Les éditions Powerhouse – Indicator n’en ont pas fini – heureusement ! – avec les films noirs Columbia puisqu’ils récidivent avec un troisième coffret comprenant de nouvelles raretés. Pour commencer, voici le premier long métrage de Robert Rossen, futur réalisateur du génial Lilith. Johnny O’Clock est le héros du film éponyme, un partnair junior de casino embringué dans une aventure sentimentale quelque peu dangereuse. Johnny O’Clock (1943) distille son suspense dans un mystère où il est question d’un suicide bien mystérieux, d’une histoire d’amour quelque peu contrariée… et d’une montre, bien sûr !
Remake de L’Etrange rêve de Charles Vidor (1939) le superbe The Dark Past (1948) fait partie des ces films policiers dans lesquels théories psychanalytiques et étude de rêves traumatiques permet d’ajouter au suspense une aura fantastique passionnante, les modèles restant sans doute La Maison du Docteur Edwardes d’Alfred Hitchcock et Le Secret Derrière la porte de Fritz Lang, réalisé l’année d’avant. Ici, un psychanalyste pris en otage avec sa famille et ses amis entame un dialogue avec le tueur (le tout jeune William Holden) pour comprendre tous les mécanismes qui ont pu conduire au passage à l’acte. Le moi, le ça et le surmoi sont peut-être les vrais héros de The Dark Past.
L’inégal Henry Levin signe avec Convicted (1950) une de ses réussites, qui tient plus encore du drame carcéral en huis-clos que du film noir. Adaptant la pièce de Martin Flavin, le film de Levin s’attache à la relation entre un prisonnier condamné pour homicide involontaire et un directeur de prison, loin des archétypes de gardien sadique, cherchant pleinement à comprendre le reclus, et à l’aider à s’en sortir en lui faisant entrevoir sa réinsertion. Il y aura évidemment un autre meurtre dans la prison, un suspense tenu, mais le film captive essentiellement dans l’intensité que dégage le formidable duo Glenn Ford – Broderick Crawford .
Il serait temps de reconnaître le talent de Gordon Douglas à sa juste valeur, comme un maître de la série B particulièrement efficace. Ainsi, Between Midnight and Dawn (1950), enlevé et plein d’humour, anticipe avec ses deux amis flics aux tempéraments antithétiques lancés sur les traces d’un racketteur meurtrier, sur un certain nombre de films de duos de flics dont L’arme Fatale reste le plus populaire.
Edward Dmytryk n’a pas acquis, lui non plus, la notoriété qu’il méritait. Ce grand cinéaste signe avec The Sniper (1952) une merveille, peut-être son Peeping Tom à lui. Il suit les pas d’un homme solitaire, tentant en vain de lutter contre ses pulsions meurtrières, et s’armant d’un fusil à lunettes pour tuer des femmes au hasard. La grande force de cette perle noire tient à ce qu’elle parvient à manier le suspense du genre, tout en installant une profonde empathie vis-à-vis de son protagoniste, psycho-killer et désespéré.
Un an après Murder by Contract (présent dans le précédent coffret), City Of Fear (1959) remet en scène le valeureux Vince Edwards pour une course contre la montre diabolique qui flirte avec le film catastrophe puisqu’il est ici question de stopper un condamné évadé, croyant s’enfuir avec de l’héroïne, alors qu’il porte sur lui une substance toxique susceptible d’anéantir la ville entière. Alors que la matière radioactive le tue à petit feu, les autorités tentent de le localiser. En 74 minutes, Irving Lerner va droit au but et organise un suspense tendu au cordeau avec des enjeux… considérables !

Tous restaurés en 2K, les six films sont inédits en blu-ray. Limitée à 6000 exemplaires numérotés, avec de nombreux suppléments, cette superbe édition propose également un livre de 120 pages. Les films possèdent tous des sous-titres anglais.

