Entretien avec Thomas Cailley pour « Le Règne animal »

En 2014, l’excellent Les Combattants révélait Thomas Cailley. Neuf ans plus tard, le voilà de retour sur grand-écran avec l’ambitieux Le Règne animal, son deuxième long-métrage. À l’occasion de sa venue à Lyon pour une avant-première du film, nous avons pu nous entretenir en sa compagnie autour de ce Blockbuster d’auteur hybride et inhabituel…

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Copyright 2023 NORD-OUEST FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 2 CINÉMA – ARTÉMIS PRODUCTIONS

Quelle a été l’impulsion du Règne Animal ?

Je venais de faire une série pour Arte, Ad Vitam, qui explorait la question de l’éternité et parlait ainsi beaucoup de la mort. C’était passionnant, mais en conséquence j’ai eu ensuite envie d’un projet qui évoque la vie, la diversité du vivant pour être précis. J’ai cherché cela un moment jusqu’au jour où j’ai fait la rencontre déterminante de Pauline Munier, une étudiante en scénario dans mon ancienne école de cinéma (ndlr : la Fémis). J’étais invité pour participer à un jury de lecture de scripts. Elle avait écrit une première version de scénario dans laquelle certains personnages avaient des traits animaux. Le récit était assez différent mais cette hybridité m’avait intéressé. Nous en avions parlé tout de suite, je lui avait dit « si vous voulez faire un film, je veux bien vous aider et si vous n’avez pas l’ambition de réaliser un film, j’aimerais bien qu’on parle de cette idée, que l’on voit comment en faire une histoire que je réaliserai ». Nous avons commencé un travail côte-à-côte et à quatre mains qui a duré deux ans. Nous avons mis environ six mois à trouver l’histoire qui dans les grandes lignes allait devenir celle du film. Dans son scénario de départ, Pauline développait la mutation par cycles, cela venait et repartait mais les transformations n’allaient pas jusqu’au bout. Ensemble, nous avons décidé que la mutation allait être un mouvement très réaliste, progressif et inexorable. Nous voulions aussi que l’intrigue se déroule à l’intérieur d’un contexte très ancré dans la France d’aujourd’hui tant sur le plan territorial que sociologique

En parlant de territoire pourquoi avoir choisi le Sud-Ouest et ses impressionnantes forêts ?

Je viens de là, j’ai grandi près de Bordeaux ! Je suis arrivé dans cette région à l’âge de dix ans. J’ai eu la chance de découvrir cet endroit avec l’imaginaire d’un enfant. J’ai des souvenirs clairs à l’arrière de la voiture de mes parents où je suis en train de regarder ces ciels infinis, ces forets immenses. C’était pour moi des décors de cinéma, des territoires de fiction, je me demandais ce qui pouvait se passer dedans. Les possibilités me semblaient infinies. J’avais déjà tourné mon premier film dans les Landes de Gascogne et j’avais découvert des sortes d’oasis au cœur de ces forêts, de prime abord assez silencieuses et industrielles. Je m’étais trouvé face à des paysages qui ressemblaient à l’état de ce territoire probablement avant le XVIIIème siècle, voire plus loin encore. Des hectares entiers de forêts primaires, il s’agit peut-être des dernières. La faune et la flore sont très denses, très bruyantes. Il y a une dimension très anarchique, on passe en quelques mètres d’espaces plantés et artificiels à d’autres complètement sauvages. C’est très émouvant, comme si la nature se réveillait et se mettait à hurler, à faire du bruit. On pénètre dans un univers désordonné et chaotique. Ce trajet est devenu celui du film. Depuis que je réalise, j’ai pris l’habitude de commencer l’écriture par une phase de repérages. J’avais cette sensation avant d’écrire avec Pauline et c’est resté un fil rouge tout au long de l’histoire. Nous avons fait l’effort de chercher et de trouver des décors qui racontent cela. Au début du film, nous voyons une forêt avec des pins alignés, puis nous nous enfonçons dans l’histoire et nous observons une forme d’humidité, un changement de couleur… Elle est très jaune et un peu sèche puis à la fin elle devient verte/bleue…Pour toutes ces raisons, je n’envisageais pas de tourner ailleurs.

Le tournage a été perturbé, entre autres, par des incendies.

