Album sorti en mai 2017 : Le modeste album.[1]

« Je ne veux plus ambitionner les choses, juste les faire, tuer le temps. »[2]

Il existe un lieu où se réfugier pour s’affranchir de la violence du monde. Dans ce lieu l’amour peut être un bain de minuit et si la vie te sourit alors prie pour moi car je ne te reconnais pas. Alors seulement l’amour peut être.

« Salut, je ne te reconnais pas mais je vois bien oui, que toi, oui. »

En 1985 « Ricky ou la belle vie[3] » est diffusé en français dans l’émission Croque Vacances, avant d’être repris par le Club Dorothée en 1990. Ricky, l’enfant d’un milliardaire créateur de jouets, qui refuse d’aller à l’école militaire dans laquelle sa mère veut l’envoyer. Les parents étant divorcés, le jeune homme part se réfugier chez son père et la nouvelle vie de Ricky peut commencer….

Ricky Hollywood, de son vrai nom Stéphane Bellity, n’a gardé de cette référence que la substance éthérée d’un rêve d’enfance perdue dans un archipel imaginaire.

Après deux EP et un album d’inédits et de ressorties, Ricky Hollywood livre donc ce qui peut être considéré comme son premier album.

« Je t’invite à monter dans l’arche de nudité que je t’ai fabriquée. »[4]

Il faut en effet quitter tous nos habits encombrants qui cherchent à nous donner une épaisseur là où nous manquons simplement de profondeur. La profondeur c’est simple, c’est une émotion, seule mère porteuse des sentiments. Musique presque œcuménique, qui rassemble les courants divers de cette chapelle[5] pour en transcender les différences. Et pourtant, c’est vrai, un jour un air de musique, par une voix ou quelques instruments, vient se blottir dans notre cerveau comme un fœtus pour donner naissance à un autre monde. Un monde dans lequel le rythme et la mélodie ne porte qu’à une seule chose. L’amour.

Il se raconte une belle histoire sur la naissance de Stéphane Bellity. Celle-ci aurait eu lieu dans une maternité « new-age » au son du morceau de Jean-Michel Jarre, Oxygène. L’oxygène, oui. Cette substance vitale de plus en plus rare car trop facilement polluée. Chacun des morceaux de l’album en est une bulle, intubée pour ramener l’innée de la naissance, cette innocence perdue, à ce modeste instant. Naître.

Chaque morceau de l’album est le générique du renouveau espéré impossible. Ricky Hollywood donne naissance avec sa musique à un sentiment unique : la nostalgie de « l’à venir. »


Interview

Vasken Koutoudjian : C’est quoi cette histoire de maternité où tu aurais vu le jour sur du jean Michel Jarre ?

Ricky Hollywood : C’est l’histoire de ma naissance à la clinique des Lilas, naissance sans violence avec un environnement feng shui, lumière tamisée, musique cosmique, il se trouve que c’était Oxygène de Jean-Michel qui passait au moment de ma naissance donc probablement mon premier souvenir auditif…je l’ai rencontré il y a peu et lui ai raconté, on était très émus tous les deux, je crois.

VK : « La musique a le pouvoir d’exulter les corps » tu dis dans une interview…comment ?

RH : J’ai l’impression qu’elle peut reconnecter avec le corps oui, quand on kiffe une musique, une chanson, le corps l’exprime illico, du petit frisson subtil à la danse la plus extatique.

VK : Est-ce que du coup le musicien peut contrôler le corps et donc l’esprit ?

RH : Oui c’est une sorte de manitou, quand il est bon.

VK : Le contrôle que tu exercerais serait dans quel but ?

RH : Je parlerais plus d’interaction, car interagir c’est se sentir vivre, donner du sens à notre présence au monde; c’est aussi une tentative désespérée pour oublier la mort ou en tout cas réconcilier l’altérité avec soi pour n’appartenir qu’à l’instant; ni au passé, ni au futur….pfiuu

VK : Quels sont les outils électroniques que tu utilises le plus pour ta musique ? (hardware, logiciel, instruments….) et comment ?

RH : J’ai fait l’acquisition d’un OP1 il y a quelques mois et je l’utilise beaucoup, une machine très malléable et qui génère du bel aléatoire. Après je travaille plutôt avec Ableton, des plugs en tout genre, des synthés qu’on me prête, et souvent des amis talentueux de passage.

VK : Qu’est ce qui fait que quelque chose est beau à tes yeux ?

