Premier long-métrage de Laure Portier, Soy Libre suit le parcours d’Arnaud, frère cadet de la réalisatrice, dans sa quête d’une liberté dont il n’a jamais joui.
Des images enregistrées de 2005 à 2021 par l’auteure, voire par le protagoniste lui-même, mêlées à des dessins de ce dernier, présentent donc le cheminement – physique et psychologique – de cet ancien délinquant juvénile déterminé à quitter la France pour l’Espagne avant de s’établir au Pérou.
Conçu à partir d’images de textures variées, car glanées sur le long terme avec diverses caméras, Soy Libre s’apparente à un grand puzzle, incarnant ainsi le projet de sa réalisatrice : exposer les fragments d’une vie abîmée (les conversations d’Arnaud avec sa sœur en train de le filmer portent notamment sur la folie de leur mère, l’absence de leur père, son placement en famille d’accueil et ses démêlés avec la justice) et assister son frère dans sa tentative de la réparer.

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Le discours d’Arnaud, qui affirme vouloir s’affranchir de son passé et pardonner à ceux qui l’ont fait souffrir, ajoute également à la dimension existentielle du métrage, déjà fortement axé sur des idées telles que la rédemption, le libre-arbitre et la dialectique. Le dialogue constitue en effet le moteur principal de Soy Libre : entre Laure Portier et son frère, entre le passé et le présent (pour mieux envisager l’avenir), mais également entre des images immortalisées dans la précipitation, figurant un jeune homme athlétique, nerveux et constamment en fuite, et les dessins réalisés par Arnaud dans un style demeuré très enfantin, comme si sous son apparence endurcie se cachait une nature profonde plus belle et pure qu’on ne pourrait le croire… tel est néanmoins le message que semble nous adresser la réalisatrice par son choix de ponctuer son film avec ces croquis faits spécialement pour l’occasion.

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Ce parti-pris est cependant révélateur de l’autre grande force du film : outre le récit de l’émancipation d’un individu opprimé, Soy Libre est d’abord et avant tout le portrait – bouleversant de sincérité – d’un frère par sa sœur prête à tout pour le soutenir, faisant de ce documentaire la chronique de rapports fraternels certes complexes (des tensions sont souvent perceptibles entre eux) mais indéniablement mus par un amour inconditionnel devant lequel la caméra et le médium filmique dans son ensemble ne sont qu’un prétexte au dialogue, permettant à ces deux protagonistes d’affronter leurs démons et d’enfin se retrouver…
Un premier film sincère et intime, une ode à la liberté et la saisissante déclaration d’amour d’une soeur à son frère.

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