  • Commentaire audio du cinéaste et historien Jim Hemphill (2021)
  • Not One Shall Die (1957, 30 mins): court-métrage pour le United Jewish Appeal, réalisé par David Lowell Rich, avec Guy Madison, Felicia Farr et Agnes Moorehead, avec une bonne partie de l’équipe artistique des Columbia noirs.
  • Whoops, I’m an Indian! (1936, 18 mins): les Three Stooges dans une affaire de casino
  • Bande annonce et galerie photos
  • Commentaire audio de l’universitaire et commissaire Eloise Ross (2021)
  • The Poised Performance (2021, 14 mins) : la critique et historienne Pamela Hutchinson s’intéresse à la carrière de Nina Foch
  • The Gulf Screen Guild Theater: ‘Blind Alley’ (1940, 23 mins) : adaptation radiophonique par James Warwick de la pièce dont The Dark Past est inspirée avec Edward G. Robinson, Joseph Calleia et Isabel Jewell
  • Shivering Sherlocks (1948, 18 mins): les Three Stooges se mêlent à un dangereux gang caché dans un manoir isolé
  • Bande annonce et galerie photos
  • Commentaire audio des historiens du cinéma Troy Howarth et Nathaniel Thompson (2021)
  • Codes and Convictions (2021, 30 mins) : dans cet essai vidéo, Jonathan Bygraves étudie les relations qu’entretient  Convicted avec les autres adaptations de la pièce de Martin Flavin.
  • So Long Mr. Chumps (1941, 18 mins): les Three Stooges découvrent les difficultés de la vie carcérale.
  • Bande annonce et galerie photos
  • Commentaire audio de l’auteur et journaliste Bryan Reesman (2021)
  • Categorically Dependable (2021, 16 mins) : l’écrivain et critique Kim Newman s’intéresse à la carrière de Gordon Douglas
  • Dizzy Detectives (1943, 19 mins): les Three Stooges jouent un trio d’officiers de police tentant d’arrêter un psychopathe.
  • Bande annonce et galerie photos
  • Commentaire audio d’Eddie Muller, de la Film Noir Foundation (2009)
  • Introduction de Martin Scorsese (2009, 4 mins)
  • Three Lives (1953, 23 mins) : court-métrage réalisé pour la United Jewish Appeal, réunissant à la fois les principaux acteurs de The Sniper, la star Arthur Franz, les scénaristes Edna et Edward Anhalt, et réalisé par Dmytryk.
  • Three Pests in a Mess (1945, 16 mins) : les Three Stooges pensent être impliqués dans une fusillade mortelle et provoquent la panique.
  • Bande annonce et galerie photos
  • Commentaire audio du critique et écrivain Adrian Martin (2021)
  • Pulp Paranoia (2010, 7 mins) : Christopher Nolan sur son rapport au film noir
  • The Autobiography of a “Jeep” (1943, 10 mins) : mini documentaire réalisé par Irving Lerner sur le dernier cri de l’époque : la jeep, avec un commentaire audio de l’historien Jeremy Arnold (2021)
  • Hymn of the Nations (1944, 29 mins): version uncut du documentaire produit et édité par Lerner et réalisé par Alexander Hammid, mettant en vedette le célèbre chef d’orchestre Arturo Toscanini et le NBC Symphony Orchestra interprétant la musique de Giuseppe Verdi.
  • The Cummington Story (1945, 20 mins) : court métrage documentaire, écrit et réalisé par Helen Grayson et Larry Madison, produit par Lerner, mettant en valeur la musique d’Aaron Copland et racontant l’histoire d’un groupe de réfugiés qui ont déménagé dans une petite ville américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.
  • Oil’s Well That Ends Well (1958, 17 mins) : les Three Stooges sont convaincus qu’ils vont faire de l’argent avec de l’uranium !
  • Bande annonce et galerie photos

 

 

 

 

 

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A propos de Olivier ROSSIGNOT

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