Ce n’est certes pas l’originalité qui vient à l’esprit en pensant à M3GAN, qui par son titre fait songer au récent Morgan du fils de Ridley Scott, mais bien son efficacité old school de série B recyclant habilement ses nombreuses références. Co-scénarisé par James Wan, cette production Blumhouse n’a certes pas la folie démesurée d’un Malignant mais dispose de suffisamment d’atouts pour convaincre un public récalcitrant devant un cinéma de genre bien moribond.
Certes, toute la mise en place est conventionnelle mais permet de dessiner les contours de personnages crédibles, d’instaurer progressivement une ambiance parfaitement gérée, non dénuée d’émotion.
M3GAN: Violet McGraw

Copyright 2022 UNIVERSAL STUDIOS

Tout débute par un malheureux accident de voiture par temps neigeux. La jeune Cady, 8 ans, perd ses parents, décédés sur le coup. Elle est envoyée chez sa tante Gemma, brillante chercheuse en robotique dans une entreprise de jouet. Elle est en train de concevoir un prototype révolutionnaire, M3gan, avec 3 à la place du e, miracle technologique, sorte de cyber poupée dont l’intelligence artificielle est programmée pour être l’amie le plus proche des enfants et l’alliée imparable des parents. Ce clone esthétiquement plus séduisant que Chucky dans sa conception, est à l’écoute de nos gosses,  observe et apprend tout en multipliant les fonctions de confident, protecteur, camarade de jeu et aussi de moralisateur. Célibataire un peu à côté de la plaque affectivement, débordée de travail, Gemma ne se sent pas capable d’assumer son rôle de parent de substitution. Elle décide donc de lier M3gan, encore en développement, à Cady, toujours sous le choc du drame. Très vite, les liens entre la poupée et la petite fille dépassent les espérances de réussite d’un point de vue technique. Mais Megan commence à développer une autonomie, qui vous le devinez sans peine, aura des conséquences catastrophiques.
M3GAN

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Huit ans après l’intéressant Housebound, le néozélandais Gerard Johnstone revient derrière la caméra pour un spectacle plaisant, équilibre bien dosé entre méchanceté assumé et mélancolie sur l’impossible deuil. Par ailleurs, toute la première partie n’est pas sans rappeler Small Soldiers de Joe Dante entre les scientifiques naïfs mais un brin irresponsables et les promoteurs avides de succès à tout prix, quitte à brûler des étapes dans la confection du jouet parfait. Et comme chez Dante, il s’agit encore de raconter l’histoire d’un dérèglement dont les premiers fautifs sont issus du comportement des adultes ou, comme c’est le cas ici, lors d’une séquence bien jouissive, d’un gosse adoptant une attitude de futur psychopathe. L’une des grandes réussites du film tient au design particulièrement soigné de cette poupée alternant synthèse et animatronique comportant son lot de séquences impressionnantes, dont un hommage délirant aux kaiju-eidja, les films de fantômes japonais. La désarticulation très graphique de M3gan offre quelques instants de pures trouilles bien distillées.
La mise en scène, fonctionnelle mais élégante, sert un scénario bien écrit, malgré quelques longueurs dans sa première heure avant le déchainement final qui n’a rien à envier aux meilleurs opus de la saga Chucky. Le film n’a que très peu recours aux jump-scare et préfère installer tranquillement son ambiance plutôt que d’aligner les plans cut, plaies du cinéma horrifique actuel.
M3GAN: Violet McGraw

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Certes, le climax final est un peu décevant, et surtout déjà vu, dans une sorte de variation expédiée de Terminator. Passé ce petit bémol, M3GAN, sans rien révolutionner, est un formidable petit film d’horreur, fort bien interprété par la toute jeune Violet McGraw, très émouvante, qui forme un couple saisissant avec la cyber poupée, la plus classe que l’on ait pu voir sur un écran. Et pas de doute, si le succès est au rendez-vous, il est probable qu’une suite soit envisagée. Si ce n’est déjà fait. Pour les salles de cinéma ou pour les plateformes, nouveau refuge des anciens direct-to-video.

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