Becky est une jeune adolescente de 13 ans qui a récemment perdu sa mère emportée par le cancer. Les relations avec son père, Jeff sont assez tendues. Une rage intérieure qui ne demande qu’à exploser l’habite, ce qui finalement tombe à pic ! Lors d’un séjour dans leur maison de campagne en plein cœur d’une forêt, Jeff annonce à sa fille, en présence de sa nouvelle compagne Kayla et de son fils, qu’ils ont l’intention de se marier. Furieuse, Becky quitte le domicile et part s’isoler avec son chien dans une petite cabane. Pile au moment où 4 fugitifs se réfugient dans la demeure et prennent en otage cette famille recomposée. Très vite au courant de la situation, Becky prend les choses en main. Au lieu de subir, elle décide de passer à l’action. C’est même l’occasion rêvée de laisser éclater sa colère, de décompenser en s’en prenant physiquement à ces figures quasi symboliques du mal.  Elle devient, talkie walkie à la main, une sorte de John McClane juvénile déstabilisant peu à peu ses adversaires pour le plus grand plaisir du spectateur.

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Le scénario, très malin et brillamment écrit, notamment dans la caractérisation des personnages, nuançant même l’un des taulards, nazillon tatoué de croix gammées un peu partout sur le corps (formidable Kevin James en contre-emploi), dissémine malicieusement tout un jeu de références qui ne parasite jamais l’évolution d’un récit haletant. Outre Die Hard, les trois scénaristes s’inspirent aussi de certains rape and revenge forestiers, comme La dernière maison sur la gauche ou I spit on your grave, le rape en moins mais la vengeance décuplée en plus. Un hommage plus surprenant est rendu à Frankenstein de James Whale à travers le personnage d’un des tueurs interprétés par un lutteur canadien Robert Maillet qui ressemble étrangement au monstre imaginé par Mary Shelley. Légèrement simplet, cette imposante masse physique au faciès particulier est le seul des taulards en fuite à faire preuve d’empathie, la seule bonne âme à ne plus vouloir être complice les délires d’un chef membre des fraternités aryenne. Kayla et son fils étant noirs la tension s’en trouve décuplée.

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Attention âme sensibles, très rapidement, Becky se déchaine dans une violence graphique sidérante, multipliant les effets gore croquignolets. On peut citer une séquence d’énucléation particulièrement éprouvante, heureusement non dénuée d’ironie. Troisième long métrage du duo Cary Murnion et Jonathan Millot, après Cooties, une comédie horrifique avec Elijah Wood et Bushwick, un thriller militaire, Becky s’avère sans doute le meilleur film d’horreur vu depuis des lustres, méchant et drôle, prenant et frontal. L’humour carbure à un premier degré direct et fort bienvenu. Ce home invasion déroule des trésors d’invention, sans le moindre temps mort. La mise en scène redoutablement efficace ne s’égare jamais, reste constamment à la merci de son histoire. On regrettera tout au plus une bande son un peu envahissante et un découpage trop sec, limite hystérique, nuisant à la lisibilité notamment lors des scènes d’action. Des menus défauts compensés par une modestie alliée à une vraie générosité pour ce petit film d’horreur diablement jouissif qui bénéficie d’une interprétation magistrale, la jeune Lulu Wilson, déjà aperçue dans Ouija, l’origine du mal de Mike Flanagan, en tête. Affublé d’un bonnet avec des oreilles de lapin, elle porte le film sur ses épaules, devenant une action girl badass juvénile au regard bien vénère. Elle assure tellement qu’on souhaiterait la retrouver dans une nouvelle aventure où elle s’en prendrait – au hasard – à des mormons pédophiles leur arrachant les testicules avec les dents. Sinon Becky est dispo en VOD sur Orange et Canal VOD et en DVD chez Program store.

(USA-2020) de Cary Murnion et Jonathan Millot avec Lulu Wilson, Kevin James, Joel McHale, Amanda Brugel

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