Dans deux semaines débutera la 36ème édition des Reflets du cinéma ibérique et latino-américain. Cette année pas moins de 54 films seront diffusés au Zola (encore et toujours le berceau de la manifestation), tandis que 23 séances seront délocalisées à travers 12 autres salles partenaires. En quelques chiffres, pas moins de 14 pays seront représentés (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Espagne, France, Guatemala, Mexique, Pérou, Portugal, Uruguay, Venezuela), 10 films composent la compétition premiers films (le prix du Public sera décerné lors de la Soirée de clôture), 14 projections en avant-premières, 22 longs-métrages inédits et 8 invités pour accompagner certaines séances. Festival témoin de la vitalité de cinémas aléatoirement accessibles, les Reflets, par leurs trois fils rouges de l’édition, trois focus sur des pays (Brésil, Chili, Cuba), s’inscrivent en prolongement direct d’actualités politiques mouvementées. Au Brésil, la culture est plus que jamais en danger depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro (disparition du ministère de la culture, baisse drastique des aides de l’état,…). Au Chili, une ample et puissante contestation a éclaté en Octobre 2019, exprimant une forte volonté de changement. Quand à Cuba, l’île demeure un territoire opaque et changeant, que l’on ne cesse de découvrir et apprendre à appréhender grâce à l’art et en particulier le cinéma.

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Ema – Copyright Potemkine Films 2019

Dès la soirée d’ouverture nous aurons le droit à la projection en avant-première d’Ema de Pablo Larraín, de retour trois ans après le doublé Neruda/Jackie. Le cinéaste chilien retrouve Gael Garcia Bernal, cette fois aux côtés de la débutante Mariana Di Girolamo, qui campe la Ema du titre. Soit l’histoire d’une jeune danseuse mariée à un chorégraphe de renom, hantée par les conséquences d’une adoption qui a mal tourné. Depuis ses débuts, Larraín n’a cessé de revisiter l’histoire de son pays au moyen de formes tantôt rugueuses (Santiago 73) tantôt ludiques (No) mais toujours avec intelligence, modernité, précision et pertinence. Il s’est imposé au cours de la décennie passée parmi les plus grands cinéastes d’Amérique du Sud (et plus encore d’ailleurs), dès lors chaque nouvelle sortie est un événement majeur. Les adeptes de son cinéma, pourront découvrir l’un de ses acteurs fétiches, Alfredo Castro, dans El Príncipe de Sabastián Muñoz, récit situé dans les années 70 où le jeune Jaime est condamné à passer des années en prison pour l’assassinat apparemment inexplicable de son ami. Dans sa geôle, il rencontre un caïd, homme-mur, avec qui il va développer un rapport fort et qui va en faire le prince de la prison.

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Madre – Copyright Le Pacte 2020

Autre séance très attendue l’avant-première de Madre, nouveau long-métrage de Rodrigo Sorogoyen, un an à peine après le formidable El Reino. Il s’agit de l’adaptation en format long d’un court-métrage du même nom réalisé en 2017 et d’un changement de registre pour le cinéaste espagnol qui s’essaie ici au mélodrame. Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et y travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal. Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent qui lui rappelle furieusement son fils disparu… Puisque nous avons déjà pu découvrir le film il y a de cela quelques semaines, disons brièvement qu’il s’impose parmi les plus beaux films de ce début d’année. Porté par une actrice fabuleuse, Marta Nieto (déjà présente dans la version courte), Sorogoyen insuffle une intensité héritée du thriller à son mélo et confirme sa maîtrise souveraine de la mise en scène. Toujours du côté de la péninsule ibérique, il sera possible de découvrir Quien a hierro mata de Paco Plaza ([Rec], Veronica), un thriller avec l’excellent Luis Tosar (Malveillance). L’histoire de Mario, un homme exemplaire, qui travaille comme infirmier dans une résidence. Dans peu de temps il aura un fils avec sa charmante épouse Julia. Tout bascule lorsqu’Antonio Padín, un trafiquant de drogue renommé de Galice, entre dans le centre où travaille Mario, après avoir quitté la prison…

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Quien a hierro mata – Copyright Sony Pictures 2019

Nation à l’honneur comme nous le disions en préambule, le Brésil avec pas moins de 13 films projetés. Le festival propose un focus sur l’une des plus grosses révélations des années 2010 en mettant à l’honneur le réalisateur Kleber Mendonça Filho. Ancien journaliste et critique, passé au long-métrage à l’âge de 44 ans, son parcours relève jusqu’à présent du sans-faute. Ses trois – superbes – réalisations, Les Bruits de Récife, Aquarius (notre préféré, peut-être le plus émouvant) et Bacurau (Prix du Jury lors du dernier festival de Cannes) seront à voir ou revoir sur grand écran. Cinéphile éclectique aux influences digérées et cinéaste militant, son œuvre flirte avec les genres, crée des ponts en eux, parle du Brésil d’hier et d’aujourd’hui, toujours animée par une foi cinématographique totale. Autre grand film brésilien de 2019 qu’il sera possible de rattraper, La Vie invisible d’Eurídice Gusmão, très beau mélodrame de Karim Aïnouz, suivant les vies séparées de deux sœurs animées par des désirs d’émancipation et de liberté au sein d’une société conservatrice, laquelle trouve une résonance particulière à l’ère Bolsonaro.

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Aquarius – Copyright SBS distribution 2016

Ces quelques suggestions ne constituent qu’un échantillon d’une programmation fournie, qui promet de belles découvertes et que l’on vous invite à scruter (liens disponibles en-dessous). On attire l’attention sur deux événements non cinématographiques en amont du festival. La Bibliothèque de la Croix-Rousse accueillera du 17 mars au 4 avril l’exposition Cendres de l’artiste chilien Pablo Opazo. La Libraire Lettres à Croquer accueillera une « conf’ concert » autour de l’histoire des luttes et de la situation politique au Chili, le vendredi 13 mars.

Informations complémentaires :

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A propos de Vincent Nicolet

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