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It’s easy as, 1 2 3
As simple as, do re mi
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Benoît, Bruno & Dj »

Trois jours de Hellfest, une nouvelle fois, la septième édition pour ce qui nous concerne. Trois jours de Hellfest donc, résumés à six mains et en deux articles, denses et savamment illustrés, sauf mention contraire, par les photographies de notre Cycy national. Voilà la gageure que Culturopoing vous propose sous forme d’un abécédaire métallisé, éclairé… et enthousiaste.

Après une première partie consacrée aux entrées de A jusque M

Place maintenant aux entrées de N à Z


Hellfest 2016

Ghost (photo Benoît Platton)

N COMME          NAMELESS GHOULS

Après une chanson de chauffe le grand spectacle du dimanche soir commence, les suédois de Ghost enchaînent les tubes dans la nuit Clissonnaise. Le groupe dégage une forte cohésion, les masques et les costumes n’y sont d’ailleurs pas pour rien; le chanteur notamment derrière son maquillage possède un charisme des plus étranges. Le public chante les chansons qu’il connait souvent par cœur et la communion s’impose pour le groupe de metal que les vieux de la vieille regardent souvent comme un groupe de pop (et on repense au pataquès qu’avait produit l’introduction de synthétiseur chez Iron Maiden…). Le spectacle se termine en apothéose par une messe satanique à la gloire de l’orgasme féminin (avec une escouade de bonnes sœurs juvéniles) et un feu d’artifice. (Dj Duclock)

Difficile après Jane’s Addiction d’adhérer à la fin grand guignolesque de Ghost sur la Mainstage. Si les moyens y sont, en décors et en figurants (y compris le finale avec la chorale d’enfants Clissonnais chantant en playback « Monstrance Clock »), et si le charisme (tout relatif, mais quand même..) de Papa Emeritus et de ses « Nameless Ghouls » masqués suffit à établir la connexion avec le public, force est de constater que la musique semble (à nos oreilles) trop décalée par rapport à l’enjeu. Mais Ghost est un groupe qui plaît à beaucoup, et les fans n’ont pas été déçus. (Benoît, un fan d’Iron Maiden sans synthés)

O COMME          OUVERTURE

Depuis que le Hellfest a ouvert les vannes de la diversité, troquant une exclusivité des musiques extrêmes (hardcore, death, black & co) pour en faire une simple dominante, c’est-à-dire précisément en 2009, l’année de Manowar, Marylin Manson, Killing Joke, Dream Theater et autres Mötley Crüe ou encore Europe, il va de soi que l’ouverture de la programmation musicale est allée de pair avec l’expansion puis l’explosion populaire et médiatique du festival. Depuis cette édition fondatrice de 2009, ce furent ainsi Iggy Pop & The Stooges, Scorpions, Kiss puis les combos de classic rock à la Deep Purple, Status Quo, ZZ Top, Billy Idol Blue Öyster Cult, Lynyrd Skynyrd, qui furent programmés au Hellfest. Nous n’oublions pas non plus quelques curiosités à la Hank III, Young Gods, Wampas et autres amateurs de drone assourdissant (Sun O))) évidemment), sinon de mélodie trempée dans la noirceur la plus poisseuse (Swans, Cult Of Luna et j’en passe).

FOREIGNER-Cyril-Lafeuille_43

Mick Jones de Foreigner

Cette année, l’ouverture se fît certes entendre dans la sensibilité musicale, avant tout avec la présence du combo jazz rock (on va dire ça) Magma qui électrisa la Valley de sa superbe transe molle, à laquelle on rajoutera, pour rallonger la liste des groupes mythiques à avoir foulé la Mainstage 1, Foreigner ainsi que la guitare de Joe Satriani (sans oublier certains projets dits alternatifs comme le ciné-concert Gutterdämmerung (Henry Rollins & co), le projet électro-atmosphéro-rock Puscifer (Maynard de Tool). (Bruno)

Puscifer : Un spectacle de catch mexicain avec deux catcheuses et deux catcheurs et de longues chansons plus ou moins lancinantes voilà pour le show de Puscifer; les compositions qui sortent de ce laboratoire rock et electro, le spectacle qui l’accompagne, tout cela est à la fois beau, étrange et burlesque. Les voix de Maynard (Tool, A Perfect Circle) et de Carina Round se répondent dans un monde musical parfait, presque cristallin. Un nouvel album de tool se profile… une occasion de faire venir le groupe en 2017 ? (Dj Duclock)