Nous avons été percuté par plusieurs anomalies (j’ignore si ce terme est encore pertinent) climatiques. Nous avons débuté en période de sécheresses et de canicules, avant de faire face à des orages de grêle puis de devoir interrompre le tournage au pire moment. À la moitié du film, le département entier s’était mis à brûler. 40 000 hectares sont partis en fumée en à peine quelques semaines et avec eux nos décors. Ce fut un sinistre pour le film qui a été mis en pause. Nous avons renvoyé l’équipe tandis que je suis resté dans la région sous une pluie de cendres en quêtes de décors de substitution. J’ai trouvé quelques dernières poches de cette forêt très particulière. Nous avons la chance de réussir à sauver la forêt à l’image, j’en suis très content, mais j’ignore combien de temps elle pourra survivre dans le réel. Ces endroits très difficiles d’accès et très secs, sont de véritables poudrières.

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Le film oscille entre plusieurs registres allant du fantastique au drame, il brasse des notions et des thématiques assez plurielles. Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre ces différentes aspirations ?

Le genre a souvent été une manière d’aborder des problèmes politiques et sociaux. C’est une façon de le faire qui rend à mon sens les histoires plus fortes et plus universelles. Nous pouvons taper directement où cela fait mal. À l’écriture, nous nous sommes rendu compte très rapidement de la beauté du concept de mutation. Si nous nous parlons aujourd’hui en tant qu’êtres humains, c’est parce que cette notion a fait son oeuvre depuis plusieurs millions d’années. La mutation part de l’intérieur et va vers l’extérieur, quelque chose se passe dans le corps et finit par devenir visible. Cela bouleverse les interactions sociales et peut à terme changer le monde. Nous avons essayé d’utiliser cette idée tel un relais à tous les sujets que nous avions envie d’aborder, en essayant de les tresser et de les traiter ensemble. J’espère à travers ce postulat, embrasser les questions du récit d’initiation et d’émancipation : Que veux dire être adulte, changer, l’adolescence… Globalement tout ce qui se passe autour d’Emile. La mutation permet aussi autour de lui de parler de sa relation avec son père. Qu’est-ce c’est la transmission ? Qu’est-ce que la parentalité ? La filiation ? Qu’est-ce que c’est que d’hériter d’un monde, de le léguer, de le réinventer ? Qu’est-ce que l’évolution et la transmission, dans un récit où le père évolue largement autant que son fils ? Au-delà de ces deux personnages, comment est-ce que nous nous positionnons moralement à l’intérieur d’un monde qui bascule, au sein duquel des pulsions sécuritaires se réveillent accompagnées d’instincts de rejet et de haine ? Comment fait-on monde avec quelque chose, avec ce qui est non-humain autour de nous ? Cette mutation naturelle, progressive, observée sur un plan réaliste m’intéressait car subitement nous effacions la frontière théorique entre l’homme et le reste du vivant pour simplement regarder ce qui se passe. Il en résulte un trouble qui je crois, peut faire naître de nouvelles questions. Il était alors possible de s’interroger différemment par rapport à notre planète et à ce que nous en faisons.

Le personnage de François est un homme de convictions et de contradictions. Vous sentez-vous proche de lui ?

Il est incapable de mettre en accord ses paroles et ses actes, ce qui pour le coup est quelque chose d’assez universellement partagé. Nous sommes tous très forts pour donner des exemples qu’il est ensuite difficile de s’appliquer dans la vie quotidienne. Je me suis beaucoup inspiré de mon propre père pour le personnage avant d’écrire ce film avec Pauline, tout en étant père moi-même. Je l’ai pensé à la fois en tant qu’enfant de et en tant que père de. Je me suis mis dans la peau des deux.

Comment avez-vous pensé et réfléchi les différentes mutations des personnages ?

