Tourist – « Memory Morning »

Quand Tourist prend des faux-airs de Moby, dans sa période 18, cela se fait à la manière d’une randonnée dans les jeunes années 2000, avec ces refrains, aériens, chantés et répétés à l’envie, si caractéristiques d’un son électro mi-pop, mi-atmosphérique, qui accrochèrent alors tant de tubes au sommet des meilleures ventes. Très vite, cependant, et comme à son habitude, le musicien Britannique fait sa mue vers un style qui le caractérise davantage, et parvient à se libérer en sortant des sentiers maintes fois arpentés, au son d’une house du Diable, arty et bien sûr sophistiquée.

Au-delà d’un clin d’œil, qui semble tout de même appuyé, à son illustre prédécesseur, Tourist se sort de l’ornière pour mieux reprendre son chemin sur la ligne de crête qui faisait déjà la magie de Wild, son album précédent. Une brume ouatée et cotonneuse, des ajouts parfois singuliers et déroutants, sont autant de traits qui conduisent à un familier mélange d’onirisme et d’étrangeté. Mais las, si l’auditeur retrouve cette invitation à l’exploration de paysages, que l’on peut interpréter comme étant intérieurs, les premiers morceaux ont un goût de déjà entendu, provoquant une insatisfaction le disputant à un constant émerveillement, cependant indéniable.

Il faut patienter jusqu’à la face B et la deuxième partie de l’album pour être tout à fait saisi par des trifouillages classieux et cette sensation caractéristique qui se dégage à la vue d’un nouveau panorama majestueux. Par le truchement de l’artifice et d’une voix tellement entêtante, le titre Blink, par exemple, conduit au plus près de la beauté la plus naturelle qui soit. Le morceau qui, par son titre évocateur, pourrait même rappeler la Symphonie Pastorale, le roman d’André Gide, semble faire une proposition similaire : décrire le sublime de la nature grâce à la musique.

La fin de l’album se comporte comme si un verrou avait sauté, ou plutôt comme si un point de vue différent avait été trouvé. La géographie de Tourist restera la même, mais les approches pour l’étudier sont constituées de bien des nuances, lesquels réservent encore quelques surprises.

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A propos de François ARMAND

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