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Sick Of It All

Une fois n’est pas coutume, la programmation des mainstages sonna cette fois comme un petit retour aux sources, diversifiant les styles musicaux proposés, là où depuis le passage de 4 à 6 scènes, elle semblait figer dans le marbre un mélange -core/mainstream/têtes d’affiche. Des formations emblématiques de genres plutôt segmentants furent ainsi donnés en pâture au public (docile et statique passés les 10/15 premiers rangs). Citons surtout les death métalleux tendance mélodico-viking d’Amon Armath et les légendes du NYHC Sick Of It All, ces derniers étant même judicieusement placés entre Foreigner et Joe Satriani, rien que ça. Sick Of If All juste après Foreigner, c’est un peu comme si vous croisiez une 2CV à la suite d’une Ferrari sur les pentes du Ventoux. On rajoutera enfin à cet inventaire les ribouldingueries de Ludwig Von 88 sur la Warzone, eux qui passèrent juste après Bad Religion tout de même. Boites à rythme et paroles goguenardes tendance Almanach Vermot ont aujourd’hui sans doute davantage leur place aux Vieilles Charrues qu’au Hellfest mais qu’importe, le set des Ludwig fut très apprécié. Dont acte. (Bruno)

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Ludwig Von 88

P COMME          PELERINAGE

Des kilomètres à la ronde il n’y a plus une chambre de libre et ils sont encore des milliers à camper autour du site. Qu’il pleuve, qu’il vente, que le soleil cogne, dans la poussière et le bruit ils sont là… Combien sont-ils ? 180 000 sur les trois jours ? Un peu plus ? Un peu moins ?

Le Hellfest c’est un peu comme un pèlerinage et certaines personnes viennent de loin. Celles et ceux qui y étaient le raconteront plus tard et quand ils croiseront quelqu’un qui comme eux a connu cet instant il y aura une connivence, un petit sourire, une lumière au coin de l’oeil et ils échangeront quelques mots sur leurs moments fétiches, leurs groupes favoris. Les pélerins ramènent toujours un objet du Hellfest (ils en perdent aussi…), un objet comme une relique : un T-Shirt, un disque, un gobelet, un programme… 3 jours, quelque chose comme 150 groupes, Mainstage 1 & 2, Altar, Temple, Valley, Warzone, il y n a pour tous les goûts dans cette grande famille du Métal.

Certains vont écouter la musique de lieux en lieux, d’autres ont leur endroits fétiches et ne s’éloignent jamais trop loin de leur Église musicale favorite. Quoi qu’il en soit ces moments sont un peu hors du temps et chacun ramène des souvenirs et garde dans sa collection personnelle une image de ce rendez-vous avec les dieux. (Dj Duclock)

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Hellface 2016 (photo par Dj Duclock)

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Girl with cigarette (photo par Dj Duclock)

 

 

 

 

 

Q COMME QUALITE & ENVIE

Certains groupes n’ont pas besoin de grand-chose pour réussir un bon concert : il leur suffit juste de monter sur scène et de faire le job.

Moonsorrow  est de ceux-là. Pour avoir assisté à plusieurs concerts de ce groupe de pagan/viking metal, on sait que leur plutôt variée discographie leur permet d’attaquer la scène sous plusieurs angles. Et là, ils choisirent le bon : installant d’emblée une ambiance sombre et épique, ils emportèrent le public du Temple dans la finesse de leurs longues mais imparables compositions.  Tel un sombre drakkar traversant un froid océan, ils ne perdirent jamais le cap et on ne put que les suivre dans leurs odyssées. Un tout grand moment.

Autre lieu (la mainstage 2) et autre genre, il n’y avait pas trop de monde devant la Mainstage 2 pour accueillir le concert, assez matinal pour un dimanche de festival, il est vrai, d’Orphaned Land (enfin….tout est relatif concernant les affluences au Hellfest). Les Israéliens réussirent un bon concert de metal oriental, mené par leur chanteur nu-pieds à l’allure christique. Un petit regret toutefois, l’omniprésence des bandes (pas les premières sur le festival, loin de là malheureusement), sans doute utiles pour ce genre de prestations mais nuisant évidemment à la spontanéité du moment.  Un groupe restant toutefois très sympathique et très intéressant, certains n’attendant qu’une reprise d’Enrico Macias pour être définitivement conquis. (Benoît)

Q COMME QUELCONQUE(S)

 On ne peut pas tout aimer…On ne peut pas non plus toujours être sensibles ou réceptifs à certains concerts. Problème de qualité, ou problème de sensibilité personnelle sur le moment ? La question restera posée par certains concerts.

