Claire Faravarjoo, identité complexe

C’est la moindre des choses d’une identité qu’elle soit complexe. Qu’elle ait du mal à exprimer sa singularité tout en la remettant en cause par le simple fait d’exister ; qu’elle s’exprime et donc mette dans la balance des mots sa propre identité. Dans l’errance nocturne de ses chansons, Claire Faravarjoo y parvient pourtant comme un joueur de flûte de Hamelin perdu la nuit dans les rues de Paris.

Les chansons de la jeune femme ont la maturité de la nuit, dont mon grand oncle jurait qu’il avait connu un enfant qui avait grandi de 50cm en une seule nuit. La nuit pour Claire Faravarjoo est une faiseuse d’histoire qui mélange les corps, quitte à leur promettre le grand ailleurs. Quitte à être « noctambule ».

Il y a de la nostalgie festive chez la jeune chanteuse, comme si elle avait déjà, l’air de rien, plusieurs vies discrètement emboîtées autour de minuit. Comme un jazz vital éructé de poumons prisonnier d’une cage thoracique trop étroite. Alors on ramasse ses  affaire, coups d’œil à droite et à gauche et premier pas vers l’inconnu comme si c’était le dernier.

« Ils vivent le jour, je m’endors aux aurores. »

© Naïssa B. Artwork(

Interview

Vasken Koutoudjian : J’aimerai un peu parler de tes origines : d’où viens-tu ? Dans quelle famille tu as grandi et quels sont tes premiers souvenirs de musique ?

Claire Faravarjoo : Je viens de Strasbourg. Mon papa est iranien et ma mère française. J’ai grandi dans une famille où la musique et l’amour étaient les deux choses les plus importantes. La danse, le chant, le partage. La guitare avec ma mère le soir, du Tiersen au piano pour m’endormir le soir et les fêtes iraniennes où la voix est reine ! Le dimanche matin, c’était Nina Hagen, Mike Oldfield et Fleetwood Mac à blinde sur la patine du salon.

VK : Quelles sont les premières musiques dont tu dirais qu’elles ont contribué à te construire ?

CF : Tout d’abord les musiques et groupe qu’écoutait ma mère. Ange, Mike Oldfield, Crosby Stills, Nash & Young, Phil Collins, Mylène Farmer et tant d’autres. C’est un panel très riche qui a construit mes influences en grandissant. Je suis une grande fan de Phoenix, Tiersen, Jamiroquai, Christophe, Cléa Vincent. Enfin vous l’avez compris, des choses très différentes mais qui font toutes palpiter mon cœur.

VK : Tu te promènes souvent à minuit ? Quelle est la part biographique dans tes chansons ?

CF : Carrément, qu’importe l’endroit. J’ai souvent besoin de sortir, voir les lumières de la nuit, même seule. Faire un tour, prendre mon temps, que ce soit avec les amis ou seule. J’ai souvent besoin d’être en solitaire, surtout pour écrire. Mais oui, tout est plus intense la nuit, je sors très souvent.

VK : La solitude, c’est un compagnon précoce ? Comment rentre-t-elle dans le corps ?

CF : Elle entre de plusieurs manières ; ruptures sentimentales, amicales, familiales. Je ne parle pas que pour moi, mais pour les autres aussi, ce qu’on me dit, les histoires qu’on me raconte. C’est important de parler des sentiments des autres aussi même si ça passe par le chant à la première personne. La solitude est un sentiment vécu par chacun d’entre nous, à n’importe quel moment, mais elle n’est pas traduite par les mêmes réactions.

VK : Comment se sont passés tes premiers pas dans la musique et puis dans la musique de façon pro ?

CF : D’une façon très douce. J’en ai de très bons souvenirs. De part mes parents qui ont toujours été derrière moi et m’ont poussé à aller vers mon rêve. Ensuite, en 2017, quand j’ai rencontré mon label. Le label #14 Records. Je suis allée dans leur bureau avec mes premières productions toutes timide. Et on est partis pour une grande aventure. Je me suis toujours entourée de gens bienveillants, c’est la base pour être libre de l’esprit et créer librement.

VK : As-tu des influences revendiquées, qu’elles soient musicales ou pas ?

CF : Pas forcément, comme vous l’avez vu plus haut, mes influences sont tellement plurielles ! Je dirais l’influence du coup de cœur haha. Je n’ai pas de style à dire en particulier mais je fonctionne à la première note. Si ça frisonne, ça va dans la playlist et boum !

VK : Quels sont les autres formes d’expressions qui te touchent ? Des noms, des titres ?

CF : La danse. J’adore ça, parfois je vais même danser seule si personne n’est chaud. J’ai besoin de ça, parfois le matin en me levant, une petite demi heure de danse ou avant de dormir pour me défouler. J’ai un nom en tête, sur Instagram, mapalmquist qui fait des chorégraphies incroyables sur des sons que j’adore à Broadway

VK : Tes projets immédiats et plus lointains ? Albums, concerts, autres…

CF : Commencer mon prochain album, et écrire pour d’autres artistes.

VK : Quelles sont les ombres qui te suivent ?

CF : Je n’ai pas forcément d’ombre haha, mais si on parle de quelque chose de plus lumineux je suis passionné de cuisine. La musique a beau me suivre partout, la cuisine aussi. Je pense que c’est étroitement lié. Dans la façon de faire, de penser, comme la composition musicale, on ajoute on enlève, on essaye et on voit comment le tout sonne, comment les goûts se marient.

VK : Quels sont tes projets dans l’avenir proche comme dans un plus lointain ?

CF : Même réponse que plus haut !

VK : Tu travailles toujours avec les mêmes musiciens ? Tu peux les présenter ?

CF : Je travaille seule en studio. Je suis multi instrumentiste autodidacte. Je suis passionné de ça et j’ai mon studio chez moi, avec tout ce qu’il me faut pour laisser aller ma curiosité et mes envies. La musique doit garder son coté magique et instantané pour moi. Alors quand l’inspiration vient je m’installe, ça part en ligne de basse/batterie, la voix se pose et petit à petit le morceau se créé. Sur scène, par contre, je suis accompagnée de Benjamin Roos, un de mes meilleurs amis, percussionniste et grand audiophile. C’est mon acolyte.

Claire Faravarjoo

Album : « Nightclub »

Disponible le 14 février 2020 chez #14 Records.

Plus loin

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A propos de Vasken Koutoudjian

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