Death Cab for Cutie – Codes & Keys (archives)

 Narrow Stairs, le précédent album des Death Cab for Cutie est sorti depuis maintenant trois ans, une éternité à l’heure des autoroutes de l’information, musicale ou pas. C’est dire si la sortie de Codes & Keys fait trépigner le palpitant peu avant d’enclencher le lecteur pour qui se souvient des arabesques passées de ce groupe situé tendance haut du panier de l’indie pop/rock actuelle. Un groupe dont la musique a suivi, rigolo, le tour de taille de son leader des guitares graisseuses du début jusqu’à la légèreté mélodique et l’affinage cotonneux des dernières années (et des derniers disques, l’immense Plans en tête).
Onze titres composent ce nouvel album, onze titres qui n’apportent grosso modo aucune nouveauté dans le style développé jusqu’ici par le groupe. Codes & Keys n’est pas un concept-album acoustico-orchestral basé sur la série Lost (ou Fort-Boyard allez savoir), il ne lorgne pas non plus vers le R&B ou le Reggaeton. Codes and Keys c’est juste du rock purement mélodique et propre sur soi, posé comme il faut, refusant toute emphase, à l’aise dans son costume bien coupé mais bon marché, du bel ouvrage. Certes l’auditeur averti y décèlera quelques boucles et autres éléments de programmation nouvellement ajoutés à l’arsenal mélodieux mais il ne verra là pour autant aucun virage à angle droit ou trampoline géant vers le céleste. Notons tout de même qu’Arcade Fire semble avoir traumatisé (et pour le meilleur) tous les groupes de sa génération, on entend ici ou là sur deux à trois titres leur influence. Dont acte.
Voilà le décor posé. La musique des Death Cab c’est ainsi toujours ce soin pointilleux donné aux compositions, ces mélodies qui font taper pépère du pied avec leur piano ankylosé (« Unobstructed Views »,  « St. Peter’s Cathedral ») sinon bastringue (« Codes and Keys », « Portable Television » et « Underneath the Sycamore »). C’est le plus souvent ces quelques moulinets de guitare sur lesquels on imagine déjà Gibbard y aller de son célèbre déhanchement sur scène (ledit déhanchement qui est à celui d’Elvis ce que le chapeau de Danyel Gerard était à celui de Dylan, disons-le).
Les moments forts de l’album sont ce « Home is a fire » introductif, entrée en matière aérienne  (Death Cab serait-ils les rois de cet entre-deux du tempo ?) avant que le titre ne s’emballe doucement dans une atmosphère qui évoque d’ailleurs beaucoup Postal Service, l’autre projet de Gibbard. Autre sommet avec « Doors lock and open » et son irrésistible métronomie à la Neu !. Il faut dire un mot aussi sur le titre éponyme et son piano à la Arcade Fire (la chanson « The Suburbs ») copulant avec des cordes Britpop, bel élan, beau single aussi sans doute. Il faut également évoquer le refrain parfait de « Underneath the sycamore » ou le crescendo de « St. Peter’s Cathedral ». Un mot enfin sur l’achèvement rêvé qu’est « Unobstructed View », une sorte de pierre philosophale du dessein mélodique suivi par le groupe. Codes and Keys est une réussite de bout en bout, disons-le.
On peut dire à la réflexion que les Death Cab for Cutie reprennent de manière optimale l’héritage d’une certaine frange des années 70, à mi-chemin entre Harry Nilsson et des formations à la America. Un rock ontologiquement américain, une musique des grands espaces appréhendée à hauteur d’homme quand celui-ci ne se laisse pas bouffer par le paysage et, au contraire, le domine. Un groupe, une musique, un disque semblable à de grands espaces filmés au format scope avec une courte focale avec au premier plan la bonne tête de Ben Gibbard (ou mieux, celle de sa mie Zooey Deschanel) qui écrase le tout. Codes and Keys est un des sommets de cette année 2011, disons-le tout autant.

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