Earth, par exemple, les papas du drone dans la Valley. Du drone, donc du lent… Et du long…. 4 chansons en 50 minutes. C’est lent… Et c’est long… Pas lourd, non, bien au contraire, c’est très mélodique et très bien joué. Mais c’est lent… Et c’est long… Ca aurait pu être reposant, c’était un peu fatiguant, dommage. Autre déception, Hermano. Du pur stoner, donc du blues avec du fuzz et des distorsions. On aime le blues, mais on n’a pas du tout accroché. Sans doute à cause du fuzz et des distorsions. Notons toutefois que nombreux furent dans le public ceux qui y virent un des meilleurs moments du festival. Comme quoi….

Skalmold, enfin. Mais on aurait dû s’y attendre. Sur disque, le viking metal des islandais est loin d’être mal fait, mais il n’en est pas moins dénué de toute originalité. Et dans le Temple, ce fut pareil : pas un mauvais moment, mais pas vraiment d’intérêt non plus. On aurait dû s’y attendre. N’empêche, le public nombreux apprécia, tant mieux. Ah oui, une originalité quand même : le groupe a plutôt le look d’un groupe de stoner que de vikings habillés de peaux de bêtes. C’est bien, mais c’est peu. Pas vraiment une déception, mais une punition : on a du assister au concert de Tarja sur la Mainstage 1. « Never Enough » était le deuxième morceau, après une demi-heure on en avait largement assez. Mais bon, on avait été puni, ça nous apprendra à bien lire un programme ! (Benoît)

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Le Bal des Enragés

R COMME          REPRISES

« Everybody’s covering each other ». Ce fût un des leitmotivs du week-end, celui résumé en cette formule par une jeune américaine lors d’un bref échange autour des menus plaisirs musicaux de cette édition. Oui, tout le monde reprend tout le monde, plus que jamais. La palme bien évidemment au répertoire de Motörhead, qui le méritait bien, mais aussi au « War Pigs » de Black Sabbath entendue la bagatelle de quatre fois durant ces trois jours via Le Bal Des Enragés puis Sacred Reich et Gutterdämmerung (l’improbable projet cinématographico-musical mené par Henry Rollins) avant la version originale circa 2016 du Sabbat Noir. Les musiciens du Bal des Enragés ont fait de l’exercice de la reprise leur concept, un mix heureux et varié des scènes punk/metal/hardcore françaises qui reprend quelques standards des genres, qu’ils soient français (Trust, Parabellum Bérurier Noir) ou étrangers (ici les Beastie Boys, Rage Against The Machine, Sepultura, Nirvana, Led Zeppelin et enfin Motörhead.

Pas de surprises avec Le Bal des Enragés, le groupe formé par divers musiciens français n’était pas là pour rigoler. Enfin, en fait, si : il était là pour interpréter avec enthousiasme, énergie et conviction une série de standards incontournables : «  Ace Of Spades », » Rock n’Roll » (avec une danseuse), «  Smells Like Teen Spirit », « Sabotage » (avec les deux flics dont un qui quadruplait sans doute sa première année de stage), « Killing In The Name », « Refuse/Resist », « Antisocial »…. Les musiciens défilent, les morceaux s’enchainent, le public passe un très bon moment en reprenant à tue-tête ces hits incontournables évidemment  connus d’absolument tous les participants. Un petit regret cependant après le « Vive Le Feu » final, ce genre de prestation aurait sans doute encore plus de portée dans un espace plus restreint que la Mainstage 2, comme sur la Warzone ancienne formule lors de leur précédente apparition. (Benoît)

Lemmy et Motörhead ont été largement fêtés en cette première édition post mortem, tout d’abord par un feu d’artifice entièrement dédié au bonhomme et une statue trônant avec arrogance (plus de 10 mètres de haut quand même) dans la toute nouvelle et superbe Warzone, ensuite sur les planches où le répertoire du gang fut à l’honneur des sets du Bal des Enragés donc, mais aussi de Gutterdämmerung, No One Is Innocent et de Twisted Sister qui invita même Phil Campbell sur scène pour reprendre en sa compagnie « Born To Raise Hell ». (Bruno)

