FID 2025 (Compétition internationale) Lucas Parente – « As Muitas Mortes de Antônio Parreiras »

As Muitas Mortes de Antônio Parreiras de Lucas Parente : au seuil du visible

Dans As Muitas Mortes de Antônio Parreiras, Lucas Parente convoque le fantôme du célèbre peintre paysagiste brésilien pour une traversée onirique et désenchantée des ruines d’un pays. Ce n’est pas une biographie, encore moins une évocation classique : c’est une dérive funèbre, une méditation hantée où l’art, la mémoire et la politique s’entrechoquent dans un territoire obscur, entre forêts denses et villes éteintes.

© Lucas Parente

Antônio Parreiras, ressuscité ou jamais vraiment mort, erre dans ce purgatoire mental, à la rencontre de ses doubles, de ses regrets, de ses visions inachevées. Chaque étape de cette errance est à la fois une introspection artistique et un regard amer sur le Brésil contemporain, pays fracturé que le peintre observe, impuissant, comme une de ses propres toiles rongées par le temps. Le film glisse alors du portrait d’un homme à celui d’une nation dont les paysages – autrefois sublimés – deviennent lieux de désenchantement.

Lucas Parente opte pour une forme hybride, entre essai visuel, cinéma spectral et relecture historique hallucinée. Les cadres sont larges, obscurs, brumeux, évoquant parfois le travail pictural de Parreiras lui-même mais aussi les fantasmagories de Pedro Costa ou les atmosphères désolées d’Apichatpong Weerasethakul. Les sons sont étouffés, les voix viennent d’un ailleurs – on ne sait plus si elles appartiennent au monde des vivants ou à celui des disparus. Ce flottement permanent fait toute la singularité du film.

© Lucas Parente

As Muitas Mortes de Antônio Parreiras n’est pas un hommage muséal. C’est un film d’outre-tombe, hanté par les deuils collectifs, les promesses non tenues et l’effritement de l’image comme du rêve national. La peinture, ici, n’est plus qu’un écho : elle ne fige rien, elle témoigne d’une impossibilité de représentation à l’heure où l’Histoire semble vaciller.

À la fois élégie visuelle, autoportrait posthume et critique voilée d’un Brésil en crise, le film propose une expérience sensorielle étrange, lente et envoûtante. En choisissant l’errance plutôt que la reconstitution, Parente fait œuvre de cinéaste contemporain autant que de passeur de mémoire. Un film d’apparitions, au bord du silence et de la disparition.

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A propos de Frédérique LAMBERT

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