Ari Aster – « Beau Is Afraid » [DVD, Blu Ray, UHD]

Il y a toujours quelque chose de réjouissant à reconnaître dans un film les traces d’un autre. Un style, un registre, une scène ou une cadence peuvent suffire à susciter la satisfaction de la mémoire, comme ravivée par un clin d’œil artistique. De la scène de la douche parodiée de Psychose dans Phantom of the Paradise de Brian de Palma (1974) à l’adaptation des Sept Mercenaires de John Sturges (1960) à partir des Sept Samouraï de Kurosawa (1954), en passant par l’esthétique de Submarine de Richard Ayoade (2011) proche de celle de Wes Anderson, notre regard s’imprègne constamment d’images-références, d’images-mimésis, et d’images-complices. La quintessence de cette transmission souterraine jaillit bien souvent lors des mises en abyme cinématographiques, comme la scène d’ouverture de Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar (1999), où les protagonistes regardent All About Eve de Mankiewicz (1950).

Alors comment réagir lorsque notre regard se projette dans une expérience cinématographique où tout paraît nouveau, et en dehors de tous repères ? C’est le phénomène que propose le dernier film de Ari Aster, Beau Is Afraid : un voyage extraordinaire, lors duquel on perd pied, comme propulsé dans une aventure épique, dangereuse et sensationnelle. Ari Aster souhait que son public s’autorise à rire pendant son film. Et d’emblée, le titre, Beau Is Afraid, s’énonce presque sur la tonalité de l’humour : car comment ne pas se laisser surprendre par le décalage entre l’état statique, pétrifié, immobile et apeuré que suggère le participe « is afraid », et l’odyssée fulgurante dans laquelle le protagoniste est littéralement catapulté ? Ce titre-assertion se démarque par son côté provocateur, qui renvoie presque à un intitulé d’album jeunesse, s’il appartenait à une collection dédié aux états d’âme d’un protagoniste. Et dans cet épisode signé Ari Aster, la peur ne constitue pas un simple accessoire, mais, au contraire, le décor tout entier du film.

Beau sur des échafaudages avec un ouvrier à l'ouvrage. Derrière, un poster indique :

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Pourtant, le synopsis de départ annonce une aventure drôle et burlesque : Beau Wasserman (un Joaquin Phoenix époustouflant, que l’on peut chaleureusement remercier de ne pas avoir arrêté le cinéma comme il l’avait annoncé il y a quelques années), homme très angoissé, a organisé son départ pour aller retrouver sa mère Mona. Mais des circonstances toutes plus rocambolesques les unes que les autres retardent sans cesse son voyage —ou plutôt, le transforment en un tout autre périple.

Dans Beau Is Afraid, la peur représente le catalyseur de la pellicule : chaque réaction à l’irruption de la panique, chez Beau, déclenche un enchaînement de péripéties et attise alors un feu dramatique. Après Hérédité (2018) et Midsommar (2019), qui avaient déjà imprégné notre regard de prouesses visuelles architecturales —les maquettes de la mère dans le premier, et les banquets du festival dans le second—, et semé en notre esprit le doute, la terreur, et le malaise, Ari Aster invente avec Beau Is Afraid un objet filmique hors-temps, hors-lieu, hors-genre et peut-être même hors-cinéma : car ces vingt-quatre images par seconde, produisant l’illusion du mouvement, n’échappent pas à un mouvement supplémentaire, —s’il n’y en a qu’un seul— à savoir celui de la narration qui fulgure et tourbillonne. Les procédés narratifs, proches de l’odyssée romanesque, avec ces traversées interrompues qui passent d’un monde à un autre, et ces personnages dont le rôle semble systématiquement avoir un lien avec le protagoniste, font du nouveau film de Ari Aster une œuvre répondant à des enjeux de métafiction. C’est systématiquement un événement traumatique, —comme l’accident de Beau lorsqu’il se fait renverser par un camion, ou lorsqu’il se fait poursuivre dans la forêt par un tueur traumatisé de la guerre—; ou une volonté conscientisée d’en finir, —lorsque la fille du couple ayant adopté Beau pour un temps avale devant lui le contenu d’un pot de peinture—, qui précède le changement de monde et déclenche la fracture imaginaire entre deux univers distincts. La structure de Beau Is Afraid divise l’appartement insalubre de Beau, la riche maison du couple l’ayant recueilli après son accident, la forêt et son théâtre itinérant, la maison de Mona, et le purgatoire : des mondes séparés qui renvoient à une mémoire blessée, et à une conscience fragmentaire d’un cerveau traumatisé.

