Joseph Schiano Di Lombo & Bonnie Banane – « L’Orguasme »

Certaines rencontres peuvent paraître improbables, mais en y regardant à deux fois, l’évidence s’impose. Par exemple, Joseph Schiano di Lombo et Bonnie Banane ne cessent jamais de surprendre, que ce soit par leur audace ou la singularité de leurs projets respectifs. L’un est déjà auteur de reprises improbables de variété française ou internationale (citons sa reprise de Mylène Farmer Sans Contrefaçon façon Debussy) ou encore d’un Album de Niche, peut-être son album blanc (pour canidés). Quant à Bonnie Banane, son goût de l’expérimentation pop bien sûr, mais aussi une expression artistique variée (avec des clips toujours aussi audacieux) font à présent partie du paysage pop français. La première collaboration entre ces deux-là ne pouvait donc être que déroutante.

En effet, cet Orguasme a tout de l’OVNI musical, le projet enthousiasme par sa désarmante sincérité. Qui peut aujourd’hui s’affranchir à ce point des carcans pour proposer une relecture polissonne de la musique modale époque Renaissance, sur fond d’orgue ? Sur le papier, le projet peut faire sourire, mais les deux artistes ont mis du coeur à l’ouvrage, avec sérieux et sincérité. Cela fait de cet Orguasme un projet à part, à la fois passionnant et léger.

En quelque sorte débarrassée de ses apprêts pop, l’orgue semble un écrin parfait pour la (les ?) voix multiples de Bonnie Banane (déjà entendues sur un registre à la fois éloigné et si proche dans son album Sexy Planet). Par ce cadre incongru, Banane joue avec l’auditeur sur un plan plus cérébral qu’à l’accoutumé. Sans nul doute, le ton tranche radicalement et devient jubilatoire de par son apparente solennité.

Si Schiano di Lombo a une obsession, ce serait de créer des passerelles – impossibles – entre une forme de culture populaire et une musique savante, voire sacrée. Pour cet Orguasme à quatre mains, quoi de mieux que ce mélange de dévotion extrême et de légereté pour célébrer l’amour charnel ? En profanant (au sens musical) ainsi un instrument d’église, le duo instaure une sorte de religion sexuelle. Le voici érigé sur l’autel du beau, celui qui tend vers les Cieux, tout en étant malicieusement érotique. Sous l’égide de ce couple musical, la bagatelle n’a jamais été aussi fêté dans toute sa noblesse. Loin d’une quelconque bestialité, il est question de sacraliser un rituel finalement pas si anodin à déguster comme un délicat verre de vin.

 

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A propos de François ARMAND

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