Julien Blanc-Gras – « Touriste »

Dédié à Eratosthène, savant grec qui fut le premier à évaluer correctement la circonférence de la Terre, « Touriste » est le roman de voyage d’un trentenaire parisien fasciné par les cartes. Bien décidé à parcourir la planète en long et en large, Julien Blanc-Gras se définit « touriste » pour planter son récit, simplement motivé par une curiosité à toute épreuve. Il y livre ses rencontres avec les cinq continents, parfois à contrepied, souvent avec humour, toujours par le bon sens de l’ouverture d’esprit : « on est toujours le touriste de quelqu’un« . Julien Blanc-Gras est journaliste de profession et touriste par vocation, comme dit son éditeur. Ce double statut lui autorise la prévalence du constat. Sans brandir d’étendard ni hiérarchiser les lieux qu’il parcourt, Julien Blanc-Gras observe et partage sans trancher : « A la fin de ce chapitre, en fonction de leurs névroses personnelles, certains lecteurs estimeront que je suis scandaleusement pro-israélien, d’autres que je suis scandaleusement pro-palestinien. Qu’ils se scandalisent et aillent se faire foutre, moi je suis pour le Barça« , déclare-t-il au début de son séjour en Israël.Ceux qui attendent un manifeste engagé n’ouvriront pas le bon livre. La distance de l’auteur pourra décontenancer, car il décrit les différences et les inégalités sans prendre le parti de la dénonciation ou uniquement avec détour, au risque de paraître léger et c’est toute la subtilité de « Touriste ». Le point de vue est personnel, axé sur l’humain, y compris l’auteur qui confie allégrement ses moments de candeur endurcie, de trouille, de perplexité, d’inconscience ou de poésie, en s’incluant dans le tout qu’il traverse : « à nous deux, petite planète globalisée ! » Bien loin du style souvent formel de l’essai, l’écriture est limpide, rythmée, hilarante de franc-parler : « La Népalaise détruit le stand de la Tibétaine. La Tibétaine se sert d’une petite statue de Bouddha pour frapper la Népalaise. Mais que fait le dalaï-lama ? » Le livre se dévore d’un chapitre à l’autre, les intermèdes sont délicieux et appuient le côté romancé tout en questionnant la notion d’exotisme.

Sans sensiblerie, « Touriste » converge vers un seul et même objectif : donner envie de voyager en mettant le monde à la portée de chacun, avec l’idée – naïve mais toujours valable – qu’adresser la parole à un inconnu, où que ce soit, c’est déjà aller à la rencontre de la planète. Tandis que Julien Blanc-Gras fait tourner sa mappemonde : « je ne fais que passer », le plus novice des touristes peut déjà passer la porte de chez lui.

 

Publié Au Diable Vauvert.

 

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