Après le succès mérité de La Main (Talk to Me), les frères Philippou reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène horrifique avec Substitution (Bring Her Back), deuxième long-métrage de ces jumeaux australiens.

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Piper et Andy découvrent leur père gisant sur le carrelage de la salle de bain. Orphelins, ils s’arrangent auprès des services sociaux pour être placés ensemble en foyer quelques mois, le temps que le grand frère atteigne la majorité et puisse devenir le tuteur légal de sa sœur malvoyante. Ils sont accueillis par Laura, une femme qui semble très enthousiaste à l’idée d’adopter Piper, dont l’âge et la cécité lui rappellent sa propre fille décédée. Chez elle vit également Oliver, un étrange garçon mutique qu’elle présente comme son neveu. Petit à petit, les intentions de Laura se font plus claires… et plus effrayantes.

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Si le surnaturel et la mort tiennent toujours les rênes de leur univers créatif, celui-ci prend soudainement une tournure dramatique, comme tiraillé entre le morbide et le tendre. Les codes de l’horreur sont évidemment là, maîtrisés et utilisés à bon escient, pour le propos plus que pour la simple démonstration formelle. Les frères parviennent à installer habilement une tension grâce à un jeu d’informations et de mystères, comme un puzzle inquiétant qui se construit lentement sous nos yeux. À l’instar de Piper, qui navigue dans un flou de formes et de lumières, le spectateur n’a d’autre choix que de débarquer à tâtons dans cette œuvre sombre et tragique. C’est une des qualités du film de ne pas s’étendre dans la contextualisation et l’explicatif, qui font souvent défaut au genre. L’imagination s’approprie les zones d’ombre et choisit, s’il le veut, la justification qui lui convient. C’est souvent mieux que d’assister à un bricolage de béquilles scénaristiques dans une histoire de toute façon invraisemblable.
Substitution utilise l’horreur comme un déguisement. Malgré ses figures pourrissantes et son appétit pour le sang, son essence se trouve véritablement du côté du drame, ce qui l’entraîne parfois maladroitement dans un sentimentalisme plus ou moins bien dosé. Le deuil est un thème omniprésent dans l’épouvante, plus ou moins explicité ; ce n’est pas là qu’il tire son originalité. Celle-ci vient plutôt du regard que le film porte sur ses personnages. Un œil sans attache, qui n’est pas soumis au manichéisme traditionnel, celui qui embellit les cœurs purs et assombrit leurs ennemis. Contraint à voyager d’une âme à l’autre dans ce quasi-huis clos, il y voit non pas deux, ni trois, mais quatre héros. Laura, qui tient le rôle du bourreau, se révèle être avant tout une victime qui a perdu la raison. La perte d’un enfant : un mal qui semble incurable.

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Si l’horreur est tant habitée par la tristesse, c’est qu’elle est à l’origine du projet. En effet, les frères Philippou ont malheureusement connu, dans leur cercle familial, la perte d’un très jeune enfant. Témoins de l’insoutenable douleur de sa mère, leur cousine, l’idée d’une souffrance inépuisable les a terrifiés, et leur a fait se demander : jusqu’où un être aussi anéanti pourrait-il aller pour ne plus y faire face ? Leur imaginaire les a conduits à imaginer rituels maléfiques, emprise psychologique et maltraitance infantile dans un film aussi horrible que tragique, quelque part entre Hansel et Gretel et Sueurs froides.
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