FID 2025 (Compétition internationale) Amin Motallebzadeh – « Conference of the Birds »

Conference of the Birds d’Amin Motallebzadeh : deuil, football et chute en apesanteur

Avec Conference of the Birds, Amin Motallebzadeh livre une œuvre méditative, élégiaque, où la disparition d’un entraîneur de football agit comme le point de bascule d’un monde soudain déréglé. Le film prend pour cadre un club professionnel mais le sport n’y est qu’un prétexte : ce qui intéresse le cinéaste, ce sont les lignes de faille invisibles, les silences collectifs, la tristesse en sourdine qui affleure lorsque l’ordre vacille.

© Amin Motallebzadeh

Inspiré du célèbre poème soufi de Farid al-Din Attar — La Conférence des oiseaux, allégorie mystique sur la quête spirituelle menée par un groupe d’oiseaux à la recherche de leur roi — le film transpose cette errance existentielle au sein d’une équipe de football frappée par un deuil brutal. Mais au lieu d’une dynamique dramatique classique, Motallebzadeh opte pour une mise en scène lente, contemplative, presque flottante : une « chute au ralenti » qui accompagne la dérive mentale des joueurs et du staff.

La caméra s’attarde sur les visages figés, les corps à l’arrêt, les couloirs vides des stades, les vestiaires silencieux. L’action se dérobe au profit d’une introspection collective, filmée avec une grande économie de moyens mais une sensibilité palpable. La mort du coach agit comme une faille soudaine dans la mécanique du groupe : chacun se retrouve seul face à l’inexplicable. La crise, ici, est autant psychologique que symbolique.

© Amin Motallebzadeh

Par sa composition rigoureuse et son refus du pathos, Conference of the Birds évoque certains films d’Abderrahmane Sissako ou de Nuri Bilge Ceylan, où la lenteur devient forme de résistance au spectaculaire. Le cadre du sport professionnel, habituellement dominé par l’efficacité, la performance et le bruit, est ici retourné en un espace de vulnérabilité partagée, presque sacré.

Le film s’autorise des échappées poétiques, notamment par une bande-son minimaliste, des silences profonds, et quelques plans d’oiseaux en vol qui ponctuent le récit : autant de métaphores discrètes de l’élévation, du doute, de la perte. La « conférence » annoncée par le titre n’est pas une réunion mais un appel — celui, intérieur, de la transformation face à la mort.

Conference of the Birds ne cherche ni à rassurer ni à expliquer. Il propose une traversée du deuil en communauté, en suspendant le temps, les règles du jeu et les certitudes du quotidien. Un film subtil et inattendu, où le football devient le théâtre d’une méditation existentielle.

© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).

A propos de Frédérique LAMBERT

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.