"Qu’estcequetudeviens?" d’Aurélien Bory – Théâtre des Amandiers

Et alors, qu’est-ce que tu deviens ?
A la fois innocente et terrible, cette question crée une frontière entre ce qui a été et ce qui est désormais. Elle impose un bilan, une distance envers un temps révolu, une évolution, et interroge sur un nouveau positionnement. Les raccourcis sont quasiment impossibles voire suspects, justement en raison de ce lien avec le passé. Il y a quelque part l’obligation d’une trajectoire…L’histoire de Stéphanie Fuster, c’est d’être partie pendant huit ans à Séville pour apprendre le flamenco. De retour en France, elle raconte cette expérience à travers le spectacle d’Aurélien Bory, qui est plus un témoignage de ce double apprivoisement et un hommage à l’âme de la danse, qu’un spectacle de flamenco pur.

Intérieur et extérieur se succèdent sur scène et dans la symbolique pour montrer l’appropriation progressive des techniques par la danseuse. Des jeux de cache-cache avec une robe rouge caricaturent son approche, la façon dont le flamenco fait peu à peu partie de son identité et vice-versa. Les mouvements sont amorcés, les poignets se courbent, un talon s’éveille. A travers une vitre, on voit la buée se former sous l’effort des mouvements saccadés et répétés à l’infini jusqu’à la grâce. Suivant le cycle naturel, la vapeur s’échappe et avec elle le poids du passé. L’impulsion prend naissance, se cherche et s’épanouit dans l’espace scénique contenant quelques centimètres d’eau, du plus bel effet visuel. Avec l’impression soudaine et subjective d’une électrocution (im)possible, plusieurs idées se croisent : le vertige créé par la nouveauté, la fugacité de l’existence, l’assurance d’un choix…

Le cheminement se reflète, à petite échelle dans les mimiques, les expressions de la danseuse, puis dans les éclaboussures et plus largement par les jeux de lumières et effets d’ombres, d’amplitude croissante jusqu’à la résonance et les vibrations. Voilà ce que Stéphanie Fuster est devenue, voilà la place qu’elle occupe aujourd’hui dans le monde, c’est une réponse imagée à la question. Réponse qui puise son émotion dans une transposition plus large que le parcours de la danseuse, et qui semble indiquer non pas le dépassement de soi ni une révolution personnelle, quoique possiblement collatéraux, mais plutôt la voie d’une révélation intérieure vers d’infinis éclats.

A voir au Théâtre des Amandiers à Nanterre du 23 septembre au 24 octobre.
Conception, scénographie et mise en scène : Aurélien Bory
Chorégraphie : Stéphanie Fuster
Musique : José Sanchez (guitare) et Alberto Garcia (chant)


(c) Mario del Curto

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