Piero Vivarelli – « Satanik (1968) » (Artus)

Décidément, on peut toujours compter sur les excellentes éditions Artus pour nous faire découvrir des pans méconnus du cinéma populaire et d’exploitation européen. Après les classiques de l’épouvante gothique, de la « nazisploitation », du western italien, voilà que débute une collection vouée au « ciné-fumetti ». Sous le nom de « fumetti » (petites fumées), on désigne les bandes dessinées italiennes éditées sous forme de fascicules et vendues dans les kiosques.
Très populaires, ces « fumetti » vont donner lieu à un certain nombre d’adaptations cinématographiques dont la plus célèbre reste le Danger : Diabolik de Mario Bava. J’avoue humblement ne pas être un spécialiste du genre (c’est un doux euphémisme) mais notons qu’Umberto Lenzi réalisera aussi une adaptation d’un « fumetto » (Kriminal) et que le DVD est agrémenté d’un excellent bonus où l’érudit Eric Peretti revient en long et en large sur les « génies criminels » à l’écran en s’attardant longuement sur les héros des « fumetti » qui possèdent souvent la caractéristique d’être des génies du mal.
Perreti distingue très bien deux tendances qui vont s’affronter à travers l’exemple des adaptations de Fantomas (qui, pour le coup, n’a rien à voir avec la BD italienne!) : une tendance très sombre (Louis Feuillade) où l’accent est mis sur les actions criminelles d’un héros qui se joue de la police et de la société bourgeoise et une tendance plus parodique (André Hunebelle) où l’accent est mis sur les gadgets et l’humour. Alors que les « fumetti » sont, dans leurs versions papier, assez sombres et cruels (je crois sur parole Peretti!), le cinéma va davantage opter pour une vision plus parodique et « pop » où se lit l’influence des premiers James Bond (puisque l’agent 007 est souvent confronté à des génies du mal et que, lui-même, n’est pas un personnage tout blanc).
C’est d’ailleurs ce qui m’avait, dans mon souvenir, un peu ennuyé dans le film de Mario Bava : une réalisation parfaite, des décors « pop » excellents mais un univers qui, finalement, ne me touchait pas (je préfère les films plus sombres du maestro).
Avec Satanik, Piero Vivarelli signe un film beaucoup moins fortuné et dont la construction dramatique laisse parfois un peu à désirer. Néanmoins, si l’on accepte les conventions du genre et les nombreuses invraisemblances qu’elles drainent (la potion qui fait rajeunir l’héroïne possède également la vertu de lui transformer sa garde-robe!) ; l’œuvre est très plaisante.
D’abord car elle évacue la dimension parodique et nous propose un joli personnage de « méchante » qui n’hésite pas à fracasser le crâne d’un homme avec un gourdin. D’autre part, que « Satanik » soit une femme n’est pas pour rien dans le plaisir qu’on peut prendre à ce récit rocambolesque.
L’argument de départ relève du fantastique et évoque une lointaine variation autour du mythe de Dr Jekyll et Mr Hyde. Le docteur Marnie Bannister est une femme âgée et défigurée. Un professeur fait des recherches sur la régénération des cellules et le secret de la jeunesse éternelle. Après avoir subtilisé la « potion magique », Marnie élimine le scientifique et se transforme en plantureuse sex-symbol avide d’argent après avoir avalé le précieux breuvage…
Comme le film de Mario Bava, Satanik est un film « pop » où les tenues improbables aux couleurs acidulées sont de rigueur. Inutile de dire que l’intérêt du film vient, outre son ancrage dans son époque, du charme ravageur de Magda Konopka. L’actrice et modèle incarne à merveille cette femme aux visages multiples : criminelle, vamp, femme fatale, arnaqueuse… Affublée des mini-robes les plus extravagantes, elle parvient à composer un vrai personnage de « méchant » sans que le cinéaste l’entache de second degré.
Sans être un chef-d’œuvre, le film dispose de suffisamment d’ingrédients (action, charme, mystère…) pour s’avérer plaisant et très agréable à suivre…
Satanik (1968) de Piero Vivarelli avec Magda Konopka (Editions Artus Films) Sortie le 1er avril 2014

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A propos de Vincent ROUSSEL

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