La suite de notre Abécédaire consacré au Hellfest 2022 avec les entrées N à Z

Un article rédigé par  Bruno Piszorowicz, Alexis Hunot, Benoit Platton, Emeric Cloche (photos), Jean-Christophe Senouque, Johannes Roger et Olivier Merly

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N comme « NELLIE THE ELEPHANT »

Cette chanson des Toy Dolls permet de mettre en valeur la qualité de leur prestation entre tenues excentriques, jeu de scène hilarant (mention à la guitare à trois manches ou bien celle tournant sur son axe) et surtout répertoire en béton. Un parfait concert de punk léger, enlevé et coloré alors que le soleil tapait comme jamais. Après plus de quarante ans de carrière, l’humour et l’entrain des Toys Dolls ont encore fait honneur au sourire qui leur sert de symbole !

 

P comme PUISSANT

Le concert de Mono accompagné du quartet de Jo Quail, violoncelliste oscillant avec grand plaisir entre différents styles musicaux, a été l’un des grands moments du premier week-end. Pas de grand discours et peu de fioritures mais de longs morceaux qui commencent tranquillement pour finir dans une apothéose sonore. Tout le corps est ici convoqué : Ça commence par les oreilles où les sons s’insinuent doucement, puis le cerveau finit par comprendre les boucles sonores mêlées aux mélodies, puis la tête qui petit à petit bouge de plus en plus, suivi par les bras. Et c’est là où la musique de Mono, comme celle d’Envy un peu plus tard sur la même scène, devient toute-puissante. David Cronenberg disait que « l’horreur était intérieure » (« Horror within ») … Avec Mono, et Envy c’est la musique qui est intérieure. Et on aime ça !

Mais aussi… P comme PERFORMANCE

Le métal est tellement large dans sa définition que les performances des groupes sont très diversifiées. Il y a les formations qui parlent beaucoup (surtout à la Warzone et sur les Mainstages), les groupes gratifiants leur public d’un « Thank you » entre chaque chanson, voire uniquement à la fin du concert (là on est dans la Valley et sous les tentes Temple et Altar), il y a les performances qui passent par les shows pyrotechniques, d’autres par un canard géant sur scène etc. il y a de tout donc… Et puis il y a certaines performances individuelles proprement passionnantes, d’autant que toujours intégrées au collectif qui usine tout à côté.

Celle de Mina Caputo, la diva de Life of Agony. Elle a un côté Barbara sur scène, aussi bien dans le côté très théâtral de ses déplacements que dans son rapport très fort avec son public, cette façon de vivre chaque chanson intensément, jouant avec son look tout le long du concert … Sublime !

Quel bonheur également qu’Envy ait retrouvé depuis 2018 son chanteur, Tetsuya Fukagawa, après ses deux ans de break ! Le groupe japonais qui fête ses 30 ans d’existence doit beaucoup à cette musique qui mélange scream et post-quelque chose à la puissance de ses trois guitaristes. Certes oui. Mais les performances de Tetsuya Fukagawa sont à chaque fois impressionnantes et proches de l’hypnose. On a pu avoir peur au début de cette nouvelle prestation au Hellfest car il ne semblait pas prêt avec quelques tentatives de démarrage qui s’arrêtaient rapidement … Heureusement la musique s’est ensuite mise en place et son chanteur aussi. Par son jeu de scène, chaque chanson devient alors comme une prière, les mains levés au ciel ou dans les enfers.

Ailleurs, la performance de Frank Carter & The Rattlesnakes a pu en agacer pas mal mais surtout en réjouir beaucoup. Difficile en tout cas de ne pas en parler car il est les deux à la fois … Une dynamique assez incroyable qui lui permet de se faire porter debout par le public tout en chantant (ce n’est pas le seul mais c’était assez impressionnant), d’haranguer la foule tout le temps pour lui faire faire Circle-pit sur Circle-pit, de nous raconter sa vie (il a ouvert un studio de tatouage au début de l’épidémie du Covid …) enfin bon c’est un excellent showman – peut-être trop dès fois c’est vrai mais ce genre de « performance » fait aussi du bien.

