Jean Claude Michéa – « Notre ennemi, le capital »

Il paraît, a priori, difficile de concilier ceux pour qui la guerre d’Espagne inspire une profonde mélancolie avec ceux se désespérant d’un effacement de l’empreinte religieuse dans la société occidentale. N’est-ce pas là deux visions contradictoires qui, durant le XXe siècle, s’affrontèrent avec une brutalité sans égale ? Cet étrange alliage, Jean-Claude Michéa le met à nu. Son « ni gauche-ni droite » ne relève pas d’un centrisme de bon aloi ou d’un nationalisme maurassien. Il s’inscrit dans une critique profonde des idées politiques, allant même jusqu’à contester le nominalisme des classifications.

Depuis la parution de ses premiers essais jusqu’à la sortie de son dernier opus, « Notre ennemi, le capital », il n’a eu de cesse de fustiger une certaine idée du libéralisme. Pourtant, la pensée de Michéa n’est pas nihiliste mais s’inscrit, à l’instar d’Orwell, dans une veine qu’il qualifie d’ « anarchist tory ». Son socialisme est d’abord adossé à une critique féroce du capitalisme. Sa pensée s’inspire du du marxisme pour démontrer les origines et les perspectives du capital. Ainsi, la déshumanisation serait le corollaire de son extension illimitée. L’atomisation des individus prendrait le pas sur l’autonomie des collectifs. Lui croit, à l’inverse, à la force des collectifs. Il prend pour source d’inspiration et d’application concrète des moments historiques tels la Commune de Paris ou encore les collectivités autogérées durant la révolution espagnole de 1936.

Son approche du conservatisme relève, avant tout, d’une critique de la gauche (une gauche portant l’extension continue des libertés individuelles dans sa matrice originelle). En effet, il considère que la religion du Progrès détruit les solidarités traditionnelles entre les individus et favorise l’émiettement du collectif. C’est peut-être là que le bât blesse le plus. En s’inscrivant dans ce cadre de pensée, il rallie contre lui tous les thuriféraires de la pensée dominante faisant de l’émancipation individuelle la mère de toutes les batailles. Son socialisme n’a pas de courant rue de Solferino. Il ressuscite la mémoire de ces communards qui, en 1874, exilés à Londres, écrivaient : « A peine sortis des massacres de la Commune, rappelons à ceux qui seraient tentés de l’oublier que la gauche versaillaise, non moins que la droite, a commandé le massacre de Paris, et que l’armée des massacreurs a reçu les félicitations des uns comme des autres.» (Cet extrait est mis en ouverture de son essai)

Le point déterminant pour Michéa a eu lieu au XXe siècle, quand les socialistes ont rallié la gauche républicaine et bourgeoise à travers la formation du Bloc des gauches. Cet épisode, tombé dans l’oubli, a néanmoins durablement marqué les ligne de partage. Progressivement, le particularisme des premiers socialistes va se dissoudre. En résumé, l’émancipation individuelle de chacun va désormais être la feuille de route, au détriment des aspirations (légitimes ou pas) du peuple. Selon Michéa, le mouvement va se poursuivre jusqu’à l’état (de délitement) actuel de la gauche française. « Il est grand temps de comprendre pour elle [la gauche] que si le flamboyant « libéralisme culturel » qui est aujourd’hui devenu son dernier marqueur électoral et son ultime valeur refuge suscite un tel rejet de la part des classes populaires, c’est aussi parce que ces dernières ont déjà souvent compris qu’il ne constituait que le corollaire « sociétal »logique du libéralisme économique de Milton Friedman et d’Emmanuel Macron.»

Cette pensée résumée en quelques lignes ici est approfondie dans son nouvel essai. Ce dernier n’apporte rien de novateur en comparaison avec ses précédents livres. Il permet à l’auteur d’approfondir ses thèmes de prédilection (en taclant au passage ceux qui voient en lui le grand méchant loup). Néanmoins, il loue l’initiative de Podemos en Espagne et notamment leur volonté de définir le champ politique en s’émancipant des classifications traditionnelles (gauche/droite) et leur préférer la distinction entre« ceux d’en bas et ceux d’en haut »

Il convient de préciser que la structure des livres de Michéa n’est pas classique. Elle se compose du texte et des notes de bas de page renvoyant également à des commentaires longuement exposés à la fin de l’ouvrage. Pour cet essai, il prend pour base un entretien avec la revue en ligne Le Comptoir où il répondait à une série de questions.