En dehors du Bal des Enragés, deux autres groupes mirent à profit leur temps de passage pour ajouter à leur setlist nombre de reprises. Le premier ne repose même que sur ce principe, du moins musicalement, puisque Gutterdämmerung balancent en live un bon paquet de classiques de Black Sabbath au milieu de nombreuses autres pièces de choix du répertoire rock/metal (Ted Nugent, Metallica, Ramones, Motörhead, Slayer, Nirvana et autres QOSTA). De quoi faire son petit effet sur la Warzone, surtout quand une dénommée Grace Jones s’invite à la fête, à la plus grande surprise des non-initiés de ce projet assez fascinant d’Henry Rollins.

Disturbed

Disturbed

Autre groupe à avoir joué le jeu des reprises, les américains de Disturbed qui balancèrent leur version de « The Sound Of Silence » de Simon & Garfunkel en début de set avant de tâter du duo Taratata avec le trio de Sixx A.M pour une cover du « Shout At The Devil » de Mötley Crüe puis un duo avec Glenn Hughes sur « Baba O’Riley » des Who, ce qui fait quand même beaucoup pour une heure de concert.

Le reste de la programmation ne fut pas en reste enfin pour tâter de la reprise avec par exemple les Melvins qui explosèrent le « Deuce » de Kiss (mais aussi du Green River et du Alice Cooper), Fu Manchu avec « Godzilla » de Blue Öyster Cult ou encore Napalm Death pour leur traditionnel « Nazi Punks : Fuck Off » des Dead Kennedys. Au fil des jours, furent également à l’honneur « You’ll Never Walk Alone » (Dropkick Murphys), Supremacy de Muse (Tarja), « Stripped » de Depeche Mode (Rammstein) à côté du tube de Trust « Antisocial » (Anthrax, Le Bal des Enragés et Ludwig Von 88, en mode ska pour ces derniers) ou « Born To Raise Hell » balancé par Volbeat (en plus de leur habituel « I Only Wanna Be With You »), en plus de la version de Twisted Sister. IL y en a sans doute eu d’autres mais elles auront malheureusement échappé à nos oreilles.

De quoi nourrir en fait cette impression de grande fête du metal certes, mais aussi de nous donner à penser que le genre commence petitement à tourner en rond, coincé qu’il est entre des têtes d’affiches bankable mais déclinantes ou sur le point d’arrêter leur carrière (l’un n’empêchant pas l’autre cela dit) et le manque de renouvellement en popularité parmi les vrais gros poissons de l’aquarium, sans parler d’une créativité souvent old school (on réutilise les vieilles recettes qui ont fait la gloire et la pérennité du genre) sinon segmentante (on malaxe tellement de styles qu’on devient l’underground de l’underground). (Bruno)

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Feel The Vibe

R COMME          RIVAL SONS

Spontanéité, belle voix en or, explosions de guitare mais sans jouer dans l’attaque de riffs dévastateurs ou la distortion, les Rival Sons sont plutôt branchés sur le rock des années 70. Habitués des premières partie de Deep Purple, de Black Sabbath ou d’Aerosmith le groupe de Los Angles a montré au Hellfest (avec notamment une belle prise de risque sur une chanson quasi a capella) qu’il est aussi bon sur disque que sur scène et la Valley était au rendez-vous avec un publique avide qui débordait largement de la tente. Rival Son, c’est du rock classique, du rock qui se retrouve maintenant dans les rayons, les salles et les festivals de metal parce que c’est sûrement là que le genre a trouvé refuge… alors à quand Jack White à Clisson ? (Dj Duclock)

Hellfest - Anne ma soeur Anne

Anne Ma Soeur Anne (photo par Dj Duclock)