Nous avions pour projet de représenter toutes les strates de la classification des espèces. Émile, par exemple, je voulais qu’il soit dans un territoire de mutation qui ressemble à celui que connaît sa mère, nous avions donc en tête un mammifère. Cependant, au début de l’écriture, nous étions clairs sur l’animal que devait être chacun et ce à quoi il devait ressembler à la fin de sa transformation. En avançant dans la réalisation, nous nous sommes rendus compte que cette idée nous intéressait moins. Finir l’évolution vers quelque chose que nous connaissions déjà était décevant et générait une impression de retour en arrière. Nous avons donc cherché à faire exploser cet aspect et à avancer pas-à-pas avec les acteurs qui interprétaient les créatures. Nous avons essayé de comprendre ensemble vers où ils muteraient, vers quel espace et en quelle espèce. Fix, l’homme-oiseau qui est joué par Tom Mercier était un héron-cendré au scénario, sauf qu’en le rencontrant il dégageait totalement autre chose. Il un truc très puissant, notamment dans les jambes, il est alors devenu un rapace. Parfois, les choses se sont faîtes également dans l’autre sens. Nous avions un garçon-calamar dans le scénario mais il se trouve que durant la préparation, je tombe sur la vidéo d’une danseuse contemporaine. Elle avait développé une chorégraphie dans laquelle elle « abolissait » tous les angles de son corps et circulaire. Nous avons travaillé avec elle et transformé le personnage en jeune femme poulpe. Nous avons moulé son visage, prolongé ses bras avec des prothèses en latex articulé, sous lesquelles se trouvent des gaines prolongées en VFX afin de faire d’autres tentacules… En plus, elle est aidée par des câbles, dans son cheminement et dans sa course. J’étais excité à l’idée de disposer d’effets spéciaux à la Méliès, pas loin de l’origine du cinéma mais aussi de nouvelles technologies proches de l’intelligence artificielles avec une centaine de personnes qui travaillent derrière un ordinateur autour de modélisations complexes. Pour chacune de ces mutations, nous sommes partis du corps des acteurs et nous avons mis le dispositif à leur service et ce qu’ils étaient capables de proposer. Quitte à engager des gens qui ont des compétences ou des corps particuliers.

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Comment avez-vous élaboré le casting du film ?

De la manière la plus déductible et organique possible. Nous avons donc commencé par chercher le centre, à savoir Emile. Ma rencontre avec Paul Kircher fut absolument bouleversante, j’ai tout aimé chez lui ! À partir de ce choix, il me fallait trouver qui pouvait jouer son père. Je trouvais à Paul une ressemblance physique avec Romain Duris, j’ai alors commencé à penser à lui. Étonnamment, il s’est passé quelque chose lors de son troisième essai, il a éclaté de rire, j’ai eu l’impression d’entendre Romain dans Le Péril Jeune, c’était frappant. Il y avait les mêmes éclats, un truc hyper incandescent, joyeux, très lumineux à l’intérieur… Il se trouve que Romain est vraiment à l’origine même de ma cinéphile française. J’avais treize ans au moment du Péril Jeune, 14 à la sortie de Gadjo Dilo, je l’avais suivi depuis le début : j’étais heureux de le rencontrer. Le duo avec Paul a marché, de manière très évidente dès le départ, il y a eu quelque chose de magique. Si ce n’avais pas été le cas, nous aurions dû changer car mes convictions personnelles ne pèsent pas lourd face à la crédibilité d’un couple d’acteurs. Quant à Adèle, elle nous a fait un cadeau en rejoignant le film. À l’époque elle ne jouait quasiment que des premiers rôles ce qui n’est pas vraiment le cas ici. J’avais envie d’elle parce que je la trouve hilarante, d’un naturel et d’un aplomb qui me semblent correspondent parfaitement à ce personnage. Elle a adoré le scénario, mais elle était un peu déçue au départ de ne pas jouer de créature, elle m’a mangé la tête pendant plusieurs semaines avec ça. Après, il est permis de se demander si cette gendarme qu’elle interprète, n’est pas elle-même en train de muter…

Pouvez-vous revenir sur votre collaboration avec Andrea Lazslo da Simone à la bande-originale ?

