Lassés des sempiternels jump-scares, des fantômes d’enfants qui filent à toute vitesse pour vous arriver en plein visage à grand renfort d’effets sonores (coucou James Wan, et salut à toi Jason Blum), vous saurez profiter des exigences de The Night, le très beau film d’épouvante du cinéaste iranien exilé aux Etats-Unis, Kourosh Ahari. Comme son nom l’indique The Night se déroule au cours d’une nuit durant laquelle un couple d’iraniens et leur bébé fraichement installés aux Etats-Unis, égarés par leur GPS après une soirée chez des amis, décident de passer la nuit dans le premier hôtel qui se présente à eux. Ce lieu étrange dégage d’emblée une atmosphère déliquescente, inquiétante où le couple va se retrouver rapidement confronté à des visions, séparant graduellement le fantasme du réel.
Tout n’est que mystère dans The Night, qui a l’intelligence de ne livrer que très partiellement ses secrets. D’ailleurs si l’on soupçonne que le film se déroule aux USA, c’est une ville sans nom dans laquelle se perdent les protagonistes, comme aspirés dans une autre dimension, au moins aussi mentale que surnaturelle.

Par petites touches, Kourosh Ahari nous immerge, installant un climat à la belle lenteur, où l’angoisse est bien plus provoquée par l’interrogation, ce qu’on ne voit pas, que par une démonstration d’effets ou un déluge d’apparitions terrifiantes. Comme les deux héros, nous ne cessons de nous demander si nous avons bien vu la même chose qu’eux.
S’il est impossible de ne pas songer à d’autres somptueux hôtels hantés tel le mémorable Overlook de Shining, The Night pose très rapidement ses marques en privilégiant l’intime, les questionnements psychologiques, et c’est à l’arrivée la beauté qui l’emporte sur la peur. Car l’on sent combien Kourosh Ahari, derrière l’illustration du genre, évoque la condition d’exilé, les douleurs, le remords, la culpabilité, combien la psyché est capable d’élaborer ses propres monstres, son univers peuplé de fantômes, où l’espoir que l’aube se lève soulève des enjeux considérables.
Voici donc une œuvre précieuse, exigeante et émouvante, révélant un vrai metteur en scène (c’est son troisième long-métrage) dont nous espérons qu’il ne sera pas avalé par le système avec des commandes indignes de son talent et dont nous suivrons désormais la carrière  avec beaucoup d’attention. Nos cauchemars et nos hantises ont besoin d’un tel cinéma.

 

 

Sortie en DVD, Blu-Ray chez First International Production et en VOD.

 

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A propos de Olivier ROSSIGNOT

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