Dans la Géorgie des années 2020, le jeune Sandro voit son père tout quitter pour devenir moine. Tourmenté par son désir naissant, perméable aux discours d’extrême-droite et malmené par une éducation religieuse rigoriste, l’adolescent commence alors à chercher sa place dans une société elle-même tiraillée entre pulsion réactionnaire et désir de liberté. 

© Les Alchimistes

Immersion au coeur d’une Géorgie portant encore les stigmates du post-soviétisme (architecture dystopique, situation politico-économique épineuse, xénophobie et violence montantes, population prise entre modernisation et obscurantisme religieux) Panopticon – dont le titre fait directement référence au modèle d’architecture carcérale dit panoptique – excelle d’abord dans sa représentation de l’enfermement, servie par une photographie des plus léchées. Le spectateur y découvre ainsi un monde fait de labyrinthes urbains grisâtres, d’appartements ternes, de cellules monastiques et même, lorsque le personnage de Sandro s’aventure hors de la ville, de barrières séparant les êtres. 

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Forcé d’évoluer dans cette atmosphère figurant en permanence le spectre de l’URSS tandis que son ami le plus proche l’entraîne sur la pente du nationalisme et que son père lui assure que Dieu le surveille constamment, le personnage de Sandro s’illustre avant tout par son manque de repères et ses contradictions. Aveuglé par ses préjugés, attiré naturellement par les femmes mais incapable de les comprendre – alors même que celles qui l’entourent s’avèrent clairement plus ancrées dans la réalité que les modèles masculins sur lesquels il préfère s’appuyer – cet adolescent en quête de sens se révèle ainsi profondément touchant tant la souffrance que lui causent ses mauvais choix est palpable et rend encore plus émouvants ses efforts, aussi maladroits soient-ils, pour arriver à penser par lui-même et enfin trouver sa place. 

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Éprouvante, cette quête met en lumière le pire et le meilleur de son être mais aussi ceux de la société géorgienne, certes en proie à la montée de la violence mais où demeure l’espoir progressiste. Dans Panopticon, cet espoir s’incarne dans l’ensemble des figures féminines (altruistes, ouvertes d’esprit, laïques, amatrices d’art…) que Sandro devra apprendre à comprendre et à connaître. Qu’il s’agisse de sa grand-mère athée, de sa mère expatriée – hommage assumé du réalisateur aux générations de géorgiennes ayant dû quitter leur pays pour subvenir aux besoins de leur famille après la chute du Bloc de l’est – de jeunes femmes de son âge ou d’une amie plus inattendue, ces personnages, non contents de structurer le récit, guident autant Sandro que le spectateur, assurant non seulement la cohérence du film, mais aussi ses respirations et par-dessus tout ses séquences les plus poétiques. 

Premier long-métrage virtuose du réalisateur et professeur de cinéma géorgien-américain George Sikharulidze, Panopticon offre une plongée vertigineuse dans la vie d’un adolescent géorgien tentant de comprendre le monde qui l’entoure…

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