Stephen Dunn – « Closet Monster »

À la séparation de ses parents, Oscar reçoit en cadeau un hamster dont la présence singulière va l’accompagner jusqu’à l’âge adulte. Avant de s’endormir et afin de trouver le sommeil, il demande à son père de lui raconter le prétexte d’un rêve, aventure fantastique aux allures de cauchemar venant nourrir son imaginaire.

Mêlant les codes du récit initiatique et du teen-movie, reprenant à son compte et presque sans recul les clichés que ces deux genres véhiculent, Closet Monster assume son parti pris avec une fraîcheur dont la naïveté renforce le propos. Si l’aventure semble balisée, la démarche de Stephen Dunn permet à chacun de s’identifier au caractère contrasté du jeune homme de dix-huit qu’Oscar devient bientôt, tour à tour taiseux, frondeur, fantasque ou amoureux. Loin d’être le propos central du film, son homosexualité constitue l’une des parts d’une personnalité qui compose avec les traumas de l’enfance et trouve dans son aspiration artistique (il rêve d’intégrer une école de maquillage de cinéma) un dérivatif salvateur

Le scénario se développe par étapes successives et dote son personnage principal de compagnons de route archétypaux (le père inconstant, la mère trop lointaine, la meilleure amie), apportant au récit les points de repère d’un conte sur le sentiment de solitude et le passage à l’âge adulte. Autre figure de légende (et de fantasme) le jeune homme à gueule d’ange dont Oscar tombe amoureux lui permet de franchir une étape supplémentaire, celle de l’abandon et de l’acceptation de soi.

Au-delà de sa cohérence narrative, Closet Monster se démarque par ses emprunts au cinéma fantastique. Les visions cauchemardesques d’Oscar mais surtout la compagnie du hamster illustrent et complexifient un personnage naviguant sans cesse entre deux eaux. Doué de parole mais uniquement pour lui, l’animal prénommé Buffy dépasse le statut d’ami imaginaire par une présence jamais remise en doute.

Nerveuse et soignée, la mise en scène n’évite pas quelques lourdeurs formelles en appuyant trop certains effets. La maîtrise du réalisateur lui permet cependant de garder un état d’équilibre qui s’accorde avec la teneur adolescente du récit. Préférant la légèreté au pathos, Stephen Dunn semble vouloir épouser les mouvements parfois désordonnés de son héros jusqu’à lui offrir une séquence finale irréelle et hors du temps.

Remarqué en 2013 dans Blackbird, Connor Jessup apporte à Oscar une densité physique, mi-rêveuse mi-terrienne, qui donne corps à un personnage dont la violence contenue ne demande qu’à exploser. À noter, dans le rôle de Wilder, Aliocha Schneider, également chanteur, dont la ressemblance avec son frère Nils fait écho aux Amours Imaginaires de Xavier Dolan, et bien sûr, comme un cadeau, la voix mutine d’Isabella Rossellini doublant Buffy le hamster…

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A propos de Pierre Guiho

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