Gilles Perret – « La Ferme des Bertrand »

À l’occasion de son dixième documentaire, Gilles Perret revient avec La Ferme des Bertrand, un récit intimiste et social portant sur quatre générations d’une famille d’agriculteurs. 

Copyright Laurent Cousin

Les Bertrand dirigent une exploitation laitière en Haute-Savoie depuis 1972. Gilles Perret, qui leur avait déjà consacré un documentaire en 1997, récidive en 2022 : mêlant ses nouvelles images à celles de son film précédent et recueillant les confidences de ses protagonistes, il rend compte de leur histoire familiale, de l’évolution de leurs conditions de travail et aborde à travers tout cela les changements survenus dans le monde agricole depuis cinquante ans. 

Copyright Laurent Cousin

Construit à partir d’images d’âges, textures, qualités et ratios de cadre différents, respectivement issues d’un film de Marcel Trillat réalisé en 1972 – où l’on peut voir les trois frères ayant fondé la ferme – du documentaire tourné par Gilles Perret en 1997 – alors que Patrick, le neveu desdits fondateurs, a pris leur relève avec sa femme Hélène – et du dernier tournage, opéré en 2022 par le même Gilles Perret – et où l’on retrouve Hélène, en passe de prendre sa retraite – La Ferme des Bertrand plonge son spectateur dans un voyage reliant hier à aujourd’hui et l’emmène à la rencontre des différents membres de cette famille ainsi qu’à la découverte de la réalité du métier d’agriculteur.  

Copyright Laurent Cousin

Ledit spectateur découvre en premier lieu la situation actuelle dans laquelle le recours, désormais courant, à la robotisation – notamment pour la traite des vaches, trop nombreuses pour que cette tâche soit réalisée à la main – réduit considérablement la pénibilité du travail – par ailleurs toujours très chronophage – et où se pose la question de la transmission, Hélène – elle-même aidée par son fils et son gendre – ne souhaitant nullement forcer ses petits-enfants à reprendre le flambeau. 

Copyright Laurent Cousin

Le voyage se poursuit, faisant dialoguer ces scènes avec celles des années 1990, lorsqu’Hélène et Patrick devaient élever leur fils et leurs deux filles tout en assurant la bonne marche de l’exploitation, et celles des années 1970, lors de sa fondation par les oncles de Patrick. 

Copyright Laurent Cousin

Les néophytes apprennent ainsi autant à connaître l’arbre généalogique des Bertrand que l’évolution des conditions de travail en milieu agricole, extrêmement éprouvantes physiquement – par l’énergie qu’elles exigent – et mentalement – par le frein qu’elles peuvent constituent à la vie sociale – et ce bien qu’elles se soient nettement améliorées depuis un demi-siècle (Patrick et Hélène ont ainsi pu avoir une vie de couple puis de famille – à la différence des trois oncles de Patrick, restés célibataires et entièrement dévoués à leur activité – et la modernisation des moyens de productions est clairement considérée par Hélène, son fils et son gendre, comme un progrès à même de rendre moins rude un travail demeurant très usant). 

Copyright Laurent Cousin

En dépit de cette pénibilité – que le film ne minimise jamais – assortie de certains regrets (concernant la douleur physique ou le départ prématuré de certains membres de la famille) La Ferme des Bertrand n’est pas un documentaire pessimiste (et encore moins passéiste) et frappe avant tout par la passion qu’il met en lumière chez ses protagonistes et l’admiration manifeste (et contagieuse) de Gilles Perret à leur égard, ce dernier assumant pleinement de voir en ses « héros » de véritables bourreaux de travail, amoureux de la nature et passionnés par leur métier. 

Humain, social et intemporel, La Ferme des Bertrand rappelle le caractère indispensable de l’agriculture pour notre société et encourage chacun à suivre sa voie, quelles que soient les difficultés qu’elle comporte. 

Copyright Laurent Cousin

© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).

A propos de Alexandre LEBRAC

1 comment

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.