The Pierces – « Thirteen Tales of Love and Revenge »

Tendrement folles

Si je vous dis pop flirtant avec de l’easy listening un peu kitsch faite par deux sœurs qui parlent d’amour et de leurs petits cas de conscience, il est très probable que ce soit un truc de filles. Si je rajoute qu’elles ne sont pas tendres avec les mecs, enfin si, mais un peu pas, et que ça vous donne la migraine, vous pouvez directement passer au clip bien marketé et vous rincer l’œil comme il se doit. Mais si je vous intéresse en disant que ça n’est pas si simple, alors tendez l’oreille.

Les sœurs Pierce, ce sont deux poulettes péri-trentenaires ou presque : Allison la brune et Catherine la blonde, comme ça c’est pratique, il y en a pour tous les goûts, on s’identifie à qui on veut et ça brouille les pistes au niveau catalogage d’entrée. Ayant visiblement eu quelques difficultés à percer puisqu’on en est au troisième album et qu’on les découvre seulement, elles se sont concocté une bio bien ficelée à base de background familial hippie, fugue, auto-stop, soif de réussite, erreurs de jeunesse et ex-pirate qui les aide enfin à remettre la main sur leur âme. Ca c’est ce qu’elles nous disent, ce qu’on sait c’est qu’elles vivent aujourd’hui à New York, et ce qu’on devine à la teneur de leurs paroles c’est qu’elles vouent probablement un culte à la série « Sex and the City », qu’elles ont sûrement du tomber une ou deux (mille) fois sur Cosmo et qu’elles ont sans doute soigné leurs chagrins à l’Abba-thérapie, d’après leurs petites notes de synthé oldies.

Il semblerait donc qu’elles aient décidé de rendre hommage à la femme moderne. Et quand je dis « femme moderne », je veux désigner celle dont il n’existe pas de mode d’emploi, qui veut tout et rien à la fois, qui a été élevée au joli son des contes de fées mais à qui on a dit en même temps qu’il ne fallait pas y croire. Ca se décline donc en treize morceaux, dans une jolie pochette rose psychédélique.

Et il en résulte que la femme moderne :
– garde des secrets de Polichinelle : « two can keep a secret if one of them is dead »
– pense qu’être blasée est une forme de décadence qui comporte une certaine sensualité : « boring » (soupir)
– n’a pas froid aux yeux : « make love with the lights on baby tell me what you see »
– veut bien donner mais pas pour rien sinon ça ira très mal : « I could tell you a witch’s spell but it just might blow your top and you start to run just as I’m having fun »
– n’a plus beaucoup d’illusions mais cela n’empêche pas d’être sincère : « don’t you hear me when I say I’m lonely »
– est torturée mais l’assume : « you keep saying that I’m crazy there’s just rumors going round »
– a la dent dure : « this is the first day of many years of sorrow, you won’t forget my name but I’ll forget your face tomorrow » (chanté sur un air de ballade romantique)
– est maline : « one wish to fly the heavens, one wish to swim like fishes and then one wish you’re saving for a rainy day if your lover ever takes his love away »
– est parfois déçue : « now I’m sinking lower than all my tears, sinking lower than all your fears »
– se ravise, puis s’entête : « what were you doing in my dream last night, I thought I locked that door up tight »
– a de l’espoir : « I left on the light by the bed in case you could come to call »
– prend ce qui l’arrange : « well maybe I am not what you thought but don’t worry you are not what I thought you were either »
– est frivole : « I take home pretty things that I like »
– a des principes : « but I swore I would never fall in love with a boy in a rock & roll band »
– est sensible mais réaliste : « hold me until all the prayers that go to heaven get an answer »

Alors oui, certaines chansons sonnent un peu “Radio Edit”, mais c’est enlevé, joliment drôle, légèrement spirituel et c’est pour ça qu’on les aime, les sœurs Pierce.

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A propos de Sarah DESPOISSE

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