« Edgar Poe, histoires extraordinaires » – Du 16 octobre 2019 au 5 novembre 2019 à la Cinémathèque de Toulouse

Si Edgar Allan Poe incarne à lui seul la quintessence littéraire de l’esprit gothique, ce n’est sans doute pas pour cette raison que le cinéma s’est emparé de ses œuvres, qui rappelons-le ont été traduites en France par Charles Baudelaire. Mondialement connus, étudiés au collège, lycée, à l’université, les écrits de Poe ne sont pourtant pas tant lus que ça, son nom étant plus célèbre que les œuvres elles-mêmes. Car si l’on se plonge dans l’univers sombre et désenchanté de l’auteur du Chat noir, l’une de ses plus célèbres nouvelles, il est évident que le style poétique laisse un champ des possibles très ouvert à la matière cinématographique. Les nouvelles -essentiellement – de Poe fonctionnent comme des songes, des cauchemars fuyant souvent la narration classique. Les scénaristes ont pu à leur guise adapter l’univers de l’écrivain américain en se permettant toutes les infidélités et digressions possibles, essayant en revanche d’en retrouver l’essence gothique.

Les histoires extraordinaires de Poe seront à l’honneur du 16 octobre au 5 novembre à la Cinémathèque de Toulouse pour une rétrospective centrée sur les adaptations cinématographiques. Cette manifestation peut paraitre incomplète et non exhaustive mais elle permet néanmoins de découvrir des films oubliés du patrimoine mais aussi du petit écran avec des adaptations télévisuelles à réhabiliter, notamment Le scarabée d’or (1981) avec Maurice Ronet, issue de la série Histoires extraordinaires, qui ouvre ce cycle indispensable.

La suite, articulée autour de tables rondes et journées d’études, offre un panel varié et passionnant de films pour la plupart lointainement inspirés des récits macabres imaginés par l’un des grands poètes du continent américain du XIXème siècle.

Parmi les classiques incontournables, sortis en plein âge d’or du cinéma fantastique des années 30, on trouve Double assassinat dans la rue morgue de Robert Florey et surtout Le chat noir d’Edgar G. Ulmer sans doute la plus folle et inventive réinterprétation de la nouvelle, loin devant celle pourtant amusante de Dario Argento pour son segment de Deux yeux maléfiques, figurant parmi la sélection des films diffusés.

Evidemment, la programmation ne pouvait pas passer sous silence les séries B imaginées par Roger Corman, cinéaste alors en pleine possession de ses moyens, qui a prouvé en l’espace de 8 films, plastiquement sublimes, toute l’étendue de son talent.  Le corbeau, La chute de la maison Usher, La chambre des tortures et Le masque de la mort rouge, tous interprétés par l’immense Vincent Price, sont à l’honneur de cette riche initiative.

Certains regretteront l’absence de cinéma muet, à travers notamment le chef d’œuvre d’Epstein, La chute de la maison Usher, mais, au vu des nombreuses adaptations de Edgar Allan Poe qui s’élèvent à 375 selon IMDB, les choix des Toulousains s’avèrent pertinents. Et plaisir éminemment personnel, la diffusion de Danse macabre justifie à elle seule cette rétrospective.

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Relecture officieuse d’un de ses poèmes, Danse macabre offre pour réjouissance la présence de l’écrivain interprété par Silvano Tranquilli.  Au début du film, Poe évoque qu’il n’y a rien de plus vrai que « la beauté de la mort ». Antonio Margheriti reprend littéralement la formule, véritable leitmotiv d’un film secret et tourmenté, l’un des plus beaux de la vague gothique italienne qui dura moins d’une décennie. Enfin, le film à sketches Histoires extraordinaires réalisé par Roger Vadim, Louis Malle et surtout Federico Fellini qui signe le plus bel épisode (Toby Dammit ou Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable) achève de rendre indispensable cette plongée au cœur de l’univers d’un des grands auteurs de la littérature, projet singulier initié par Frank Lubet responsable de la programmation de la cinémathèque de Toulouse, en partenariat avec La Cave Poésie.

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