S COMME SABBATH BLOODY SABBATH

Le concert de Black Sabbath, son dernier sur le sol français puisque le groupe est actuellement en pleine tournée d’adieu, s’annonçait pour le moins bancal. La faute tout d’abord à un Ozzy Osbourne qui foulait les planches de la Mainstage 1 de Clisson pour la quatrième fois en cinq éditions (set solo en 2011, le fameux et fumeux Ozzy & Friends pour faire face à la tournée avortée du Sab’ suite à la maladie de Iommi, le premier concert du Sabbat Noir au Hellfest en 2014 et enfin donc cette ultime ( ?) prestation de cette présente édition, ouf. La faute ensuite au même Ozzy, oui c’est bien lui, oui c’est bien encore lui, dont la voix caquetante est désormais l’ombre d’elle-même et pénalise pour le moins la majestueuse musique qui l’accompagne, que cela soit avec son groupe de toujours comme pour son propre répertoire personnel. En rajoutant les trois seules expressions qui sont désormais à son vocabulaire (« Come on, let’s go crazy ! », « I can’t fuckin’ hear you » et « God bless you all »), on aura au final un frontman des plus déroutants, malgré toute l’affection qu’on a (et qu’on aura toujours) pour le Saint bonhomme.

Si le pauvre Ozzy accuse désormais le poids des ans (chaque année valant double pour lui), il faut tout de même dire combien Tony Iommi, Geezer Butler et le désormais titulaire du poste de batteur Tommy Clufetos (trente années de moins que ses petits camarades certes pour ce dernier) assurent plus que jamais côté musique et mettent ainsi en valeur un répertoire de feu, celui entamé avec classe et dans le recueillement par « Black Sabbath » et qui restera strictement limité au fil du set aux trois premiers albums (dont cinq extraits tout de même de Paranoid), à l’exception d’un seul morceau du quatrième disque (« Snowblind » et d’un autre tiré de Technical Ecstasy (« Dirty Women »). Sous un beau ciel de lights et un stage-set et à la fois sobre et soigné, le Sab’ a dégainé ses classiques avec classe et inspiration, un superbe moment d’autant qu’Ozzy semblait avoir miraculeusement retrouvé quelques forces vocales et assura plutôt correctement sa part du boulot. Une surprise au final et la meilleure prestation du groupe (et de son chanteur) vue au Hellfest. Comme quoi les premières fois ne sont pas toujours les plus mémorables et les plus agréables. (Bruno)

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Emportée par la foule…

S COMME SIDE PROJECT(S)

Ce sont des musiciens aguerris et expérimentés à la carrière déjà bien remplie avec leur groupe de prédilection, que celui-ci soit une tête de gondole de nos musiques fortement amplifiées ou bien le roi de l’underground. Ce sont des musiciens qui aiment à multiplier les projets, les collaborations, les one-shot comme les projets parallèles, histoire de goûter un maximum de mets différents plutôt que de se contenter du plat unique de la cantine habituelle.

Ils s’appellent par exemple Ben Koller (batteur de Converge (vendredi, Warzone) mais aussi de All Pigs Must Die (vendredi aussi, Warzone itou) ou bien Greg Anderson (âme de Sun O)) (vendredi, Valley) mais aussi chantre du doom finement léché de Goatsnake (samedi, Valley). Il est vrai qu’à côté de Sun O))), Goatsnake c’est Brutal Truth. N’oublions pas Maynard James Keenan le chanteur de Tool qui a lancé un projet atypique et original du nom de Puscifer (dimanche, Valley). Nous citerons ici également le batteur aux 45487 bras et autant de groupes Mike Portnoy (qui joue avec Twisted Sister sur leur tournée d’adieu, ce n’est pas la peine de le retenir, il aura déjà changé de projet à la rentrée).

Ailleurs, ce sont des musiciens reconnus, à leur échelle, que cette dernière soit mondiale et globale ou bien simplement culte et underground. Leur groupe de toujours n’est plus, même si pour l’un d’entre eux son cadavre bouge encore, et le voilà parti dans une nouvelle aventure, qu’elle se veuille récréative ou au contraire tout ce qu’il y a de sérieux. Ils s’appellent Lee Dorian (ex Cathedral), venu présenter au Hellfest son nouveau projet With The Dead (samedi, Valley), ou bien Eric Wagner (ex Trouble) qui foula les planches de l’Altar le dimanche avec son nouveau projet The Skull. C’est aussi Henry Rollins, ex mentor du Rollins Band et plus en arrière des mythiques Black Flag, ici en plein délire créativo-artistico-cinématographico-chantylliesque Gutterdämmerung. C’est enfin l’ange noir de Mötley Crüe, Nikki Sixx, qui monte déjà au feu avec son projet alternative Sixx A.M alors même que le cadavre du Crüe fume encore.

