Après la claque Chouf en 2015 et le très beau documentaire Revivre en février dernier, Karim Dridi revient à la  fiction avec Fainéant.e.s, son dixième long-métrage.

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Nina et Djoul sont deux amies inséparables. Fraîchement expulsées de leur squat, elles prennent la route sans autre idée que s’amuser, faire la fête et profiter de la vie. Leurs choix les conduiront un peu partout, de petits boulots en fêtes, de rencontres en disputes, d’aventures en aventures et d’errances en réconciliation. 

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Portrait intimiste et résolument moderne de deux personnages tels que les affectionne Karim Dridi – c’est-à-dire épris de liberté et déterminés à tracer leur chemin au mépris total des obstacles qu’ils rencontrent – Fainéant.e.s (premier film du cinéaste entièrement porté par des femmes) s’inscrit également dans la lignée des films de son auteur nés d’une préparation longue (trois ans) opérée sur le terrain (en l’occurrence, d’authentiques squats) avec des acteurs non-professionnels. Nina et Djoul sont donc interprétées par les actrices Faddo Julian et .jU. – toutes deux punks et amies dans la réalité – ces dernières trouvant ici deux rôles forts et une histoire écrits sur-mesure pour elles par Karim Dridi et la scénariste Emma Soisson (également co-productrice du film).

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Cinéaste prolifique et polyvalent, auteur depuis 1995 d’une filmographie allant (pour ses fictions) de la tragédie au mélodrame, le tout souvent marqué par des thématiques sociales fortes – l’une de ses plus grandes réussites reste à cet égard sa « trilogie marseillaise » comprenant Bye-Bye (1995), Khamsa (2008) et Chouf (2015) – Karim Dridi se fait, avec Fainéant.e.s, plus doux qu’à l’accoutumée. La chose se ressentait déjà dans Revivre (bien qu’il s’agît d’un documentaire) mais ce dernier opus vient confirmer que le regard du réalisateur, qui plonge ici dans le monde des punks à chiens au sein duquel vivent ses deux héroïnes, évolue désormais vers un optimisme surprenant – tout particulièrement lorsqu’on connaît ses précédents films – offrant ainsi l’un des longs-métrages les plus solaires de sa carrière. 

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Attaché à traduire à l’écran – sans le trahir – l’épicurisme et l’esprit libertaire de ses personnages, Karim Dridi, s’il s’autorise à aborder tous les aspects les plus amers d’une relation (jalousie, conflit, séparation…) refuse en effet toute tragédie et signe une histoire d’amitié douce-amère, mais profondément touchante. 

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Embarquant son spectateur au coeur d’un mode de vie alternatif fait de fêtes et de système D, Fainéant.e.s s’impose ainsi comme un vibrant hymne à la liberté porté par deux personnages hors-normes et fiers de l’être, qu’on ne comprend pas toujours mais dont l’amitié plus forte que tout ne peut qu’émouvoir. 

D’un optimisme inespéré, Karim Dridi signe avec Fainéant.e.s une très belle histoire d’amitié et l’un de ses films les plus sensibles. 

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