Autre caractère fort, la batteuse et chanteuse de Maximum The Hormone. La réalisation ne s’y trompait pas d’ailleurs en la cadrant plus que de raison durant la prestation du groupe sur une des Mainstages. On ne se lasse pas de son entrain, de sa joie de vivre et son plaisir d’être là avec nous à partager une musique inclassable qui passe en quelques secondes du hardcore au rock, du funk à la J-Pop (ou presque !).

Un mot enfin, un merci, à Candace Kucsulain de Walls of Jericho pour son énergie, pour sa voix … et pour le reste !

 

P comme PREMIERES FOIS

Quelques groupes découverts à l’occasion de cette édition 2022.

Lowrider pour commencer, des suédois adeptes de stoner et donc, comme tout groupe stoner qui se respecte, férus d’une basse saturée, ici la Rickenbaker du chanteur principal. Au final une prestation plus qu’agréable !

On s’y attendait un peu mais Leprous a délivré un set léger (tout est relatif), original (la voix !), classieux, varié, innovant et moderne qui a pu sans coup férir conquérir les corps et les cœurs du public des mainstages pourtant écrasé par un soleil de plomb. Un grand et bon moment.

High on Fire dans la Valley, trio très brutal qui nous a fait reculer de quelques mètres lors de ses premières mesures. Le groupe avait manifestement décidé que le public n’était pas assez assommé par le soleil et la chaleur et a donc mis la barre (et le son) très haut pour un set de heavy/stoner très (trop ?) énergique. Du très bon son… mais décidément too high !

Autre temps fort du côté de ces « premières fois », le concert des (pourtant) vétérans Pelican. Le post hardcore instrumental des américains reste difficilement classable avec son tempo plutôt lourd mais toujours mélodique. Sans chichi ni excès côté prestation scénique, le concert s’étira comme un seul et énorme morceau de près de 45 minutes, du pur bonheur !

Enfin la palme revint aux classieux Mastodon qui, quelques jours après un concert mémorable à la salle Pleyel de Paris, électrisa la Mainstage 2 et une partie du public restée à côté de sa jumelle première du nom après le concert mollasson de The Offspring. Avec quatre musiciens aussi talentueux que charismatique et une musique aussi puissante que riche de mille variations soniques (heavy, psyché, sludge, rock et même prog), Mastodon démarra pied au plancher, accéléra au milieu et finit pied au plancher. De quoi renforcer cette image de supergroupe en devenir, pour peu qu’un album un peu plus accessible trouve dans les années à venir le grand public rock/metal !

Mais aussi… P comme PRIMORDIAL

Il est toujours paradoxal de voir la musique des Irlandais de Primordial (un Black Metal très épique et très éloigné de ses cousins scandinaves) défendue par un frontman enthousiaste, courant d’un bout à l’autre de la scène, et entraînant le public à la manière d’un Bruce Dickinson maquillé et qui aurait troqué le pilotage d’avion de ligne pour le crachat de feu.

Quoi qu’il en soit, cela n’enlève rien à l’énergie emphatique et expressionniste du groupe et, pour peu qu’on apprécie la voix particulière d’Alan Averill, rien n’empêche de profiter pleinement d’un concert parfait. Autre style, autre ivresse, autre grand moment.

 

Q comme QUINZE

Quinze ans déjà que le Hellfest est là. Il y a certes des redites années après années, millésimes de festivals après millésimes de festivals mais il y a chaque année toujours un groupe pas encore vu (soit parce qu’il joua autrefois en même temps qu’un autre, soit parce que la fatigue, soit parce qu’autre chose) ou bien un groupe venu de nulle part à écouter, à découvrir, à savourer.