Tous délivrèrent des prestations au goût du jour à l’occasion de ce Hellfest, ne singeant pas quelques vestiges de leur gloire passée et regardant au contraire droit devant (Sixx, Rollins, Anderson), plongeant sinon tête la première dans leur passion de toujours, passion qui fut, est et restera (le doom cher à Dorian et Wagner, le hardcore pour Koller). Alors que les années filent et avec elles les vestiges glorieux de l’Histoire du metal (dans son sens le plus large), il est toujours bon et émouvant de recroiser ainsi la route de nos vaillantes idoles d’antan et les accompagner dans leurs nouvelles aventures musicales. Le fil du temps se distend certes, mais il est fort heureusement solide. (Bruno)

Hellfest - indienne

Hellfest Indienne (photo par Dj Duclock)

T COMME          TEMPLE

Sur la scène du Temple, dominée par ses trois croix inversées, qu’attendre sinon du noir Black metal ou du sombre Pagan ? La soupe fut là encore des plus délicieuses.

Parmi le copieux menu, on relèvera Behexen. Du black metal, du vrai, du glauque, du sataniste. Maquillages, regards noirs, ambiances lourdes et violentes, tout est là. Mais force est de reconnaître que malgré le style très marqué, le groupe sait apporter ici et là quelques touches d’un groove rock plus léger  qui n’enlèvent pourtant rien à la noirceur et l’efficacité de la chose. Bref, un tout bon concert de très bon black metal.

Un peu de pagan pour suivre, et là pas de surprise : un concert de Kampfar est toujours un bon moment. Sur la scène décorée de torches, le groupe délivra le pagan metal qui lui est propre, épique, sombre  et inspiré, porté par un frontman enthousiaste et très communicatif. Un petit bémol : le manque de variété des morceaux. Mais une belle réussite quand même, rien d’étonnant quand on connaît la réputation de ce groupe (paradoxalement ?) très sympathique

Retenons Inquisition, enfin. Du black metal classique et cradingue, joué par un duo (un chanteur/guitariste et un batteur) détonnant et étonnant. De la saleté et de la puissance, sans doute, mais aussi un sentiment de « pas assez » du peut-être au côté « resserré » de la chose. (Benoît)

U COMME          UNPLUGGED

On est arrivé tôt, le dimanche matin. Guitare sèche, Vièle, Luth, Viole de Gambe… le  metal (sic) acoustique et médiéval des occitans de Stille Volk était idéal pour lancer un dimanche ensoleillé. Et ils n’eurent aucun mal à entraîner le (nombreux) public du Temple dans leur voyage temporel. Puis, un concert se terminant par une invitation au « Banquet de Bacchus », à l’heure de l’apéro, c’est idéal. (Benoît)

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Kadavar

V COMME          VALLEY

Fin d’après-midi, Dimanche 19 Juin, difficile de ne pas se déhancher en même temps que le trio germanique de chevelus barbus. Les gars de Kadavar portent bien leur nom : Tiger est à la batterie, Lupus au chant et à la guitare 6 corde et Dragon est à la basse et ils envoient un stoner rock rétro particulièrement nerveux. Au devant de la scène il y en a même qui se laissent porter par la foule alors qu’un préservatif transformé en ballon rebondit de mains en mains. Le son est rapide, épais et psychédélique. La Valley résonne, encore une fois, d’un bon concert dont le flot de spectateurs se répand bien au-delà de la tente. (Dj Duclock)

On a parfois besoin de doom. Pour se laver la tête, pour se changer les idées, pour se reseter les neurones, on peut avoir besoin de doom. Et au Hellfest, le doom, c’est dans la Valley. Et  Goatsnake est exactement ce qu’il faut dans ces moments-là : lourdeur, lenteur, mélodie, on ne peut qu’être emporté par cette musique hypnotique tout en restant accessible. On doit se poser en peu en quittant la Valley, et se secouer la tête avant de repartir. Bravo à eux. (Benoît)