Cet essai permet de découvrir un auteur atypique dans le paysage intellectuel français aussi dérangeant que déroutant par son analyse remettant en cause les idées reçues.

 

Notre ennemi, le capital

Jean-Claude Michéa

Éditions Climats.

 

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A propos de Julien CASSEFIERES

5 comments

  1. Jean-Sébatien bressy

    Vae victis, je crois que vous tombez dans le travers idéologique que vous dénoncez en préambule (« les idéologies reposent sur une réécriture de l’histoire et du réel visant à les confirmer »). En réduisant les conditions de vie des hommes à des questions matérielles vous négligez une part importante, essentielle, de ce qu’elles sont. En négligeant le fait que la technique, le consumérisme, aient tendance à profondément changé les comportements humains, vous vous fourvoyez également. Tout système idéologique lorsqu’il est politiquement mis en pratique, détruit les liens entre les hommes, et « dénature » leurs comportements, leur « humanité » (ceci se constate de façon flagrante dans les anciens pays communistes, mais l’occident libéral n’échappe pas à la règle). Les trois exemples que vous donnez ne veulent rien dire, car la perspective avec laquelle vous les analysez est trop étroite (trop idéologique?).

    1-le président Pompidou est l’ancêtre de Macron et Sarkosy. Il marque en réalité un basculement entre le gaullisme et ce qui suivra. De plus vous vous fourvoyez en croyant que les contempteurs du libéralisme fustigent la richesse par principe, qu’il n’ont qu’aversion pour le faste ou le clinquant. Les anti-libéraux (pour certains) sont beaucoup moins idéologues que vous l’imaginez…en réalité, ce n’est pas le libéralisme en tant que tel, qui les gène, dans ses principes…c’est l’application de systèmes, d’idéologies, quelles qu’elles soient, au détriment de la complexité du réel (complexité que vous refusez de voir vous-même lorsque vous vous changez en libéral militant).
    2-le monde paysan (que je connais parfaitement croyez-moi) a toujours aimé l’argent…qui ne l’aime pas? mais là encore n’est pas la question. Le rapport à l’argent à malgré tout complètement changé dans nos société. Il n’était jamais admis comme un « maître » mais devait être mis au service d’intérêts plus grands (notamment la « transmission » qui dépasse le cadre de l’individu, qui donne un « sens » à l’existence, et qui joue un rôle tellement important dans la paysannerie). Il n’a jamais été « divinisé » en tant que tel, et c’est justement parce que l’argent fascine la plupart des hommes qu’il est absolument nécessaire de le reléguer (au moins dans le discours) au second plan. Si l’argent devient ouvertement le moteur principal de toutes les activités humaines, alors tout le reste s’effondre, c’est ce que nous avons constater en deux siècles…Il faut être particulièrement fermé aux analyses de Balzac, Dostoïevski, Hugo, Baudelaire, fermé à tout le mouvement romantique, puis à Weil, Baudrillard et j’en passe, il faut ne pas avoir vécu soi-même cette évolution progressive dans son entourage, ou avoir soi-même coupé tout lien avec les générations passées, pour ne pas constater cette évolution.
    3-les romans du XIX eme mettent effectivement en exergue le « snobisme » (mot typiquement bourgeois inventé au XIX eme), qui témoigne de ce que j’expliquais précédemment: le changement des comportements et le goût pour le paraitre. Il faut faire encore une fois la distinction entre le goût pour le « paraitre » (typiquement bourgeois né de l’amour pour l’argent et qui détruit toute forme de profondeur) et le goût pour « l’apparence », qui sous-entend, la beauté, le transcendance, la grâce (j’ose à peine employer ces mots tant ils sont tombés en désuétude). Vouloir « paraitre » et vouloir « apparaître » ne signifie pas la même chose. Pardon pour ces détails qui peuvent sembler dérisoires mais qui sont fondamental si l’on veut comprendre les évolutions qui caractérisent notre époque, et que vous semblez nier.

