VEEKO – « HOUSE OF BIRDS »

Batteur connu et reconnu dans le milieu, Veeko a collaboré au cours des dernières années avec des artistes de divers univers que ce soit sur scène ou en studio. Du rap (Bekar, Georgio) à une chanson plus hybride (Joanna, Voyou), en passant par Theodora ou Pharrell Williams. C’est pourtant en 2023 qu’il s’est véritablement fait connaître, lorsqu’il a pris part à la tournée des festivals et des zéniths de France de son ami le compositeur et pianiste Sofiane Pamart. Il est d’ailleurs signé sur Demain (Pias), le label de ce dernier, au sein duquel il retrouve également un autre complice et partenaire artistique : le saxophoniste Ferdi. Ce trio de musiciens qui voit loin et large, couve des ambitions collectives mais aussi individuelles. À l’instar de ses acolytes, Veeko a en lui un projet d’artiste à part entière et non plus de “simple musicien”. 

 

Après un premier clip impressionnant début juillet (THE WAR WITH U) nous rappelant (et ce n’est pas un mince compliment) à celui de No Church in the Wild mis en images par Romain Gavras, ainsi qu’un deuxième single, ROSE PISCINE, en featuring avec FERDI (qui l’avait invité sur Take 01 l’année passée), il se révèle en format long avec son premier album HOUSE OF BIRDS. Deux singles qui montraient déjà deux directions distinctes et complémentaires. THE WAR WITH U, très atmosphérique, génère des images abstraites, il alimente des visions troubles et tourmentées, comme l’annonce d’un orage imminent, inquiétant et salvateur. Les sons évoluent dans un espace ample, parfois brumeux, où les coups se chargent de réverbérations profondes, comme si chaque frappe appelait une réponse lointaine et incertaine. ROSE PISCINE se tient sur une vibe très inspirée par le jazz, plus familière et accueillante, entre célébration festive et mélancolie latente. Les deux morceaux affirment une capacité à transformer les percussions en outil de dialogue à part entière. L’artiste travaille la batterie comme une matière vivante et expressive : peaux étouffées, frappes sèches ou résonantes, respirations laissées entre les coups. Les impacts sont pensés non seulement pour le rythme, mais aussi pour le grain, la durée et l’intensité émotionnelle. Cette promesse s’étoffe désormais sur un projet entier qui développe les contours de cette aventure en solitaire.

 

En un peu moins de quarante minutes, Veeko explore plusieurs horizons, au service d’un même dessein, raconter et se raconter en abolissant la barrière de la langue et en imposant la batterie comme vecteur central d’une musique dense, accessible et protéiforme. Qu’il évoque des réminiscences de La Ritournelle de Sébastien Tellier sur AGILITY par son lyrisme désinhibé, ou qu’il propose une odyssée sonore vertigineuse sur FOUR ARMS : l’alchimie prend en toutes circonstances. Dans ce dernier, les timbres se métamorphosent : l’instrument tend à se confondre avec des sonorités électroniques et des nappes organiques, brouillant volontairement la frontière entre percussion, mélodie et sound design. Les instruments fusionnent pour devenir des textures mouvantes, noyées dans un même flux sonore.

Sa musique référencée, que ce soit à travers ses titres évocateurs (CONFESSIONS, REGRETS), ses racines plurielles (soul, jazz, hip-hop, classique…) et ses échos, n’en demeure pas moins profondément intime et inclassable. Profession de foi pour son instrument fétiche, la batterie, et tous les pouvoirs insoupçonnés qu’il peut révéler (sa musicalité sous-estimée), HOUSE OF BIRDS cherche à atteindre la sophistication par des sonorités primitives et instinctives. Un voyage hypnotique dont la densité ne réside pas dans la durée, mais dans la profusion d’influences digérées et réinventées, au service d’un geste musical à la fois apaisant, immédiat et puissant. Ce premier album affirmé trouve son point d’acmé dans son ultime piste FLY LIKE A BIRD, libératrice et animée par l’ambition viscérale de continuer à bousculer les règles et les genres jusqu’à l’épuisement. Veeko nous emporte ainsi de la première à la dernière piste, en ne cherchant pas à tout prix l’équilibre parfait, mais en acceptant le déséquilibre et la disparité comme moteurs créatifs. Très fort.

Disponible depuis le 28 novembre 2025

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A propos de Vincent Nicolet

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