29e Étrange Festival – Compétition courts métrages n°1

Un des derniers programmes vu dans la section des courts métrages lors du 29e Étrange Festival, il est aussi l’un des plus réjouissants et déjantés : on y prend des risques sur les sujets, ou formellement, on se permet l’excès, voire le grotesque pour certains ou bien l’abstraction pour d’autres. On y retrouve des vétérans (Siegfried A. Fruhauf ou le Grand Prix Canal+ 2021), néanmoins nous avons plutôt envie de nous concentrer sur l’émergence de jeunes créateurs à mourir de rire pour clore cette revue.

 

Programme n°1 :

🇺🇸 The Mundanes: A Guide to the Happy Family de Nicole Daddona & Adam Wilder
🇺🇸 Vibrator Girl de Kara Strait
🇦🇹 Cave Painting de Siegfried A. Fruhauf
🇨🇵 Ressources humaines de Titouan Tillier, Isaac Wenzek & Trinidad Plass Caussade
🇧🇪 Se dit d’un cerf qui quitte son bois de Salomé Crickx
🇨🇭 Mouvement, sur le toit de la ville béton de Valentine Moser
🇦🇹 Kinderfilm de Robin Klengel, Michael Stumpf & Adrian Haim
🇨🇭 Beautiful Figures de Soetkin Verstegen
🇺🇸 Fck’n Nuts de Sam Fox

Ressources humaines de Titouan Tillier, Isaac Wenzek & Trinidad Plass Caussade

Ressources humaines – présentation de Titouan Tillier

Découvert lors du 19è Carrefour de l’animation 2022 (Cour(t)s d’écoles) & primé notamment au 45è Festival de Clermont-Ferrand 2023, ce court est un contraste bien équilibré entre l’aspect enfantin (des silhouettes rondes, le matériau doucereux de la laine, des couleurs chatoyantes) et la brutalité de la situation (un recyclage immédiat de l’individu en objet de son choix). Les jeunes cinéastes (Titouan Tillier, Isaac Wenzek & Trinidad Plass Caussade) de cette fantaisie morbide ont insufflé une belle maturité dans leur écriture et mise en scène, malgré l’aveu de Titouan Tillier révélant que le scénario continuait à s’étoffer en pleine fabrication stop motion de leur histoire mordante jusqu’au dernier jour de tournage. Nous ne sommes pas restés insensibles à l’humour noir de ce plan séquence unique, d’autant plus cinglant qu’il était en contrepoint avec la direction artistique des voix tout en bienveillance, chaleur et cordialité. Chapeau bas pour cette inventivité, cela n’augure que du bon pour ce trio talentueux !
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Se dit d’un cerf qui quitte son bois de Salomé Crickx

On poursuit dans les aventures macabres avec cette farce nous invitant à participer à la 167è Mue annuelle promouvant le renouveau idéologique par des gérontocides. Cela ne vous rappelle pas des coutumes, comme l’oyasute 親捨て dans le folklore japonais ou le climax dans Midsommar, qui pour le bienfait de la communauté, on engage la société à se débarrasser (tôt) de ses parents ? Ce qui en fait ce court de Salomé Crickx un film digne de l’Étrange Festival, est les tensions tragicomiques que ce Grand départ occasionne, faute de consentement par tout·e·s, la dramaturgie repose sur des exemples de parents refusant notamment leur sort fatidique. Le mauvais goût est à son apogée lors d’une discussion de jeunes de différents âges se projetant dans l’avenir et devisant sur leur conformité à ce rituel radical. La mise en scène est portée par le jeu outré des comédiens et une direction artistique gageant sur des décors et costumes aux couleurs pastel, soulignant ainsi notre rire saugrenu que l’absurdité de cette nouvelle norme nous provoque.
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Fck’n Nuts de Sam Fox

Fck’n Nuts – présentation de Sam Fox

Pour ce dernier court, on pousse les curseurs à fond à tous les niveaux afin d’immerger le public dans un univers excessif augurant le titre du film. La réalisatrice Sam Fox en assume l’inspiration autobiographique et la détourne en une blague outrée à propos de parents dingues qu’on a honte de présenter à ses dulciné·e·s. Elle mise sur ses influences surréalistes afin de composer une palette de couleurs 80’s exubérante, magnifiée par l’image de Daniel Waghorne. Toute la construction de sa mise en scène se base sur cette architecture chromatique, nous faisant évoluer dans différentes ambiances pour susciter divers sentiments. Le grotesque est aussi au rendez-vous par des accessoires et des effets de surprise grandiloquents nous fourvoyant dans son aberrante bouffonnerie, qui se permet d’être littérale dans sa signification et son interprétation, nous emportant dans un final avec une hilarité complice.
Retrouvez notre entretien avec Pascale Faure.
Nous espérons que vous vous serez autant régalés que nous avec ces courts métrages de divers horizons, transmettant passions, délires, désinhibitions, et reflétant imaginaires, sensibilités & créativités ! Des propositions prometteuses, comme des créations assumées dans le parti pris d’une esthétique brève.
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