[CINÉMATHÈQUE DE TOULOUSE] Exposition « Raconte-moi un film », jusqu’au 29 octobre 2017

Aujourd’hui, on se tourne vers la Cinémathèque de Toulouse, où je laisse la parole à Magali et à toute l’équipe de la bibliothèque de la Cinémathèque qui vous présentent l’exposition de rentrée jusqu’au 29 octobre 2017 « Raconte-moi un film », consacrée au film raconté, genre singulier qui forme un fonds très riche dans les collections de la bibliothèque. Ni scénario ni découpage, le film raconté présente l’histoire romancée d’un film illustrée par des photographies.

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Cette pratique a connu un grand succès des années 1910 aux années 1960. La narration du film sous forme d’ouvrages, la presse dédiée aux films racontés durant l’entre-deux-guerres (Le film complet ou Mon film), le roman photos des années 1950-1960, autant de documents qui sont des témoignages essentiels d’une pratique populaire du cinéma.
Au fil des ans, la forme des récits a évolué progressivement, laissant de plus en plus de place aux images et réduisant le texte pour se transformer en roman photo dans les années 1950. Le film est alors réécrit sous forme de BD et les photographies du film servent de support principal.
Tiraillé entre légitimité culturelle et divertissement de masse avant la seconde guerre mondiale, le film raconté s’est orienté vers des genres résolument populaires dans l’après guerre : western, films fantastiques, science fiction, films d’amour, et même films de jungle… Le roman photo notamment avec la série des Star ciné est un grand témoin d’un pan entier du cinéma populaire peu considéré par l’Histoire du cinéma.

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Voilà un aperçu des sections de l’exposition de La Cinémathèque de Toulouse :

LES GRANDES ÉDITIONS DE FILMS RACONTÉS

Dans les années 1910, dans le sillage de la presse quotidienne, les éditeurs et certains auteurs se lancent dans des chassés-croisés entre romans feuilletons et films à épisode.
Au cours des années 1920, la plupart des éditeurs populaires ont leurs collections de films racontés.
Les éditions Tallandier proposent dès 1917 la collection « Les Chefs-d’œuvre du cinéma », puis « Cinéma-bibliothèque ». Cette dernière, publiée entre 1923 et 1940, comprend plus de 700 titres. « Cinéma-bibliothèque », plus luxueuse que ses concurrentes, fait appel à des talents de la littérature populaire ainsi qu’à des cinéastes ou des critiques.
Les volumes sont illustrés par de nombreux photogrammes hors-textes tirés du film, et de belle qualité.

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LE FILM COMPLET (1922-1958)

Première revue française consacrée spécifiquement aux films racontés. Elle est aussi considérée comme la plus célèbre et la plus prolifique : 3200 numéros. Chaque fascicule est composé du récit d’un film accompagné de photographies, écrit et signé par un auteur. Dès ses débuts, Le film complet est une publication bon marché, qui suit de près l’actualité des sorties en salles et connaît un franc succès populaire.

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MON FILM (1924-1967)

Avec plus de 40 ans de parution, Mon film a connu les évolutions du film raconté : de la narration littéraire illustrée par des photogrammes dans l’entre-deux-guerres au « grand film en images » dans les années 1960.
En 1958,
Mon film absorbe son grand concurrent Le film complet, la revue devient alors mensuelle et propose des romans photos.

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LES FILMS DISPARUS

Depuis les débuts du cinéma, de nombreux films ont à ce jour disparu. Cela concerne aussi bien le cinéma muet, qui a été particulièrement touché, que le cinéma parlant.
Les ouvrages et revues de films racontés représentent un fonds très précieux pour les chercheurs, les historiens de cinéma ou même les restaurateurs car ils sont l’une des rares traces d’un film perdu. En préparant cette exposition, les documentalistes ont identifié une quarantaine de films racontés concernant des œuvres pour lesquelles, les cinémathèques ne semblent pas, à ce jour, conserver de copies.

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CINÉMONDE : FABIOLA ET AUTANT EN EMPORTE LE VENT

Le grand magazine de cinéma Cinémonde (1928-1971) propose entre 1949 et 1952, une formule avec des quatrièmes de couverture consacrés au récit en couleur d’un film à partir de photogrammes. De grands succès populaires sont racontés en épisodes, tels Fabiola, Autant en emporte le vent, la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol Marius, Fanny et César ou encore Casque d’or.

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STAR CINÉ (1956-1974)

La série des « Star Ciné » adapte plusieurs revues italiennes, traduites en français. Ces publications sont déclinées selon les genres cinématographiques. Star Ciné Cosmos concerne la science-fiction ; Star Ciné Aventures, Star Ciné Colt et Star Ciné Winchester sont spécialisées dans les westerns. Il existe également Star Ciné Bravoure et Star Ciné Vaillance, axées sur les films de guerre, d’aventure, de pirates et de cape et d’épée. Enfin Star Ciné Roman est centrée sur les films d’amour.
Les titres des numéros sont parfois différents des titres d’exploitation des films (La Planète défendue pour Planète interdite !). Les couvertures issues de peintures ou encore de photographies (dans ce cas retouchées, redessinées, colorisées), en font une collection unique en son genre.

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JUNGLE FILM (1960-1967)

Revue spécialisée dans le film d’aventure, plus spécifiquement « le film de jungle ». Les personnages Tarzan, Jungle Jim et Bomba sont les favoris de l’éditeur Ponzoni, mais pour des questions de droits d’auteurs les titres sont transformés, Tarzan devenant le fameux Antar ! Les couvertures très colorées et les photomontages sont attrayants, mettant en vedette des héros musclés (principalement Johnny Weissmüller), des tigresses de la jungle dévêtues et autres monstres féroces !

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LES FILMS ROMANTIQUES

Dès le milieu des années 1950, avec l’arrivée des romans photos, la presse des ciné-romans s’empare aussi du mélodrame et des films romantiques. De nombreux titres naissent : Star Ciné Roman, Roman film d’amour et d’aventures, Roman-Film étoile, Nous deux film… Ce dernier titre est un dérivé du célébrissime Nous deux. Cependant, cette version cinéma ne connaîtra pas la même longévité que son aînée (encore en kiosque aujourd’hui !), mais elle fournira tout de même une centaine de numéros.

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« Raconte-moi un film », dans le hall de la Cinémathèque de Toulouse, jusqu’au 29 octobre 2017.
N’hésitez pas à venir consulter ces documents directement à la bibliothèque de La Cinémathèque de Toulouse, du mardi au samedi de 14h à 18h, et le jeudi jusqu’à 19h30.

Dans le cadre du rendez-vous « Le film du jeudi » et de la projection de La Chevauchée fantastique de John Ford, une visite guidée de l’exposition est proposée le jeudi 19 octobre à 19h15.
Un focus sur les films racontés adaptés d’œuvres littéraires est présenté au Centre de ressources Lettres, Arts, Philosophie (CLAP) de l’Université Toulouse Jean Jaurès jusqu’au 20 octobre.
Il sera accompagné de 3 ateliers organisés par la Cinémathèque :
– mardi 17 et jeudi 19 octobre à 13h, « La pellicule existe encore », intervention de Matthieu Larroque, documentaliste, et Guillaume Le Samedy, chargé de l’action culturelle
– mercredi 18 octobre à 13h, « De l’écran au papier, les différents modes des films racontés », intervention de Salem Tlemsani et Carine Peccoz, enseignants chargés de mission.

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A propos de Carine TRENTEUN

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