Ressortie de trois films majeurs de Bo Widerberg le 29 janvier

Si Bo Widerberg n’est pas aussi connu que Bergman il n’en demeure pas moins un cinéaste suédois majeur, lié à une nouvelle vague dans laquelle s’illustrèrent également des réalisateurs comme Mai Zetterling, Vilgot Sjöman, moins préoccupés par le questionnement métaphysique que par la réalité sociale et politique de l’époque. Prime alors le souci de coller aux attentes de leur époque, dans la recherche d’un cinéma contemporain, fidèle aux aspirations du présent. Si l’on peut qualifier Widerberg de cinéaste engagé, son cinéma frappe également par une forme de lyrisme romantique et humaniste.

Egalement écrivain et critique, avant de passer à la réalisation, il était notamment l’auteur de Regards sur le cinéma suédois dans lequel il s’attaquait à toute la dimension élitiste de ce dernier. Il n’allait pas tarder à passer à l’acte en appliquant ses théories. Il fait partie des cinéastes nordiques (avec Sjöman, justement, cf nos critiques de Je suis curieuse ou de Ma soeur, mon amour) que les éditions Malavida depuis quelques années tentent de faire redécouvrir au public français d’abord en dvd et maintenant  – excellente initiative– en salles.
Trois films majeurs sont donc présentés à commencer par son premier Le péché suédois (1963) qui pourrait presque constituer une réponse au Monika de Bergman, dans son évocation de l’histoire de la jeunesse, de l’amour et du couple, la maternité, mais il l’ancre dans la réalité sociale et l’idée d’un fossé entre les classes. Très inspirée dans la forme par ses modèles (Godard, Cassavetes), c’est une première œuvre belle et délicate dans laquelle on suit avec émotion le parcours de son héroïne ouvrière encore portée par l’espoir et l’idéal.

 

Que dire d’Elvira Madigan (1967) sinon qu’il reste l’un des plus beaux films d’amour jamais tournés, avec sa photo ouatée dont l’étrange douceur travestit une cruauté sous-jacente. Si l’on devait rapprocher d’un autre film ce flou rêveur où la séduction esthétique finit insidieusement par laisser passer un sentiment à la fois triste et anxiogène, ce serait sans doute de Pique-Nique à Hanging Rock de Peter Weir : même mouvement d’étoffes, même lumières ensoleillées, même façon de capter les sentiments, les sourires radieux, la pureté et d’y déceler déjà la tragédie qui couve. Inexorable destin que celui de ces deux âmes inadaptées à la dureté du monde. Avec le rouge de ses fleurs contrastant avec le blanc de ses robes, avec les notes du concerto n°21 de Mozart, avec l’inoubliable visage de Pia Degermark, les aventures d’Elvira Madigan, la jolie funambule s’enfuyant avec son déserteur, constituent une forme de modèle de film romantique.

Ådalen 31 (1969) fait également partie des œuvres les plus connues de Widerberg, et les plus significatives de son Art. Elle s’inspire d’une grève des dockers ayant eu lieu en 1931 à Ådalen, mais lui ajoute – c’est assez récurrent dans son œuvre – une histoire d’amour rendue impossible par les appartenance aux classes qui séparent les deux protagonistes : la fille du directeur de l’usine et le fils d’un docker. Dotée de magnifiques couleurs qui font directement écho à celles d’Elvira Madigan, Ådalen 31  est une très belle œuvre caractéristique de la capacité du cinéma de Widerberg à entremêler sens de l’engagement, formalisme (on est dans un naturalisme presque onirique) et sentimentalisme indestructible.

 

Le festival “Premiers plans” d’Angers lui consacre actuellement un hommage (jusqu’au 26 janvier) en la présence de sa fille et actrice, Nina (la petite fille d’Elvira Madigan, c’est elle), ainsi que du critique Mårten Blomkvist.
Les films ressortent en copies restaurées le 29 janvier.  

 

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A propos de Olivier ROSSIGNOT

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