Sorti en 1976, Assaut ! Jack l’éventreur (Assault ! Jack The Ripper) est désormais disponible en blu-ray chez Le Chat Qui Fume.

© Le Chat Qui Fume
Yuri et Ken sont respectivement serveuse et pâtissier dans un restaurant tokyoïte. Une nuit, alors que Ken ramène Yuri en voiture, ils causent involontairement la mort d’une jeune femme en pleine crise de démence. Après avoir dissimulé son cadavre, Yuri et Ken couchent ensemble et découvrent que le meurtre de belles femmes agit sur eux comme un puissant aphrodisiaque…

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Si l’ouverture du film, qui met en avant le rapport conflictuel de Yuri avec l’autorité et les conventions, ainsi que la misogynie à laquelle elle doit faire face dans son travail, semble préfigurer une savoureuse satire sociale, Assaut ! Jack l’éventreur, inspiré par la figure du célèbre criminel (et vraisemblablement par l’affaire des « tueurs aux petites annonces ») nous détrompe très vite, évitant soigneusement par la suite toute dimension de cet ordre afin de mieux se faire la pure chronique du couple d’antihéros que sont Ken et Yuri, assumant de filmer la pulsion pour la pulsion alors que le « bodycount » et la cruauté du couple infernal augmentent à vitesse grand V.

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En résulte un film souvent éprouvant, exclusivement consacré à la violence et à la perversion de ces deux êtres que le meurtre – fantasme dont la narration montre brillamment la dimension presque anodine à leurs yeux – excite sexuellement, du moins jusqu’à ce que la routine s’installe et les pousse vers une surenchère à la finalité évidente…

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Au même titre que l’incroyable – au sens le plus fort – Star of David, Assaut ! Jack l’éventreur explose ainsi les tabous, répondant à la censure alors en vigueur au Japon (qui interdisait notamment de montrer poils pubiens ou organes génitaux à l’écran) par une exploration de tous les possibles échappant à celle-ci, repoussant les limites du montrable et s’inscrivant sans ambiguïté dans le genre du pinku eiga (mélange d’érotisme soft et de déviances fétichistes). Ici, la mort et le sexe sont donc indissociables et l’orgasme lui-même est provoqué par le crime.

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Aussi dérangeante que cathartique, cette frange particulièrement sadienne (on pense ici littéralement à Juliette ou aux 120 journées de Sodome) du pinku eiga – où la torture de l’autre est source de plaisir, où les pires fantasmes font loi mais où le passage à l’acte semble davantage permis au nom de la fiction que d’une véritable apologie de la violence – si elle peut définitivement déplaire, mérite néanmoins d’être considérée. Car si les pinku eiga étaient indéniablement racoleurs, force est de constater que ce cinéma où sexe et violence apparaissent comme émancipateurs, non content de refléter les tensions liées à l’évolution des moeurs dans la société japonaise de son époque, parvient en dépit de son mauvais goût assumé (ou grâce à celui-ci) à transformer n’importe quel écran en un inimaginable défouloir pour le spectateur, quitte à ce que celui-ci se retrouve tiraillé, devant tant d’excès, entre les statuts de voyeur, de témoin et même de victime.

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Dimension cinématographique parallèle sans concession mais dont l’obscénité ne devrait jamais faire oublier la nature profondément subversive, le pinku eiga comporte ainsi, comme tout genre, des oeuvres-maîtresses qu’il convient de regarder objectivement – c’est-à-dire en ne minimisant ni leurs défauts ni leur intérêt, aussi bien artistique qu’historique – et dont fait indubitablement partie Assaut ! Jack l’éventreur.

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Récit d’une passion parmi les plus littéralement destructrices qui soient, Assaut ! Jack l’éventreur offre un spectacle aussi dérangeant que foisonnant fait de violence, de fétichisme malsain et de noirceur assumée.
Disponible en blu-ray chez Le Chat Qui Fume
BONUS:
• Tueurs en série par Clément Rauger (14mn)
• Films annonces de la collection Nikkatsu
• Livret de 8 pages de photos rares issues des coffres de la Nikkatsu

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