Brazilian Girls – New York City (archives)

New York Groove ?
Quel groupe aujourd’hui peut mieux représenter le melting-pot new yorkais que ces Brazilians girls ? Imaginez vous en effet un groupe qui joue avec malice et énergie une musique arty et diversifiée, influencée aussi bien par l’electronica que la bossa, le reggae que la pop cabaret et garde toujours en mire une grande exigence mélodique. Nonobstant la mixité musicale c’est aussi du côté de la voix que l’internationale vocaliste se fait entendre, la chanteuse en effet éructe tant en anglais qu’en français, italien, allemand ou encore espagnol et ce quelquefois même dans la même chanson! Les paroles sont à l’avenant d’ailleurs puisqu’elles évoquent ces ailleurs, ce trop plein de possibles qu’est notre planète (St Petersburg, Berlin, Nouveau américain, L’interprète, internacional) vue du plus près de la réalité comme de l’imaginaire.
D’une réputation de groupe festif et un peu inconséquent jadis (deux albums déjà avant celui-ci), le trio américain semble cette fois s’être attaché à produire un véritable album de pop, dans le sens le plus large possible, une pop multiple mais toujours positivement ludique étant entendu qu’essayer de sonner du mieux possible ne doit en aucun cas faire oublier la logique hédoniste et joueuse qui anime le combo. La voix de Sabine Sciubba, qui fait penser à celle de Nico mais en mode décontractée du chant (en mode fluo lady qui-plus-est) épouse ainsi au mieux les ambiances musicales développées ici ou là par l’emploi de la langue idoine : l’italien sur la jolie comptine « L’interprète », la République de Weimar relookée par Philippe Découflé sur « Berlin , l’ersatz d’un Smoke City somnolent sur « internacional » ou encore « Strangeboy » sans oublier l’allemand mutin de « I want out ». Le défaut que l’on peut trouver à ce disque et à ce groupe c’est son manque d’émotion peut-être, même s’il essaie de jouer sur cette corde sur le dernier morceau « Mano de dios » (non il n’est pas dédicacé à Thierry Henry) tant cette sorte de coolitude étouffe à la base toute velléité de cet ordre, la question n’est définitivement pas là et puis dans le fond qu’importe.
Le morceau « Losing myself » ressort du lot non pas tant forcément par sa grande qualité dominante que par son redoutable classicisme. Comprenons évidemment cet aspect classique non pas dans une sorte d’académisme froid et méthodique mais davantage comme l’expression éclairée d’une certaine tendance de la pop d’aujourd’hui, celle construite autour d’un gimmick de synthé, d’une grosse ligne de basse et d’une formule répétée ad lib tout du long du morceau (en gros le modèle techno quoi). Sur ce titre, le groupe dénoterait toutefois dans une playlist des « best électro-pop songs 2009  » (catégorie groupes avec fille à franges) de par l’emploi du français (so chiiiic) sur les couplets, mélange saisissant quoiqu’il en soit.
Finalement c’est encore le titre premier, « St Petersburg » qui décroche la première place sur le podium de l’album avec ses faux-airs de chanson des Yeah Yeah Yeahs qui auraient troqué leurs guitares pour un stage chez deux ou trois apprentis-sorciers du beat et des ambiances électro-chic. Un formidable titre formidablement mal-chanté d’ailleurs (je vous ai parlé du coup de la Nico en mode décontractée du chant et fluo-lady ? Bon…)
On ne dira jamais assez combien il est heureux d’écouter un album sans savoir à quoi s’attendre au fil des morceaux mais avec un disque qui garde de bout en bout une cohérence de ton et d’univers, Brazilian Girls signe avec New York City un album vernis à souhait, clinquant comme il faut et aussi joliment inconséquent qu’une bulle de champagne.

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