Dans une ville du Sud de la France dont le nom n’est jamais révélé (même si l’on croit reconnaître les paysages sétois de Mektoub my Love, dont Mes frères et moi partage le chef opérateur) Nour, 14 ans,  s’ennuie à mourir pendant les vacances d’été, cadet d’une fratrie conflictuelle, entre l’ainé extrêmement dur et les deux autres, une boule de haine et de désespoir ayant sombré dans la délinquance, et le plus attentionné des trois, entre la drague et la sagesse, qui se prostitue. Participant à des travaux d’intérêt général dans la cour de son collège, Nour croise la route d’une chanteuse lyrique qui va lui ouvrir la porte des cours d’été qu’elle anime.

Copyright David Koskas – Single Man Productions

Librement inspiré de la pièce de théâtre Pourquoi mes frères et moi on est parti… de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, le film de Yohan Manca, lui-même acteur de théâtre, propose une œuvre extrêmement juste, entre le réel et l’utopie, ne jugeant jamais ses personnages, entre leur coups de violence et leurs coups d’amour. L’interprétation sonne tellement juste, comme si chacun y jouait son propre rôle qu’on soupçonne des acteurs non professionnels. Or, la plupart  – tous meilleurs les uns que les autres, comme une petite famille faisant écho à celle du film – sont issus du théâtre, et pas seulement la formidable Judith Chemla dont nous ne connaissions pas les talent lyriques. Nous ne sommes pas près d’oublier le visage de Maël Rouin, d’une justesse incroyable, découvrant à travers la beauté du chant la beauté du monde, et développant graduellement un sourire radieux.

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Les quelques réserves que l’on pourrait émettre font aussi la force du film : face à l’extrême violence du décor, de la vie, ce sont les portes du rêve qui semblent s’ouvrir parfois de façon un peu trop évidente. Loin de tout pathos, la beauté du film de Yohan Manca, ce qui le rend précieux, tient aussi à cette fragilité et à cette capacité d’évoquer des faits pouvant être a priori sordides (le marché du sexe auprès des touristes étrangers notamment) de manière dédramatisée, parfois presque légère, en rendant à chacun le droit d’assumer son choix de vie, sans culpabilité ni dramatisation. Malgré la violence des vies, l’injustice des destins, le cinéaste ne cède jamais à la tentation de la noirceur, immergeant Mes frères et moi dans une douceur entêtante, épousant le regard de son jeune héros en devenir.

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A propos de Audrey JEAMART

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