Beau de dos marchant dans un décor de forêt en image animée

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Beau Is Afraid immerge, impressionne, effraie, et emporte dans une expérience inoubliable d’une odyssée psychanalytique à la fois noire et burlesque, épique et tragique, aux niveaux de lecture qui se découpent à l’infini. En nous plongeant dans des univers éclectiques, tous profondément différents, et tous inventés avec une précision et une densité sans pareilles, le film aspire notre regard, le manipule par l’entremise de la peur, et l’hypnotise sans jamais le lâcher. Dans cette odyssée, nulle place à la contemplation, à l’émotion distillée au fur et à mesure, où à la promenade dans l’image : au contraire, c’est l’image même qui nous submerge et nous poursuit dans des imbrications d’événements, complètement kafkaïens. Le pitch initial, celui du personnage de Beau qui cherche à rejoindre sa mère, se transforme en une course effrénée propre au cauchemar, où des obstacles traumatisants le détruisent et l’amenuisent peu à peu, faisant alors resurgir des souvenirs enfouis. Tant et si bien que l’on se retrouve face au dilemme suivant : tout cela est-il réalité, ou simplement la conséquence d’un délire anxieux ? Car s’ouvrant sur une séance entre Beau et son psychiatre, qui finit par lui prescrire un nouveau médicament pour son anxiété trop envahissante, Beau Is Afraid joue d’emblée sur cette ambiguïté.

C’est à l’issue de cet échange que commencent les ennuis pour le protagoniste, qui doit se rendre chez sa mère le lendemain. La nuit, maintenu dans un semi-sommeil perturbé par les nuisance sonores de la rue —son quartier est rongé par la misère, la violence et les addictions—, il reçoit plusieurs mystérieux messages en papier sous sa porte, lui suppliant de « baisser la musique ». Dès lors, le film d’Ari Aster prend une tournure kafkaïenne, où les thèmes de l’aliénation et de la persécution —intentionnée ou imaginée, dans le cadre de la paranoïa—, alimentent le récit en y insufflant l’impression d’un cauchemar sans fin. Ce cauchemar s’exprime sous plusieurs formes : d’abord, au sens figuré, c’est-à-dire en regard du malheur qui s’abat de façon systématique sur le sujet, Beau. Entre nouvelles et découvertes terrifiantes, accidents sanglants, persécution par des personnages en proie à la folie, blessures et défigurations violentes, et angoisses de mort paralysantes, il y a dans le film d’Ari Aster quelque chose de l’ordre de la déclinaison du malheur, et qui prend forme dans la représentation et l’apparition d’une violence sans limites : elle peut être physique, à l’encontre de Beau, comme lorsque le « tueur au couteau nu » de son quartier s’en prend à lui ; ou à l’encontre de ses biens —comme lorsqu’un groupe de junkies saccage son appartement— ; mais aussi psychologique, comme on le voit dans les souvenirs de Beau avec sa mère tyrannique.

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Cette violence s’exprime également d’une manière fantasmée et pathologique, et s’incarne notamment dans un personnage adopté par le couple hébergeant Beau suite à son accident. Vétéran et ayant en quelque sorte pris la place de leur fils mort à la guerre, il souffre de séquelles post-traumatiques le poussant à agir comme s’il était toujours au front. Cet ancien militaire (Denis Ménochet !) représente une énième menace pour Beau, et symbolise le stress post-traumatique jusque dans la charpente formelle du film de Ari Aster. En effet, sa présence apparaît suite à une succession d’événements traumatiques pour le protagoniste (un saccage de son appartement, une mort annoncée, une tentative de meurtre à son encontre, un accident de voiture…), et contraste nettement avec le décor fastueux et paisible de la maison du couple, dont la bienveillance édulcorée paraît trop gratuite pour être honnête. C’est aussi un personnage qui transcende littéralement le décor : lorsque Beau parvient à prendre la fuite et achève sa course dans ce que l’on pourrait nommer « le troisième monde » de Beau Is Afraid, dans ce théâtre itinérant de la forêt nocturne, le vétéran fou finit par le rattraper, dans un cataclysme de violence. Le traumatisme, dans le film d’Ari Aster, devient alors comme un fil rouge narratif. D’abord, à travers ce personnage symbolisant le délire de la persécution ; dans sa représentation des personnages, qui sont souvent d’apparence lisses et bienveillants, mais qui bien vite se transforment en monstres rongés par la folie — car cet ancien militaire traumatisé lève aussi le voile sur cette famille qui s’avère tout aussi dégénérée et terrassée par la folie— ; dans son esthétique, avec ces images vivement colorées, limpides et détaillées qui jouent sur l’idée d’une réalité soit augmentée, soit altérée, soit aliénée ; et aussi dans son montage, qui compose un enchaînement odysséen d’univers, que la peur anime et sublime.

