Dernier film tourné en Ukraine avant l’éclatement de la guerre, SHTTL, premier long-métrage du français Ady Walter, est actuellement visible au cinéma. 

Copyright Urban Distribution

En juin 1941, à la veille de l’invasion de l’Ukraine soviétique par les nazis, le jeune idéaliste Mendele se rend dans son shtetl (village juif) natal, où sa présence attise les tensions au sein d’une communauté déjà tiraillée entre ses traditions et la nécessité d’évoluer.

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Tourné et monté sous la forme d’une succession de plans longs et chorégraphiés – formant, une fois raccordés, un faux plan-séquence donnant quasi-constamment l’illusion de se dérouler en temps réel – le film s’articule, dans sa narration et sa mise en scène, autour des notions de dualité et surtout d’opposition ; opposition entre l’URSS et l’Allemagne nazie, entre le village et la ville, entre Mendele et l’ensemble des adversaires qu’il croise, entre le noir-et-blanc dans lequel se déroule la majorité des scènes et la couleur réservée aux flash-backs (soulignant l’insouciance de ces moments révolus), entre traditionalisme – notamment sur la question religieuse – et désir de modernité (cette idée s’incarnant notamment dans le fait que Mendele a quitté son village afin de devenir cinéaste, quitte à être accusé d’hérésie par certains), mais également entre le cours naturel des choses et leur bouleversement. 

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SHTTL fait en effet se rejoindre, sur ce sujet, la grande et la petite histoire, le retour de Mendele dans son village étant motivé par le désir de forcer son destin – ainsi que le spectateur le découvre dans la très impressionnante dernière partie du film – tandis que l’avenir de sa communauté, en apparence tout tracé, dépend en réalité d’une menace que nul ne voit poindre à l’horizon…

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Première oeuvre témoignant d’un sens certain du cadre et de la narration, SHTTL immerge ainsi son spectateur dans une reconstitution léchée et le mène, ainsi que son protagoniste, à travers ce microcosme parasité par le manque de cohésion et fragilisé de plus en plus sévèrement par l’évolution du monde qui l’entoure – soulignant autant la difficulté ordinaire de se faire comprendre que les horreurs qu’implique inévitablement la guerre.

Récit poignant d’une tragédie historique à la résonance plus actuelle que jamais, SHTTL s’impose comme un geste formel et dramaturgique fort. 

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