Metronomy – The English Riviera (archives)

Qu’il est bon de temps à autre de plonger ses mains dans le vivier garni des nouveautés musicales du moment et d’y dénicher une pièce de grande valeur comme ce troisième album de Metronomy. Certes il ne s’agit pas là de perdreaux de l’année, plutôt ceux de 2008, l’année de sortie de Nights out , un second album qui a fait de nos anglais une des têtes d’affiche de ce début des années 10. Un premier album écouté et certes apprécié mais sans pour autant se relever la nuit pour savourer une fois encore la piste 4, ça non. Bien nous en a pris puisqu’on aborde ainsi English Riviera avec fraicheur et candeur, bien loin d’une fièvre acheteuse et solennelle, bien loin d’une impatience trouble, plus proche d’une curiosité pathologique.

Une curiosité liée en premier lieu à la pochette, ravissante avec juste ce qu’il faut de suranné pour titiller l’œil, à mi-chemin d’Olivia Tremor Control (Dusk at cubic castle) et Neil Young(On the beach). Un plaisir lié au contenu qui lorgne vers une pop chiadée et sophistiquée le plus souvent dansante mais lestée de mélancolie plus ou moins contagieuse. Dansant, le premier album l’était avec ses grosses semelles rythmiques et ses mélodies passées sous le jet puissant de la douche. Dansant, ce second disque l’est toujours même si le tempo s’adoucit le plus souvent, même si la danse est ici élégante et retenue. Un résultat en tous les cas bluffant tant les perles s’accumulent, tant la surprise est grande aussi de découvrir en Metronomy d’aussi beaux ambassadeurs de l’élégance pop.

Il faudrait citer tous les titres en fait pour rendre compte de ce qu’ils sont chacun de spécial et de précieux. On se contentera des plus forts, de ce « We broke free » matinal, de ce « The look » qui sent bon le ballroom dancing dégingandé où les néons révèlent les fissures des murs (mention aussi pour son doublon « Love underlined »), de ce « She wants » avec sa basse qui déraille, de cet « Everything goes my way » chantée par la demoiselle du combo dans une veine proche d’un Papas Fritas d’aujourd’hui (puisqu’il faut parler de ce grand groupe au passé), de cette « Corinne » qui synthétise un peu toutes les saveurs entendues ailleurs sur l’album et enfin de ce « The Bay » en guise de chef d’œuvre du disque, même s’il est (injustement) difficile d’utiliser pareil terme pour ce qui est une « simple » pop dansante, le gardant le plus souvent pour des pièces supposées plus profondes et ambitieuses dans le propos.

Tant par le voisinage gracieux que par la réussite du projet cet English Riviera fait penser au Kaputt de Destroyer sorti plus tôt dans l’année, deux sublimes disques de pop moderne les deux pieds de batterie ancrés dans la tradition du genre, deux grands disques de pop mélancolique mais élégante. « Soyons désinvoltes mais n’ayons surtout jamais l’air de rien », pourrait être une devise partagée par ses deux beaux groupes, ces deux grands albums de 2011.

 

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