    Les critères sur lesquels s’appuient la société libérale pour juger de ses succès sont ses propres critères de valeur et de jugement. Comment dès lors pourrait-on conclure que le libéralisme n’est pas un succès? Par exemple, des paysans africains qui gagnaient 3 dollards par mois qui étaient pauvres, mais subvenaient à leurs besoins élémentaires en étant liés à leur communauté et indépendants, en gagnent aujourd’hui trente dans des petits boulots et peuplent les bidonvilles. Pour le libéral ces paysans se sont « enrichis » et « libérés ». D’un certain côté, c’est vrai, de l’autre, on comprend bien que l’on ne peut pas s’arrêter à ce genre d’analyses. (Ces exemples sont multipliables à l’infini, y compris, bien sûr, dans les pays occidentaux).
    Le « droit » à l’ascétisme que la société libérale permet selon vous est très contestable. la société est beaucoup plus intrusive, « totale  » (pour ne pas dire totalitaire) qu’elle ne le fut jamais. Il semble, à bien des égards impossible de lui échapper. le « droit » est partout, et le monde dans lequel nous sommes nous surveille, nous contrôle comme jamais. Le pire de tout étant sans doute que nos facultés d’indépendance se ont fantastiquement atrophiées, et je crois au contraire que l’ascétisme tel qu’on l’entendait autrefois n’est plus possible aujourd’hui, car il faudrait retrouver le contrôle de terres, de biens naturels, de savoirs, retrouver un sens de la transmission, qui nous fait tant défaut. Si bien que l’ascétisme se résume pour le libéral à ce que tente de vivre le héros (réel) du film « Into the Wild »…ce qui est ridicule, et le contraire de l’ascétisme tel qu’on l’entendais autrefois.

    Je fais donc parti des « imbéciles indécrottables » qui « crient à la perte de sens », et cette réalité me semble confirmée tous les jours par les actualités et l’évolution du quotidien. Cette réalité risque même de nous sauter au visage de façon terrible dans les décennies à venir. Si ma libéralité (supérieure à la votre?) m’interdis d’affirmer que ce qui nient cette évolution sont eux-mêmes des « imbéciles indécrottables », j’invite quand même chacun à se pencher sur la question qui mérité un débat sérieux plutôt que des invectives.

    Un débat sérieux signifie la possibilité de renoncer à ce que l’on croit. Je n’ai de mon côté, rien d’anti-libéral au sens ou vous l’entendez. C’est le libéralisme en tant que « dogme » qui est je pense, condamnable. Je crois pour autant certains principes libéraux nécessaires. Michéa ne dit pas le contraire en réalité (il n’attaque pas la révolution dans ses principes!). Prémunissons donc de toute forme d’idéologie, et tentons d’analyser l’histoire et le réel avec la plus grande précision…cela vous donnera peut-être raison sur certains points…mais validera je crois, une grande partie de l’analyse « michéenne ».

    • EMERY

      Amusant, ce monsieur qui dit, à juste titre, que toutes les idéologies sont mensongères et en fait lui-même. Certes, il manie très bien le « logos », mais ne doit sûrement pas savoir planter un clou. Car ce que pointe remarquablement bien Michea depuis un bail, tout individu du bas de l’échelle le vit au quotidien, et dans le monde réel, pas dans le monde de l’idéologie.
      Ce qui gêne en fait ses contradicteurs depuis le début, c’est que Michéa pense à parti du réel. Comme disait
      Alexandre Vialatte en concluant ses chroniques ;  » l’éléphant est irréfutable ».
      Et cela embête bien tous ceux qui théorisent à l’infini sur Friedman ou pas Friedman, Hayek ou pas Hayek, Adam Smith ou pas, etc,…. et ce dont se fichent, par exemple, les 900 ouvriers de Gad mis à la porte comme des malpropres.
      Il est vrai qu’on a rarement vu un intello, universitaire ou autre, se faire jeter à Pôle emploi !

      F. EMERY

  2. Vae Victis

    Quoiqu’on en dise, Michéa, avec son côté Debordien, a le mérite de mettre un peu de vinaigre sur les plaies béantes d’une gauche qui, trop souvent, a rompu les ponts avec les classes populaires. Le problème est qu’il le fait trop souvent avec le vinaigre frelaté de l’idéologie antilibérale.

    A l’instar du Diable dont la ruse suprême est de faire croire qu’il n’existe pas, l’idéologie antilibérale tire sa force de ce que non seulement ses gourous ont le monopole de toutes les tribunes, mais qu’ils s’y déploient au cœur d’un ballet de laser et d’un gigantesque sons et lumières suggérant des geôles et des catacombes; cette mise en scène vise à faire croire au spectateur qu’aurait triomphé ce qu’ils appellent une idéologie libérale, et qu’en vertu de celle-ci, eux seraient obligés de se planquer.