RH : j’imagine que c’est quelque chose qui fait écho en moi, à quoi je ne sais pas toujours… . En tout ça il y a l’idée d’excitation, physique autant que cérébral d’ailleurs. Parfois j’ai juste envie de dire « c’est beau » par volonté de créer du beau par opposition à un environnement qui serait trop nul et moche. En fait le beau c’est surement une question de contexte.

VK : Comment as-tu commencé la musique et dans quel environnement intérieur comme extérieur ? (profession des parents, frères et sœurs, études….)

RH : J’ai commencé en enregistrant au magnéto K7 seul ou avec des copains ou bien ma sœur, c’était le truc le plus cheap pour imprimer des moments en fait. Je faisais beaucoup de mashup un peu plus tard avec le doubleK7 Yeah. Puis le rap est venu, j’avais un group Shock Mc vers mes quatorze ans puis mon père a débarqué un jour avec une batterie (une Linko blanche pour les connaisseurs) et là je n’ai plus eu le choix. Mon père est percussionniste amateur, pianiste freestyle et très mélomane, il m’a transmis beaucoup, sans de réelles volontés conscientes de le faire d’ailleurs. Juste il nous réveillait avec du King Crimson à fond les ballons à 6h30 du mat’. Ensuite j’étais foutu, je passais ma journée en classe à penser à la musique.

VK : Où vas-tu chercher tes influences et ce qui fait ta sonorité ?

RH : C’est un processus inconscient qu’on ne veut pas forcément énoncer pour garder du mystère pour soi-même et pour les autres, après si tu me pousses, je peux t’écrire des tartines là-dessus mais ça risque d’être fastidieux. France Gall vient de partir, j’ai beaucoup écouté sa période yéyé, pour moi la qualité de l’écriture musicale et textuelle est exceptionnelle et pourtant très simple d’apparence. C’est de la pure pop, une musique ouvragée accessible à un large public et qui se fout vraiment pas de la gueule des gens.Et France Gall incarnait parfaitement tout ça. Je ne veux pas penser qu’elle était dépossédée, si ça fonctionnait c’est que c’était un tout.

VK : Quelle trace veux-tu laisser avec ta musique ?

RH : Cette question me déprime.

VK : Tes premiers pas en publique, un souvenir pour rappeler ce moment ?

RH : A la MJC de mon bahut à Poitiers entre midi et 2, auréolé de stress sous les bras, avec les Shock Mc, je suis sûr qu’il y a de savoureuses anecdotes mais je n’ai pas de mémoire.

VK : Les projets à venir en termes d’albums, de concert ou de circumnavigation ?

RH : C’est quoi circumnavigation ? Attends je regarde sur google….

Ben là j’ai un mois un peu tranquille devant moi, alors je voudrais essayer de vite terminer quatre, cinq morceaux que j’ai entrepris et les sortir rapidos, sous forme d’un EP surement. Comme écrire c’est un truc qui me prends des années en temps normal, j’essaie de travailler avec quelqu’un, « Flop des Disques Bien », il est très prolixe et je pense qu’il a une bonne compréhension de là où je veux en venir (même quand je ne sais pas moi-même), on va voir ce que ça donne.

Ensuite à partir de mars je commence une série de première partie de Juliette Armanet et ça c’est chouette.

VK : La chanson « Le musicien » cynisme, autodérision, pamphlet, autobiographie ?

RH : Carrément la vérité.

VK : Comment travailles-tu la mélodie et le texte ?

RH : Mélodie en yaourt puis texte quand ça vient mais c’est laborieux tout comme ça peut être, les jours bénis, l’affaire de 10 minutes.

VK : C’est quoi un artiste ?

RH : Celui/celle qui décide d’en être un/une

VK : Si tu ne faisais pas de musique, tu ferais quoi ?

RH : Je lirais des bd et serais acteur, pas porno (quoique)

VK : Comment aimerais-tu qu’on parle de toi dans 30 ans ? Quel souvenir tu veux laisser dans l’esprit du public ?

RH : Je ne veux plus ambitionner les choses, juste les faire, tuer le temps.

VK : La question qu’on ne t’a jamais posée et que tu rêves qu’on te pose ?

RH : Précisément celle-ci haha…..


Plus :

Albums : https://rickyhollywood.bandcamp.com/

Titres : https://soundcloud.com/ricky-hollywood

Contact : https://www.facebook.com/Ricky-Hollywood-175205342533873/


[1] https://rickyhollywood.bandcamp.com/

[2] A lire dans l’interview qui suit…

[3] https://www.youtube.com/watch?v=rs5-ZwxNSV0 et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ricky_ou_la_Belle_Vie

[4] In Le bain de minuit, Le modeste album

[5] La musique étant donnée ici comme chapelle.

© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).

A propos de Vasken Koutoudjian

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.