Espérons donc que Grave, The Darkness, Decapitated, Earth, Enslaved, Fractal Universe, Hallas, Hangman’s Chair, Igorrr, Katatonia, Michael Monroe, Myles Kennedy ou encore Solstafir reviennent vite !

Mais aussi… Q comme 42 (quarante-deux)

Soit le nombre de concerts (ou bouts de concert) vus par un de nos rédacteurs au fil des deux éditions. Comme quoi c’était bien LA réponse.

 

R comme REPRISES

Pratique de plus en plus courante semble-t-il, celle de rendre hommage à une influence et/ou de se faire plaisir à tâter de la reprise, qu’elle soit dédiée à un classique connu de tous ou bien des plus obscur. De quoi donner cette année encore au Hellfest des faux-airs de feu Black Sessions.

Nous aurons ainsi relevé au hasard de nos pérégrinations des reprises de « Blitzkrieg Bop » (Agnostic Front), « Helter Skelter » (Kadavar), « Bomber » (GBH), « TNT » (Dropkick Murphys), « Big Mouth Strikes Again » (Slapshot), « Hangover » (Alestrom), « Crazy Train » (Steel Panther), « Supernaut » (Ministry), « My Heart Will Go On » (Dragonforce) et enfin « Ace Of Spades » (Ugly Kid Joe). Série non exhaustive (le medley punk d’Anti-Flag).

On relèvera aussi les reprises par certains illustres ex-musiciens de titres phares de leur ancien groupe, Michael Schenker avec UFO, Doro avec Warlock, Abbath avec Immortal, Phil Campbell avec la Tête de Möteur, Nick Oliveri et son Stöner avec Kyuss ou encore le set intégral de Rudeboy autour de son passé au sein de Urban Dance Squad et, enfin, le grand Jerry Cantrell qui se décida à jouer  du Alice In Chains sur la majeure partie du set « au grand bonheur de tous et pour le plus grand plaisir de chacun » (sic).

N’oublions pas non plus les groupes de reprises comme Frog Leap ou encore Opium du Peuple qui passèrent au hachoir metal le meilleur (le pire ?) de la variété française.

Mais aussi… R comme ROTTING CHRIST

Puissant, hypnotique, spirituel, énergique, le concert des Rotting Christ fut le grand moment de cette édition 2022. Pourtant aujourd’hui très éloignée du Black Metal originel, la musique des Grecs, défendue par un groupe en très grande forme, reste assez mystique pour atteindre le public au plus profond, même dans un circle-pit endiablé (c’est le cas de le dire) et dans un Temple plus que grassement rempli. Un mot, un seul : parfait, un grand moment on vous dit.

S comme SHOW

Le show, le spectacle c’est une des fondations du Metal. Alors bien sûr il y a eu Kiss et Rammstein, il y a eu Venom et Mayehm, il y a eu Scorpions et Iron Maiden… Le feu d’artifice, le feu, les décorations, tout un univers s’est dessiné petit à petit et évolue sans cesse avec de nouvelles statues… et puis certains groupes réservent toute une scénographie avec des surprises (Seth !) et un décor flamboyant (Watain).

Mais aussi… S comme SOCIAL D

Social D pour Social Distortion bien sûr. Le groupe a fait son concert pépère sur la Warzone. Ce fut propre, ce fut bien joué avec de biens beaux soli de Mike Ness mais finalement bien peu d’échanges avec le public. Un mot enfin, un mot fleuri, pour les petits jeunes qui ont vu le concert tout à côté et qui s’en allèrent en plein milieu de la dernière chanson du set (la reprise de Johnny Cash et June Carte « Ring Of Fire ») en disant que c’était vraiment pourri. Des claques qui se perdent.

