La Route Du Rock 2018 – Survivance POP

Prendre en compte l’environnement économique des festivals tout en mélangeant l’exigence et la cohérence pour parfaire une transmission est une mission assez fragile, mais possible. Depuis 28 ans, le festival de référence de la Pop et de ses accointances électroniques et Kraut-Punk revient du 16 au 19 août avec toujours le kif de mélanger savoir-faire et découverte qui resteront dans les mémoires des festivaliers.

Dans la caution musiques électroniques, l’économie de moyen de John Maus rencontrera la création futuriste de Nils Frahm, sans oublier la créatrice du label Bpitch Ellen Allien et celle du label Minimal Wave, Veronica VasickaThe Black Madonna pour la Disco-House. La magie du clair-obscur avec les couleurs vives de l’Electronica et de la House. Et dans la Pop, l’esprit 60’s de The Liminanas répondra avec le psychédélisme bien barré de Ariel Pink & King Tuff.

Ariel Pink

C’est surement la première fois qu’il y a autant d’artistes Français (cela fait longtemps en tous les cas) avec la venue de Charlotte Gainsbourg, qui avec l’aide de SebastiAn et des musiciens comme Emile Sornin (Forever Pavot qui sera aussi présent) et Vincent Taeger, a réalisé avec Rest l’album le plus étonnant de sa carrière, aussi fluide et fin qu’une BO de film Français des 70’s. Etienne Daho sera de la partie aussi, avec une moitié de son exposition à la Tour Bidouane (remparts de St-Malo), en photos de l’auteur lui-même, sur une certaine idée de la Pop Française, et aussi sur scène. Le Villejuif Underground donnera de la bonne cagette Garage Made In Born Bad tandis que Marc Melia jouera sur la plage, tout en souplesse et atmosphère ouatée.

Et, important de le signaler, afin de ne pas vous perdre, que La Route Du Rock c’est quatre endroits :

  • Le fort St-Père (le lieu historique du festival), sur les terres au sud de St-Malo.
  • La Plage du Bon Secours (ici sous le nom de la plage Arte Concerts).
  • La scène des remparts (en face de la grande scène, il y a qu’à faire un 90° et hop).
  • L’introduction du festival à la salle de La Nouvelle Vague à St-Malo.

Rencontre avec François Floret, directeur du festival. C’est une des grandes mémoire du festival depuis sa création en 1991 et aussi une personne intègre ne cédant jamais à la facilité.

La Route Du Rock, est-ce que c’est dans un sens transmettre une certaine modestie de la Culture Indépendante, anti Bigger Than Better, alors que l’esprit Indie-Rock à diablement changé dans les années 2010 ?

Oui, j’aime bien cette idée. La question est pertinente parce-que souvent, on peut avoir à l’image d’être un milieu pédant, snob. C’est la première foi qu’on me pose la question, j’ai jamais eu de débat dessus, et franchement, tu as tapé dans le mille parce-que je ne supporte pas l’image que certains pourrait nous donner, d’être un festival hype, branché ou c’est The Place To Be. Bien entendu nous sommes boulimiques de rock indé, de découvertes, mais ça nous empêche pas d’être hyper modeste. On n’a jamais dit qu’on était le meilleur festival du monde. Le Route Du Rock, c’est beaucoup de modestie et de sincérité, c’est une passion. Je fais souvent un comparatif ou quand j’étais adolescent, et que je voulais faire plaisir à ma famille, à mes potes, à ma copine, je réalisais une compilation sur K7 avec les morceaux que j’adorais. Pour moi, c’était le cadeau ultime. Et la Route Du Rock, c’est un peu ça, sauf qu’on remplace la K7 par du live. C’est toujours un plaisir de partager mes découvertes, mes émotions avec Alban (le programmateur) et j’ai envie de les partager, d’en faire cadeau aux gens. C’est une histoire de partage en clair.

Dans les années 90, l’indie-Pop avec Beck, le label Sub Pop avait une certaine forme de coolitude, tout en étant Outsider. Et parfois on entendait cela en radio. Et cela s’est transformé vers 2008 vers un jargon marketing. Le label Indie-Rock, sans saveur.