    Cette escroquerie repose sur le savant entretien d’un malentendu, à savoir que si le libéralisme a bel et bien remporté la guerre des faits, si ses contempteurs ont tous en commun d’être assis sur d’impressionnantes séries d’échecs absolus ou de démentis sanglants, ces preuves accumulées de ce qu’ils devraient en toute logique passer la porte de l’histoire à coups de pieds sont présentés par leurs soins comme autant d’attaques contre leurs personnes et leur vision du monde, lesquelles seraient lancées par une sorte d’Adam Smith tout puissant qui aurait dans sa poche la clef de tous les crachoirs.

    Par définition, toute idéologie est mensongère dans la mesure où elles reposent sur une réécriture de l’histoire et du réel visant à les confirmer, et l’antilibérale est entre toutes celle qui échappe le moins à cette règle.
    Pour cerner d’un coup d’œil l‘énorme fatras de bobards sur lequel repose cette doctrine, rien de mieux que de s’arrêter sur la notion de common decency que ses maîtres à penser évoquent à foison, soit ce code de bienséance et d’humanité que de façon mécanique, le libéralisme piétinerait toujours plus à mesure qu’il triomphe.
    Ce procès en indécence peut au fond se résumer par quelques mot du théoricien de la common decency que je m’en vais vous livrer de ce pas:

     » Il est vain de souhaiter, dans l’état actuel de l’évolution du monde que tous les êtes humains possèdent un revenu identique. Il a été maintes fois démontré que, en l’absence de compensation financière, rien n’incite les gens à entreprendre certaines tâches. Mais il n’est pas nécessaire que cette compensation soit très importante. Dans la pratique, il sera impossible d’appliquer une limitation des gains aussi stricte que celle que j’évoquais. Il y aura toujours des cas d’espèce et des possibilités de tricher. Mais il n’y a aucune raison pour qu’un rapport de un à dix ne représente pas l’amplitude maximum admise. Et à l’intérieur de ces limites, un certain sentiment d’égalité est possible. Un homme qui gagne trois livres par semaines et celui qui en perçoit mille cinq cent par ans peuvent avoir l’impression d’être des créatures assez semblables [can feel themselves fellow creatures] ce qui est inenvisageable si l’on prend le duc de Westminster et un clochard de l’Embankment. » George Orwell, le lion et la licorne.

    Ce que cela sous-tend, c’est que l’écart de revenus (bien réel) qu’engendre toujours plus le système libéral à mesure qu’il s’étend accroîtrait toujours davantage la pauvreté des moins bien lotis, et surtout que cet écart ferait des riches et des pauvres des créatures toujours plus dissemblables, au point qu’à terme ils ne feraient plus partis de la même humanité.

    Il n’y qu’une chose à dire de cela: C’est faux. Monstrueusement faux. Diaboliquement faux. Osons le dire, il s’agit du plus gros mensonge de propagande qui ait été proféré au cours d’un siècle dont par euphémisme, on dira qu’il n’en fût pas avare.

    C’est le plus gros d’entre tous car les millions de personnes qui le reçoivent pourraient sans la moindre culture livresque et même sans faire le plus petit effort d’abstraction s’apercevoir qu’il s’agit de la couillonnade la plus volumineuse qui puisse être donné d’entendre… Je peux, en me forçant, concevoir que l’on ait cru au petit père des peuples, à la secte Raëlienne et à ses prophètes interplanétaires, au débarquement des petits gris place de la Concorde, a l’accès aux œuvres de Joyce par la masse via les professeurs des lycées techniques, aux boulangères qui s’enticheraient d’Hamlet sur les banc du théâtre-national-populaire, aux six numéros gagnants, à la sincérité de cette enflure qu’on appelle Pierre Perret quand il se force à rire, enfin pour le dire d’un mot à toutes les sottises que l’on voudra, à exception de celle-là.

    Le triomphe de l’économie capitaliste coïncide rigoureusement avec une progression des conditions de vie des classes laborieuses inédite dans l’histoire de l’humanité, et ce dans toutes les parties du monde. Qui plus est, en dépit des crises et des secousses, ce mouvement n’en finit pas, et chacun peut le constater en faisant un retour en arrière de seulement vingt ans, qu’il appartienne à la classe ouvrière française et qu’il médite cela devant sa piscine ou qu’il soit éthiopien et réalise que l’argent venu de la machine capitaliste à fait faire en quelques années à son pays le bon démographique qu’en s’enrichissant, l’Europe avait fait en 250 ans.