 

T comme TOP 3

Le Top 3 des concerts de cette année pour chacun de nos rédacteurs

  • Mastodon – Alcest – Metallica (Bruno)
  • Alcest – Envy – Killing Joke (Jean-Christophe)
  • Mono – Envy – Pelican (Alexis)
  • Alcest – Rotting Christ – Killing Joke (Benoit)
  • Jinjer – Korn – Primordial (Emeric)
  • Jinger – Opeth – Ghost (Olivier)

Jinjer

V comme VIEUX POTS

Comme chaque année, et l’âge aidant, la majorité de nos rédacteurs s’est focalisé sur les prestations de nos glorieux anciens, la patrie metal reconnaissante.

Du côté des très bons concerts, nous noterons ceux de Rudeboy (accompagné aux platines de DJ DNA) rendant hommage à son Urban Dance Squad, les thrashers funky de Mordred, les thrashers tout court de Flotsam & Jetsam et Xentrix, les agités new-yorkais de Life Of Agony ou encore, pour rester dans les groupes diurnes, les glorieux vétérans Pentagram ; MSG et UFO aux prestations assez jubilatoires.

Du côté des groupes mis en avant sur l’affiche, mention à Megadeth aux concerts époustouflants de classe et de maestria (on sait ce que ne fut pas toujours le gars du côté de mégaDave), aux Scorpions et surtout à un Alice Cooper en pleine forme malgré le poids des ans chaque jour plus présent. Un mot sur David Coverdale et la cuvée 2022 de son Whitesnake. Le grand David ne cache rien de ses carences vocales désormais définitives (des chœurs omniprésents notamment) mais il en profite pour magnifier son parcours et près de 50 ans de carrière avec une énergie et une bonhommie délicieuse. Hélas, l’interruption peu après ce concert Clissonnais de la tournée européenne pour raisons de santé obscurcit à rebours ce superbe et éclatant concert donné sous un ciel pourtant capricieux.

Du côté des déceptions, le set de Deep Purple pourrait s’y inclure (une légère lassitude nous saisit au 14ème solo de piano) mais la grâce du répertoire, le salut devant un aussi formidable parcours, le charisme de Roger Glover et les efforts de Ian Gillan nous en empêchent.

La vraie grande déception viendra finalement des Guns N’Roses, surpris en flagrant délit de cachetonnage jouant comme un fonctionnaire surpris en pleine RTT un répertoire jadis incandescent et devenu aujourd’hui (du moins ce soir-là) un aimable enchainement de tubes molassons. Dommage vraiment mais en même temps avec un Axl aussi peu concerné il était difficile pour Slash et Duff (et les autres, mouais les autres) de sauver ce qui pouvait l’être, c’est-à-dire à peu près tout.

Mais aussi… V comme VIKING METAL

Comme son nom peut l’indiquer, Helheim fait du Viking Metal. Un Viking Metal assez « old school » et proche du Bathory des origines. Une originalité toutefois : la présence de nombreux soli assez heavy, un peu comme si le guitariste voulait se faire plaisir une dernière fois alors que sa guitare se noyait sous les nombreuses vagues de guitare rythmique. Autre formation à drakkar, Skald. Une chanteuse méritante, mais pas la bonne (des problèmes de santé cela arrive, surtout en ce moment), des vikings mais français (des normands quoi), des instruments traditionnels, des hymnes médiévaux… ou presque (« voici la chanson que chantaient les vikings avant de prendre la mer », sérieux ?) pour au final une ambiance pour le moins originale.

X comme XIBALBA

Merci au groupe américain Xibalba mélangeant hardcore et death metal d’exister pour cet abécédaire. Ouf !

 

Y comme YOSHU FUKUSHU

Tel est le nom du dernier album des japonais de Maximum The Hormone. Un concert vraiment excellent autour d’une musique qui mêlent beaucoup d’influences entre funk hip hop et hardcore (pour résumer, pour simplifier aussi). La ravissante batteuse Nao fut encore une fois très impressionnante, surtout lorsqu’elle conservait son petit sourire alors qu’elle martyrisait ses fûts.

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