C’est exactement cela. Depuis plusieurs années, c’est le “tout rebel”, dans les pubs. L’imagerie c’est d’être différent. Pour nous, l’idée d’indépendance qui tient corps depuis 1991, et même avant, s’est un peu dilué, dévalorisé. Et en même temps, tu parlais de ces morceaux à la radio, et ce que je remarque depuis des années, et c’est mes enfants qui en ont marre parce-que à chaque fois qu’il y a une pub, ils disent “Tiens, ça, c’est passé à la RdR”, c’est totalement dingue comment nos musiques indépendantes sont rentrées dans le quotidien des gens, sans qu’ils le sachent (exemple avec Blablacar qui utilise un morceau de Sigur Ros). Je pense que ce sont des gens de ma génération qui sont dans le placement des musiques dans le cinéma, la pub, et c’est assez troublant. Après on peux rentrer sur un autre débat si c’est utile qu’un artiste vende son âme pour une publicité … la-dessus, je m’en fous totalement.

C’est quoi la ligne directrice du festival cette année ?

On déroge pas trop à la ligne habituelle. Peut-être un peu moins Garage que l’année dernière, mais on retrouvera autant de l’Electro avec Ellen Allien ; du psychédélisme avec Follakzoid, groupe assez dingue,  des têtes d’affiches comme Patti Smith, Etienne Daho … les furieux de John Maus & Ariel Pink,  Superorganism …

 

D’ailleurs, faire venir Patti Smith à était une chose simple ou pas ?

Elle fait partie des artistes qu’on essaie d’avoir tout les ans, et il faut attendre que les astres s’alignent (dispo ; exigence financière). C’est cool et c’est un bon challenge de l’avoir. En plus elle présentera avant son concert de samedi soir son long-métrage Horses en exclu mondiale au cinéma Le Vauban 2. Le film revient sur les morceau de son album culte et  reprend des extraits de deux concerts aux Etats-Unis. Pour l’anecdote, c’est elle-même qui a demandé de faire sauter les droits qu’Apple possède pour le diffuser uniquement dans notre festival.

Les deux dernières fins de soirées seront tenues par des femmes, créatrices de label, racontant chacune une histoire de la contre-culture de la Dance music. J’ai l’impression que la parité fait partie intégrante des musique électroniques, plus que dans d’autres styles, est-ce ton avis ?

Je pense que c’est naturel dans ce style. Les femmes sont aussi excitées que les hommes d’être derrière les platines/machines et de faire danser les gens. Je ne sais pas si c’est un vrai débat en fait.

La culture a une drôle de couleur en ce moment. Entre les questionnement sur l’augmentation des coûts de sécurité et l’uniformisation des festivals et de l’attrait purement artistique, est-ce que le juste milieu se perd au profit d’une division entre une classe moyenne qui s’appauvrit de plus en plus et les plus riches ?

Il y a quand même une spécificité Française qui fait  qu’il y a davantage d’obstacle pour les grandes sociétés, fonds de pension Américains ou autres qui commencent à truster les festivals. Il y la Ministre de la Culture et des structures comme le CNV (centre national de la chanson de variété et du jazz), des obligations de licence etc. Malgré tout, je pense qu’il y a globalement un danger si jamais certains grands groupes venaient à tout écraser en détenant un monopole. Cela peut entraîner un contrôle de beaucoup de réseaux de la musique (Diffusion, concert, billetterie). Il y a une culture Française “de la révolte” si jamais ça va trop loin J’ai confiance à nos institutions, et à nos acteurs. On tient la barre.


Le saviez-vous : Depuis 2004, le logo du festival développe l’idée que l’enregistrement sur K7 dans les années 80 tué la musique. The Black Madonna, qui joue en DJ-Set dans la soirée de clôture dimanche 19 août a sorti en 2012 et 2013 deux maxis sur un label Electro portant le nom de … Hometaping is killing music. Deux parallèles pour une même rencontre

 


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(crédits photos : site officiel Route du Rock)

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A propos de Bastien Remion

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