    Le bobard d’ampleur sidéral et sus décrit s’accompagne généralement d’un autre, à savoir qu’à chaque triomphe supplémentaire, le système libéral imposerait un peu plus la valeur argent, qu’il serait toujours plus aisé voire même recommandé d’afficher le sien et qu’aujourd’hui plus qu’hier, les relations humaines seraient réglées à cet aune.

    En réalité, jamais il n’a été d’aussi mauvais ton d’afficher son fric, jamais il n’a aussi peu impressionné la cantonade et pour le démontrer, je m’en tiendrais à trois exemples:

    1: Au temps du gaullisme triomphant que les idéologues de l’anti-libéralisme présentent souvent comme une espèce d’âge d’or de l’ascétisme qui ferait contraste avec l’ère du bling-bling personnalisé en 2008 par le président Sarkozy, en 2017 par le Président Trump, le tout puissant Pompidou posait dans sa Porche, c’est vêtu tout en blanc comme le premier julot casse croûte venu qu’il passait ses vacance à Saint-Tropez, et cela sans que même l’aile dur de la C.G.T n’y trouve à redire.

    2: Quiconque regarde les films – ou se replonge dans les romans – Jean de Florette et Manon des sources peut voir combien dans nos campagnes du siècle passé, encore toutes pétries de catholicisme et de valeurs ancestrales, l’or des coffres et l’argent pendu au cou suscitaient un respect qui vaudrait aujourd’hui aux mêmes flambeurs de se faire crever les pneus de bagnoles et tutoyés d’office au bistrot, histoire que le pécunieux sache que le pouvoir ne se tient plus là.

    3: N’oublions pas enfin ce que le Roman français du XIX ème siècle nous apprend sur la propension et même l’obligation que les courtisanes de ces temps avaient de signifier leurs entrées dans le grand monde en agrafant des diamants sur leurs bottes, en faisant pendre à leur cou la moitié de ce qu’elles avaient pris à leurs vieux beaux, et cela sans qu’aucun poète de l’académie ou de l’underground ne s’en offusque et crie à l’indécence dans ses vers.

    Disons pour conclure à ceux qui crient à la sacro-sainte « perte de sens » au sein de la société marchande qu’ils sont des imbéciles indécrottables, qu’ils oublient juste que ce système reposant sur la consommation en masse de produits parfaitement inutiles implique la réduction drastique des coûts de ce qui est indispensable, et qu’il n’a paradoxalement jamais été plus aisé de mener une vie spartiate et contemplative qu’à l’ère du Coca-cola triomphant. S’il ne faut à leur bonheur qu’une table, deux chaises, un vélo, un abonnement à la bibliothèque, des boulettes de viande dans leur riz, un lot de chemise à carreaux pour toute la décennie et des journées entières à lézarder, ils peuvent trouver tout cela sous l’aile de la marchandise toute puissante, tandis qu’à des époques dont-ils font bien a tort une description flatteuse, ils auraient eu la même chose mais sans le loisir, les promenades en bicyclette et la vie simple et tranquille qu’ils tiennent pour l’horizon indépassable de l’existence humaine.

    Enfin, disons-le d’un mot, non content d’être d’un mauvais lecteur de la tradition libérale (http://revue-arguments.com/articles/index.php?id=7 Michéa), est aussi un antilibéral et de fait un approuveur du monde de facture très classique, et s’il suffisait de se faire rare et de grommeler contre l’atomisation de la société pour mériter les palmes de la dissidence, on ne saurait plus quoi faire de ces candidats à la ciguë.

    Bien pires et plus nuisibles que l’approuveur du monde se réjouissant bruyamment du désastre et finissant toujours par agacer l’oreille, il y a Jean-Claude Michéa et tous ses pareils, ceux qui parlent de la décadence en désignant le même ennemi que le décadent….Nous pourrions appeler ça le syndrome de Pétain, du nom de celui qui flétrissait les responsables de la défaite sous la protection de ceux qui nous l’infligeait… Entre le modernolâtre bougiste à roulettes aspirant à la fin de l’histoire et du récit, et le réactionnaire tout moisi qui rêve d’un monde immobile en pleurant ses fromages de têtes, il y a la même envie furieuse d’en finir avec la geste occidentale et son odyssée, mais j’ai dans l’idée que le second se glissera plus facilement dans les fourgons de l’étranger que le premier…Quand l’occident sera tombé en ruine, il y aura longtemps que le festif à roulettes se sera fait trancher la gorge, tandis que les nostalgiques tous moisis verront s’ouvrir devant eux de jolies carrières de Kapo.

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