FID 2025 (Compétition internationale) Guto Parente – « Morte e Vida Madalena »

Morte e Vida Madalena de Guto Parente : entre chaos créatif et renaissance queer

Avec Morte e Vida Madalena, Guto Parente signe une comédie exubérante et lumineuse, portée par une héroïne au bord de deux accouchements : celui de son enfant, à huit mois de grossesse, et celui d’un film de science-fiction imaginé par son père défunt. Le dispositif est limpide et d’une belle efficacité métaphorique : une productrice enceinte tente de mener à bien un tournage en perdition, tout en portant le deuil d’un père et l’héritage d’un imaginaire. Le chaos qui règne sur le plateau devient le miroir d’une gestation plus vaste – artistique, familiale, identitaire.

© Guto Parente

Dans une veine autofictionnelle teintée de satire douce, Parente joue avec les genres, entre comédie queer, hommage au cinéma de série B et fresque familiale bricolée. Madalena, interprétée avec une énergie rayonnante, traverse ce tumulte avec une foi têtue dans le pouvoir du cinéma à rassembler et à réparer. Le film ne cède jamais au cynisme, préférant célébrer la débrouille collective, les liens affectifs, les images qui naissent malgré tout – même au bord de l’effondrement.

La mise en scène, généreuse et décomplexée, capte avec tendresse les accidents de tournage, les maladresses des techniciens, les conflits de plateau. Il y a du Céline Sciamma dans cette manière d’embrasser les visages et les gestes avec douceur ; du Miguel Gomes ou du Kleber Mendonça Filho dans l’art de mêler fiction, mémoire et politique dans une même pulsation joyeuse. Mais Morte e Vida Madalena garde une identité propre, profondément solaire, traversée d’un humour salvateur.

© Guto Parente

Le choix de faire du personnage central une femme enceinte – productrice et passeuse de récit – donne au film une densité symbolique précieuse : Madalena incarne une fabrique du monde, un espace où la création et la vie sont intrinsèquement liées. Et si le film de science-fiction imaginé par son père semble à jamais inachevé, ce sont d’autres formes de narration, plus modestes et charnelles, qui émergent.

Morte e Vida Madalena est une célébration du cinéma comme espace de survie, de transformation et d’amour. Un film imparfait, vibrant, profondément queer, où la vie insiste jusque dans le chaos. À l’image de son héroïne, il accouche d’un cinéma artisanal, habité, et résolument tourné vers l’avenir.

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A propos de Frédérique LAMBERT

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