Deux ans après un dernier album studio, Jimmy Lavalle rechausse ses botines de sept lieux pour nous offrir (justement) sept nouvelles chansons réunies sur Forward/Return, le neuvième Ep. de The Album. Auteur d’une discographie déjà pléthorique (on rajoutera cinq albums à l’inventaire et ce en treize petites années d’activité), notre ami américain continue d’enfiler avec une bluffante continuité les perles musicales pour proposer au final sans doute la discographie la plus qualitativement dense du plateau actuel.
Nous avons affaire ici à des pièces majoritairement instrumentales de musique introspective, c’est le terme qui la résume au mieux. Une musique qui provoque une intimité quasi-immédiate, une musique qui s’éprouve pleinement, des pieds à la tête, pure sensation, comme une excroissance de soi. Il est presque impossible d’expliquer pourquoi une musique comme celle de « Descent » touche au plus profond, au-delà d’une éventuelle idée de beauté (notion à laquelle l’inaugural « Streched home » se rapporte d’ailleurs bien plus de même que ce « Low down » enluminé par un violon neigeux). Mais si LaValle triture ici programmations, synthés, claviers et guitare c’est comme toujours derrière un micro qu’il émerveille le plus, « Under the night » rejoint ainsi « Always for you » au panthéon de ce début de siècle. Au qualificatif d’introspectif il faut ajouter également celui de lancinant, chacune des mélodies développées ici est comme en équilibre plus ou moins instable, comme si l’on chancelait et dodelinait les yeux fermés sur sa chaise à l’écoute, du vrai beau travail de funambule de salon.
Si cette musique n’a que fort peu à voir avec le tagada-tsoin-tsoin on ne trouve ici pourtant nulle mélancolie poisseuse. Nous sommes certes en-dessous de la ligne de flottaison mais juste au bord de la surface, devinant même à travers la discrète écume le soleil qui luit au-dehors. The Album Leaf se rapproche assez de l’idée d’une mélancolie euphorisante, Forward/Return est un disque pommade, une posologie pour tous et pour chaque occasion, comme un couteau suisse musical, un aspirine universel.
A noter que Jimmy LaValle a composé la bande-originale du documentaire
Torey’s Distraction publiée à la toute fin du mois de septembre, émouvant voire bouleversant film à propos d’enfants nés avec le Syndrome d’Apert (le nom d’
Elephant Man vous dira sans doute quelque chose). Au menu de cette B.O des vignettes instrumentales désossées, épurées, minimalistes peut-être, on y plonge un peu plus profond cette fois, pour le moins, mais l’ensemble est toujours aussi beau.
The Album Leaf, un nom à cocher et une musique à découvrir, l’automne qui arrive en sera le parfait écrin.
Forward/Return en écoute sur deezer. Vous le trouverez sur Spotify également.
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