Premier film de Marie Garel-Weiss, La fête est finie s’attaque à un sujet trop rarement traité au cinéma, du moins, aussi frontalement : la drogue et parvient à donner une dimension universelle à des trajectoires chaotiques et singulières.

Ici, nous suivons la bouillonnante Céleste et l’altière Sihem qui se rencontrent en centre de désintoxication, s’en font renvoyer et doivent composer avec l’horizon noir, voire bouché de l’après. Leur amitié se révèlera à double tranchant, mais pourtant…
La Fête est finie semble cumuler les archétypes d’une certaine forme de cinéma français, au plus près des personnages dans un jeu ultra réaliste, filmés donc souvent en gros plans à l’épaule. Dès que le cadre s’élargit – au sens propre – et accueille leurs pairs, le film prend son envol. Paradoxalement, lorsque la réalisatrice se focalise moins sur elles, abandonnant ses plans serrés, parfois asphyxiants pour inclure l’extérieur, elle fait mouche et touche ; et l’empathie avec les deux héroïnes s’accroit.
Au début, Céleste et Sihem sont comme des thèses, deux facettes de l’addiction à la drogue. Quand elles se retrouvent dans les groupe de parole (celui du centre de désintoxication, mais surtout celui des Narcotiques Anonymes) apparaissent alors des vraies personnes, plus crédibles et plus marquantes que des personnages. L’entourage des deux femmes, composé de nombreux non-professionnels (surtout aux N.A) explose tous les curseurs du cinéma naturaliste : on est avec des personnalités fortes et fragiles, cabossées, dignes, vaillantes. C’est là, une des grandes réussites du film. On a rarement vu un groupe aussi soudé et crédible, rien de didactique dans la prise de parole.
Deuxième point fort : l’amitié indéfectible des deux jeunes femmes, même quand elle est toxique.
Outre qu’il y a peu de films dont le sujet est la drogue sans l’esbroufe, la flambe ou le misérabilisme, l’Amitié n’est pas si souvent aussi justement traitée au cinéma, non plus. Le duo Clémence Boisnard/Zita Hanrot fonctionne parfaitement ;  elles ont d’ailleurs déjà récolté plusieurs prix d’interprétations en binôme. Enfin, troisième point qui retient l’attention : un scénario fin qui évite nombreux écueils : l’escapade nocturne des deux femmes qui pourrait virer au glauque, l’ascendant que pourrait avoir l’une sur l’autre… Et les personnages de surprendre dans leur évolution.

Dans une interview, la réalisatrice Marie Garel-Weiss confie que

Parfois la drogue ou l’alcool ne sont pas le symptôme d’une envie de mourir mais au contraire d’une telle envie de vivre que tu as du mal à la canaliser. Cette vitalité, j’avais envie qu’elle transpire dans le film.

Pari réussi.

Un premier film attachant qui ouvre une brèche prometteuse pour un sujet tabou, traité avec une grande justesse. L’émotion atteint son acmé lors des scènes de groupe, confessions cathartiques, parfois drôles, toujours intenses. La Fête est finie parle avec pudeur et tonus des problèmes de dépendance et acquiert une dimension universelle par les liens tissés entre les protagonistes, Sihem et Céleste en premier et ceux avec le groupe de parole ensuite.

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