Son EP, Immensità, qui est un chef d’œuvre absolu est sorti en 2019. Je pense que beaucoup ont été touché par cet album, il contenait un truc de l’époque à la fois très fort et bouleversant. Ce fut ma bande-son de confinement, j’étais en train d’écrire durant cette période et ça nimbé toutes mes journées, toute l’écriture. J’ai écouté les quatre titres en boucle pendant près de trois mois. La chanson Immensità, me donnait l’impression de raconter un désir utopique d’appartenir à un monde plus grand, sans frontières, à l’intérieur d’une cosmogonie harmonieuse. Plus tard, je l’ai faite traduire puisque je ne parle pas du tout italien et il s’agit finalement d’une déclaration d’amour à ses enfants. À la fin de l’écriture nous l’avons contacté, il a lu le scénario et l’a vraiment aimé… Peut-être parce qu’il s’agit d’une histoire d’amour entre un père et un fils, cela a dû le toucher. Nous avons ensuite procédé manière classique, nous lui avons faire parvenir quelques séquences pré-montées et il nous a proposé des choses qui d’emblée étaient très fortes. La collaboration a été simple, il travaille énormément et a un talent fou. Il a une qualité rare, celle d’être un immense mélodiste. Il est capable de prendre beaucoup d’espace avec très peu de notes. Je crois que le film avait besoin de quelques chose qui soit à la fois très organique, très lyrique et potentiellement très épique. Sa musique est très expressive et possède ces trois facette. De plus, à l’exception de la clarinette il joue tous les instruments, il a un côté chef d’orchestre. Tout semble simple, tout surgit de lui même, du même élan, il est allé jusqu’à enregistrer sa respiration et ses pulsation cardiaques pour la bande-originale !

Est-ce que le titre s’est imposé tout de suite ?

De mon point de vue, les titres marchent souvent par couches. On évoque des titres, puis ils évoluent jusqu’au moment où ils arrêtent de changer. J’aimais celui-ci car il portait en lui quelque chose de très frontal. Il nous obligeait à rester dans un registre de la variété du vivant. Nous ne pouvions pas nous contenter de monter deux créatures. À partir du moment où le film s’appelle Le Règne animal, il nous fallait explorer toutes les branches de la classification, montrer autant des des mammifères que des reptiles, des volatiles, des arthropodes… J’aimais ce projet d’ouverture plus large, plus universel.

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Avez-vous un regard sur l’affiche du film ?

Je l’aime beaucoup. Cette idée de noyer Émile et François dans les fougères est la proposition d’un graphiste. La fougère a été une obsession du tournage notamment à cause des incendies qui nous ont contraint à tourner durant une saison qui n’était plus du tout la bonne. Nous avons du nous rapprocher de zones humides et chercher des fougères dans les fossés, les replanter plan par plan dans tous les espaces du cadre… C’était vraiment un enjeu particulier ! Je suis donc très heureux d’en voir autant à côté des acteurs. C’est marrant parce que cette affiche est un peu la même que celle des Combattants : deux personnages de profils qui ne regardent pas tout à fait dans la même direction, ça pour le coup c’était ma volonté.

À la sortie des Combattants en 2014, il a été dit que vous aviez ouvert une brèche dans le cinéma d’auteur fantastique français, un espace dans lequel allaient s’engouffrer d’autres cinéastes…

Une brèche dans laquelle je suis rentré pendant neuf ans !

Justement, ressentiez-vous une pression à faire ce deuxième long-métrage ?

Oui et non. Je crois que j’ai soigneusement évité de faire des deuxièmes fois pendant un moment. J’ai fait un court-métrage, je n’ai jamais fait le second, j’ai fait un premier long avant de mettre neuf ans à faire le deuxième, j’ai réalisé une pub, un clip, une série… Je suis arrivé à un stade où je ressentais le besoin de me lancer. Commencer une série ou un long-métrage de cinéma ne demande pas totalement la même énergie ni la même nécessité : à l’écriture, l’approche est différente. Schématiquement, sur une série, nous nous saisissons d’un thématique et nous créons des arborescences autour d’elle, il y a un truc joyeux à tracer des fils et des destinées de personnages : c’est foisonnant. Il y un un processus inverse sur l’écriture d’un long-métrage. Nous disposons d’un espèce de bloc et nous tapons dedans de manière obsessionnelle pendant quatre ans pour en faire ressortir le centre. Après Les Combattants, j’avais envie d’une écriture plus foisonnante et plus ludique, ce qui me semblait davantage correspondre à une série. Enfin, je crois, c’est en tout cas ce que je me raconte aujourd’hui. A contrario, après Ad Vitam, j’avais à nouveau ramassé un ensemble sur lequel je pouvais travailler et piocher…

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Propos recueillis à Lyon le 28 septembre 2023, un grand merci au cinéma Comœdia, aux journalistes présents dont certaines questions ont pu être reprises ainsi qu’à Thomas Cailley.

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