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W COMME         WARZONE

Scène ayant cristallisée pas mal de griefs lors de la dernière édition (accès/sortie trop exigue, espace devant la scène trop petit etc.), la Warzone a fait l’objet cette année d’un lifting quasi-complet et pour tout dire assez génial. Elle s’est tout d’abord agrandie, d’abord en modifiant l’emplacement de la scène, ce qui permet désormais d’avoir un accès visuel (scène ou écrans) même au-delà de la zone de Guerre proprement dite, ensuite en déplaçant le vaste espace Muscadet sur lequel elle s’adossait, ledit mouvement permettant ainsi de récupérer quelques bienvenus mètres supplémentaires d’espace. Dommage collatéral des plus heureux, ledit espace Muscadet trône désormais au sommet d’une petite butte nouvellement érigée face à la Warzone, permettant du coup à un nombreux public de se positionner légèrement en contre-haut de la Warzone, sur une sorte de gradins à l’ancienne positionnés sur ses flancs. Cerise sur le gâteau, verrue sur la joue du Saint-Homme, une statue hommage à Lemmy toise de ses arrogantes dimensions (10m de haut facile) le cœur de l’espace de restauration/dégustation. Voilà pour le pèlerinage et les photos souvenir. N’oublions pas de saluer également l’habillage de la Warzone, avec ses miradors hébergeant les lights et ses barbelés cerclant les murs d’enceinte, un bijou de scène vraiment. (Bruno)

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Walls Of Jericho

Côté musiques, saluons le set des UK Subs qui passèrent en revue leurs 40 ans de carrière avec un punk rigolard affublé de cheveux bleus (!!). Pas prise de tête pour un sou, efficace, un excellent moment (Benoît). Saluons également la transe rageuse et quasi-géométrique (ah ces compos coupés au cordeau !) d’Unsane et le concert évènement des Vision Of Disorder, toutes griffes (et sourires) dehors. Evènement tout subjectif d’un dimanche plus que dense, le retour des américains de Wall Of Jericho s’effectua dans la joie (la toute récente maternité de Candace sans doute) et le soleil, celui toujours particulièrement apprécié des fins de journées d’été (c’est qu’il faisait chaud). Le set fut une fois de plus hautement énergique et jubilatoire, jamais tout à fait le même, jamais tout à fait un autre. (Bruno & Benoît)

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Nuclear Assault (photo par Dj Duclock)

 

Hellfest - Girl 2016

Hellfest Girl (photo par Dj Duclock)

W COMME         WITHIN TEMPTATION

Le Hellfest, c’est aussi l’occasion d’aller jeter une oreille sur ce que l’on n’écoute pas d’habitude. Et c’est ainsi que, surprise pour moi, je suis resté à écouter l’intégralité du concert des hollandais de Within Temptation. Kitch, nunuche, frais, pop et quelque peu symphonique… le publique en redemande et il est ma foi assez agréable de déambuler avec ces mélodies dans les oreilles, le duo surprise avec Tarja sur « Paradise (What About Us?) » et un duo par vidéo interposée avec Xbizit sur « And We Run ». C’était rafraîchissant, mais point trop n’en faut. (Dj Duclock)

Hellfest 2016

You’re gonna loose your mind in Clisson, Rock City (photo par Benoît Platton)

X COMME          X-TREME MARKET

Cashless…. Tout en concept. Parce que si il y a bien une chose qui circule sur le Hellfest avec plus de facilité que les festivaliers compressés, c’est le cash. Parce que les fans de metal aiment dépenser, ça fait partie de leur panoplie, la passion tout ça. Dépenser pour boire évidemment (plus d’un million de bières servies cette année, auxquelles il faut ajouter les dizaines d’hectolitres de Muscadet (miam) ou les nombreuses rations de Red Bull (Beurk, mais on pouvait gagner un ticket de tyrolienne alors bon).

Pour les autres motifs de dépense, c’est du côté du Hell City Square et de son Extreme Market qu’il fallait aller. Le premier nommé est le purgatoire du Hellfest, le passage obligé de tous les festivaliers (enfin hors invités, presse, VIP & co) pour rejoindre le site du festival. Cette sorte de place à l’anglaise (inspirée par le quartier de Camden) permet aux oreilles fatigués de prendre un peu de repos et aux portefeuilles qui l’accompagnent de s’alléger un tantinet au travers de bars (un spécial Jack Daniels par exemple), d’atelier de tatouage, d’atelier de piercing et même d’un stand coiffure (si si) !! Juste à côté, il vous était également possible d’organiser votre covoiturage (il serait temps remarquez) via le stand Blablacar, de recharger votre mobile, de retrouver un objet perdu (« Bonjour Monsieur, j’ai perdu un T-Shirt noir ») ou même acheter des places pour l’année prochaine… A ce décor déjà familier mais réellement superbe, s’ajoute cette année le Hellgate, une nouvelle rue dominée par un portrait de Lemmy Kilmister (décidémment…)/

