D. Smith – « Kokomo City »

Déjà primé aux festivals de Sundance, Berlin et des Champs-Élysées et sélectionné au Festival Chéries-Chéris, le documentaire Kokomo City (premier film de D. Smith, connue jusqu’à présent pour son travail de productrice musicale) débarque dans les salles obscures. 

Copyright Dean Medias

Quatre prostituées transgenres noires-américaines – Daniella, Dominique, Koko et Liyah – se confient à la caméra de D. Smith, partageant sans tabou et avec humour leur expérience et leur vision de la société américaine. 

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Surprenant par l’exubérance de sa mise en scène – additionnant les séquences d’entretiens de nombreux passages « clipés » volontairement tape-à-l’oeil et autres scènes fictionnelles « campy », le tout rythmé par un mélange de hip-hop et de RnB, Kokomo City offre cependant, sous cette enveloppe ultra-stylisée, un propos fort, engagé et sensible, portant par son montage – autrement plus subtil que ne pourraient le laisser croire les effets de style décrits plus haut – la force du discours de ses protagonistes. 

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La grande réussite du film tient en effet à la franchise avec laquelle ces femmes – dont l’attitude irrévérencieuse, le fard et les tenues extravagantes dissimulent des parcours semés de violence et d’incompréhension – détaillent les épreuves de leur vie, leur rapport à l’amour (souvent rendu compliqué voire impossible par des traumatismes) leur perception d’elles-mêmes, le regard des autres sur elles – soulignant à cette occasion le tabou autour de la dé-construction des normes de genre et des rapports hommes-femmes en occident – et surtout ce que leur expérience leur a appris sur la vie et la société dans laquelle elles évoluent.  L’ensemble des entretiens met ainsi en avant la difficulté de grandir et de s’accepter dans un milieu défavorisé, ostracisé et lui-même gangrené par la haine et l’intolérance. 

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Le portrait de ces femmes se mue alors progressivement en celui d’une frange entière de la société américaine, à savoir une classe sociale démunie, victime de discrimination et dont les tensions internes contribuent à empêcher ses membres d’évoluer – notamment en terme d’ascension sociale – conduisant des personnes telles que les protagonistes du film à être traitées en parias et à devoir se reconstruire seules…

Soulignant la violence et l’aliénation auxquelles mènent la haine – quelle qu’elle soit – et les rapports de force entre les individus, Kokomo City s’impose avec force et humour comme un documentaire formaliste, politique et incisif. 

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A propos de Alexandre LEBRAC

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