Antonio Margheriti (alias Anthony Dawson) représente la quintessence de l’artisan doué mais inégal du cinéma populaire italien. Comme la plupart de ses confrères, il a tâté de tous les genres pour le meilleur (l’excellent Danse macabre) et pour le pire. On lui doit aussi bien des westerns (Et le vent apporta la violence) que des péplums (Les géants de Rome), des films de science-fiction (le soporifique La planète des hommes perdus, un épouvantable ersatz d’Alien intitulé Alien, la créature des abysses) ou érotiques (Les mille et une nuits érotiques), des films d’épouvante gothique (Danse macabre) comme des polars (L’ombre d’un tueur avec Yul Brynner).

Opération Goldman relève d’un genre très à la mode au milieu des années 60 : le film d’espionnage. A la suite du triomphe de James Bond 007 contre Dr No (1962), on vit fleurir en Italie (mais aussi dans toute l’Europe) une flopée d’agents secrets luttant contre de dangereux bandits bien résolus à dominer le monde. Le contexte de Guerre Froide, de conquête spatiale et de développement technologique jouant, bien évidemment, à la faveur de ces fictions fantaisistes.

Si Opération Goldman n’a décidément rien à voir avec un chanteur à succès melliflue, on se demande d’où sort ce titre dans la mesure où le nom de « Goldman » ne sera jamais prononcé dans le film (est-ce qu’il a été choisi dans le seul but d’attirer les éventuels fans de Goldfinger?) Toujours est-il qu’un agent secret, flanqué d’une magnifique partenaire (la somptueuse Diana Lorys qui fit rêver tous les cinéphiles dans L’horrible docteur Orlof de Franco), a pour mission de retrouver la trace d’un savant enlevé tandis que des essais de lancement d’une fusée échouent mystérieusement…

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Le film se divise clairement en deux parties. La première est une sous-jamesbonderie colorée plutôt plaisante. Rien de ce qui fait le charme du cinéma d’espionnage « pop » ne manque à l’appel : des petites pépées en bikini, des gadgets, des femmes fatales pulpeuses et un héros au regard de velours et à la main baladeuse (concédons cependant qu’Anthony Eisley n’a pas le charisme, c’est un euphémisme, d’un Sean Connery!). Les péripéties sont classiques mais filmées avec allant et une jolie gamme de couleurs « pop » (l’escalier rouge, les tentures jaunes, les objets de décoration bleus…)

Sans être trépidantes, ces pérégrinations se suivent sans le moindre déplaisir et culminent dans une scène où notre couple héroïque se retrouve coincé dans un silo qui se remplit peu à peu d’eau.

Lorsque l’agent Senneth (c’est son nom) arrive du côté de Cap Kennedy et des essais de la NASA, Margheriti abuse un peu trop de stock-shots et se trouve confronté à un manque de moyens assez  cruel (il arrive difficilement à dissimuler que ce sont de petites maquettes que nous voyons exploser à l’écran). Opération Goldman bascule alors, dans sa deuxième partie, dans un récit relevant davantage de la science-fiction avec un savant fou qui s’apprête à menacer la planète avec un rayon mortel.

Le côté farfelu de l’intrigue (ce savant vivant dans sa base sous-marine est, en fait, un riche entrepreneur spécialisé dans…la bière!) et assez décousu finit par nuire un peu à ce sympathique projet. D’une part parce que Diana Lorys disparaît totalement de cette partie, de l’autre, parce que Margheriti délaisse le suspense et le charme au profit d’une résolution un peu balourde d’un scénario pas bien palpitant.

L’ex-fan des sixties trouvera néanmoins un certain charme à cette œuvre désuète et dont le héros un peu veule ne dispose pas du « permis de tuer » comme James Bond mais d’un « permis de payer » qui lui fait sortir son carnet de chèques à chaque fois qu’il est en difficulté…

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Opération Goldman (1966) d’Antonio Margheriti avec Anthony Eisley, Diana Lorys.

Éditions Artus films

Sortie en DVD le 3 février 2015

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A propos de Vincent ROUSSEL

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