Du coté de l’Extreme Market, le métalleux déambule nonchalamment à la recherche de son bonheur dans des travées (enfin des grandes tentes) maculées de monde et gavées de chaleur. Et le bonheur prend ici la forme de T-Shirts, ceinture de cuir, blousons et jupes aux motifs variés et divers (enfin…noirs quand même pour la plupart), de cornes de tailles diverses pour boire diverses choses, d’instruments de musique (un luthier fabriquait sur place), de bijoux, de vêtements de bébés (sic), de CD (Allez hop, un petit groupe de Grind Hardcore Poitevin pour quelques euros), de disques Vinyles (beaucoup,  et à tous les prix, du nouveau Tarja à l’original vintage de Dissection)….

Notons que cette année, le stand qui vendait les canapés gonflables a du faire des bonnes affaires si l’on en juge par leur nombre sur le site. Difficile évidemment de connaître le montant sans doute astronomique de l’argent échangé en ses  lieux, mais force est de constater que le concept de Cashless se rapporte aussi (et surtout ?) aux poches des festivaliers. (Benoît)

Hellfest 2016

Hell City Square (photo Benoît Platton)

Y COMME          YOU CAN’T STOP ROCK’N’ROLL

 L’apothéose mainstagienne du samedi soir fut sans conteste le concert des Twisted Sister, eux qui revinrent aux affaires françaises par la petite porte de Clisson il y a de cela quelques années (la grosse demi-heure au milieu de l’après-midi de leur première prestation ici) et qui conclurent ici en tête d’affiche la journée du samedi (bon d’accord, Korn suivit après) pour, encore et toujours, un heavy rock’n’roll dopé aux refrains de concours et avec un Dee Snider, sexagénaire quand même, ébouriffant de classe, de prestance et de coffre. Toujours aussi bavard, toujours aussi vanneur (cf l’hommage évidemment sincère mais un poil caustique qu’il rendit à son batteur mort AJ Pero), Snider est la potion magique d’un groupe de glorieux vétérans qui cumulent pourtant de prime abord un certain nombre de tares (charisme de chauffeur-livre intérimaire de l’Ohio pour l’un, perruque de VRP ardéchois en lecteurs de mini-disc pour l’autre, papy déguisé pour Halloween pour le dernier). Répertoire en or massif, prestance bonhomme, belle énergie, Twisted Sister est au Hellfest semblable à Zlatan au PSG : il est arrivé en roi et est reparti en légende. (Bruno)

Hellfest - There's A Light (Over At The Frankenstein Place)

Hellfest – There’s A Light (Over At The Frankenstein Place) (Photo par Dj Duclock)

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Le Hellfest est à la fois un lieu de musique, de fête, d’ambiances, d’alcool, de rencontres, de déguisements, de copines, de copains et de rituels plus ou moins conscients ou obligés. Parmi ces rituels il y a celui du départ. Ce moment où les oreilles bourdonnantes, le corps et la cervelle à l’agonie, rôtis par les décibels, l’alcool, la chaleur, la poussière et la promiscuité une horde passe en flot continu sous la porte du Hellfest pour aller se déverser dans les rues de Clisson.

La plupart savent où ils vont, d’autres sont à la recherche de leur car, de leur tente, de leur location, de leur voiture, de leur covoitureur ou de leurs potes… Le flot comme sorti de l’oeuf de la création d’un dieu aztèque ou maya se sépare en plusieurs directions. Hagard, ce flux dantesque et étrangement silencieux suit le tracé des rues de la ville ; rarement un cri de soulard qui possède encore un peu de force s’élève entre deux zig zag, parfois ce sont les morceaux de phrases d’un éternel bavard pareil à des borborygme que personne ne cherche à comprendre qui trouble le frotement des chaussures sur le bitume.

Combien de temps dure l’étrange procession ? Elle commence vers 22 heures 30 et se poursuit jusque vers 2 ou 3 heures du matin. Le départ du Hellfest est une véritable vidange de l’Enfer dont peu de personnes prennent consciences. (Dj Duclock)

Hellfest 2016

Hellkid (photo par Benoît Platton)

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The Metal Years

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Quelques vidéos pour accompagner les mots et les images

https://www.youtube.com/watch?v=tEVQ1cD_W3I

 

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