Jeune auteur seulement âgé de 23 ans, Sylvain Escallon signe avec cette adaptation du roman Lazarus d’Emanuel Dadoun (1) son premier album BD. Les zombies n’existent pas oscille entre le polar et le fantastique. S’il en garde l’ambiance et l’atmosphère du premier genre, l’intrigue dépasse les frontières imposées pour s’insinuer sur les terres du fantastique et de la science-fiction.

L’inspecteur Kowalski, flic désabusé et dépressif, est sur les traces d’un mystérieux tueur en série qui coupe un doigt à la main gauche de ses victimes. Sylvain Escallon choisit de faire sillonner un tueur sans visage dans une France en noir et blanc à l’ambiance dépressive. Une atmosphère digne des films noirs, mais qui rappelle également les romans fantastiques publiés dans la collection Angoisse du Fleuve Noir. Au fur et à mesure que l’intrigue se noue, à base de flash-backs et de courtes séquences qui alternent les points de vue entre trois personnages, l’inspecteur Kowalski va devoir se rendre au Mexique pour résoudre cette bien étrange affaire.

 

 

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Les zombies n’existent pas est une bande dessinée particulièrement noire, marquée par une esthétique au noir et blanc très contrasté digne de l’univers sombre de Comes, au trait plus rond, et transposé dans un décor urbain. Pour souligner l’aspect lugubre et désespéré de l’intrigue, Sylvain Escallon privilégie le noir, ton dominant de la plupart des cases. Ombres portées ténébreuses, décors obscurs et cadres dans le cadre concourent à créer une atmosphère étouffante. Le climat, dépressif et pluvieux, est mis en scène par un découpage qui prête peu de place à toute note d’espoir. Pour un premier essai, Sylvain Escallon arrive à rendre hommage à ses influences tout en imposant un style bien à lui. Il assume ses partis pris esthétiques et thématiques avec une grande maîtrise.

Le rythme est soutenu et l’enquête avance à grands pas, grâce au sens de la concision de l’auteur. Malgré son ambiance lourde, le récit de Les zombies n’existent pas ne s’embarrasse pas d’un quelconque gras et va directement à l’essentiel.

Le désespoir et la solitude suintent de chaque case de la bande dessinée de Sylvain Escallon, œuvre sur le deuil impossible. Dans Les zombies n’existent pas, les âmes sont brisées et refusent l’inéluctable, ont la peur de ce vide existentiel qui est tapi en chacun de nous. La bande dessinée rend parfaitement le mal être que traînent les personnages, quand il ne s’agit pas de leur folie.

Oeuvre désespérée sur la nature humaine, Les zombies n’existent pas traîne un pessimisme dénué d’échappatoire, qui culmine lors de sa fin crépusculaire. Sylvain Escallon signe une bande dessinée autant susceptible d’emballer les amateurs de polars que ceux de récits fantastiques et mystérieux comme en faisait le regretté Comes.

Les zombies n’existent pas
Sylvain Escallon, Éditions Sarbacane, 131 pages, 22€.

(1) Lazarus, Emanuel Dadoun, éditions Sarbacane, coll Exprim’Noir, 246 pages, 17€.

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