les arbres, les compositions florales luxuriantes aux couleurs éclatantes qui y sont posées, équilibrant avec un étrange merveilleux, et des plans de photogrammes pris à la volée, comme suspendus dans le temps. La narration énigmatique travaille nos perceptions le plus subtilement, et ne charge pas d’explications cette fantasmagorie. Une très belle expérience immersive.

 

 

La compétition se poursuit jusqu’à vendredi 12 septembre, et vous avez l’occasion de participer en votant à l’issue de chaque projection.
Deux Prix seront décernés ce samedi 13 septembre : le Grand Prix Canal+ par l’équipe éditoriale de la chaîne partenaire et le vôtre, le Prix du Public !

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