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La polyphonie des registres attise le flamboiement de Beau Is Afraid, alliant la tragédie à l’épique et le pathétique au burlesque : ainsi, toute la misère et la souffrance délétères du quartier où vit Beau se manifeste avec humour noir dans des rituels de sprint jusqu’à son immeuble, évitant les personnages drogués en manque à la manière d’un jeu vidéo. Et d’autre part, il y a quelque chose d’immensément drôle à voir le corps de sa mère gisant dans son cercueil, où un oreiller figure à la place de sa tête manquante. La séquence d’ouverture, succédant à la séance de Beau avec son psychiatre, jongle avec la terreur et l’absurde, en caricaturant l’infortune et la misère, et en réalisant le « pire ». On est envahi, au même titre que le protagoniste, par un sentiment de panique incontrôlable, lorsqu’il s’aperçoit, alors qu’il introduit un cachet d’anxiolytique dans sa bouche, que son unique bouteille d’eau est vide et qu’une coupure d’eau est en cours dans son immeuble. Cette séquence compose un orchestre des pensées anxieuses jusqu’au délire, du catastrophisme, des ruminations grandissantes, et de la paranoïa qui se transforment en une réalité infernale : celle du scénario catastrophe réalisé. Le cauchemar, dans le film d’Ari Aster, se traduit ainsi par l’omniprésence de la persécution (imaginée ou réelle), de la perte de repères, de la course-poursuite jonchée d’obstacles, et de l’incapacité à atteindre son objectif. La représentation du corps participe aussi à cette entreprise cauchemardesque : poignardé, heurté, sédaté, drogué, frappé, déchiré, griffé, épuisé. Beau se fait constamment défigurer et blesser par son environnement. D’ailleurs, à partir de son arrivée dans le deuxième monde, celui de cette riche maison aux grandes baies vitrées et au jardin pacifique et arboré, il se retrouve en pyjama d’hôpital, tenue qu’il ne quittera plus, et qui l’assujettit d’autant plus encore à la vulnérabilité propre à l’expérience du mauvais rêve, où il subit les manipulations à son égard, impuissant.

Beau téléphonant sur un fauteuil au milieu du jardin

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Beau Is Afraid reprend les thèmes de la défiguration, de la blessure et de la monstruosité, motifs inhérents à l’œuvre de Ari Aster. Avec Hérédité et Midsommar, le réalisateur avait déjà prouvé son obsession pour la défiguration, et, en particulier, pour la décapitation. Que ce soit la tête arrachée par un poteau en voiture de la petite fille au visage déformé de Hérédité ; ou les visages réduits  en bouillie des ancêtres qui sautent d’une falaise dans Midsommar ; ou encore, spécifiquement dans Beau Is Afraid, la mère sans tête, la rupture entre la tête et le corps imprègne le cinéma du cinéaste. Séparer la tête du corps, c’est défigurer, au sens littéral du terme —la victime devient alors un personnage sans visage, et par extension, un inconnu, impossible à cerner, inaccessible. Couper la tête, c’est arracher l’individualité, c’est ôter tout moyen de reconnaissance ; et se trouver face à ce fait accompli, c’est faire face au vide, à l’insondable. Le caractère extrêmement envahissant et dominant de la mère de Beau se traduit par sa décapitation : la mère sans tête, c’est la mère sans affect, la mère sans vulnérabilité, la mère sans humanité. Pour Beau, elle n’est qu’un corps aliénant et cloisonnant, qu’une sorte de figure toute-puissante et inaccessible. Sa mort exprime alors le sentiment d’aliénation ressenti par son fils : sa décapitation devient davantage un symbole de révélation quant à sa véritable nature (une mère sans tête), plutôt qu’une tragédie inexplicable et soudaine, ou une catastrophe que rien n’aurait pu prédire. Et si l’on s’en tient au propos d’Emmanuel Levinas, « Le visage est ce qui nous interdit de tuer. », la disparition de celui de la mère de Beau renvoie alors à son omnipotence et à son immortelle ascendance. En parallèle du motif de la décapitation se pose celui de la défiguration et de la blessure : durant toute l’odyssée, le visage du protagoniste reçoit des coups, des coupures, des griffures.

Dans le cinéma de Ari Aster, les événements dra(trau)matiques donnent l’impression de survenir comme des évidences logiques d’un point de vue symbolique, cryptés mais suggestifs, plutôt que de servir un déroulement romanesque et épique —bien que ce dernier participe tout aussi bien à l’expérience artistique inoubliable que constitue Beau Is Afraid. Mais c’est sans doute cette intrication virtuose entre la tension dramatique et, l’aspect complètement inopiné et rocambolesque des événements, et le fil rouge psychanalytique qui en découle, qui fait de Beau Is Afraid un voyage aussi fascinant qu’inédit. La blessure, la difformité ou la décapitation représentent le pivot central de l’enchevêtrement narratif de Ari Aster, rendant alors tangible la configuration temporelle du récit : le spectateur se retrouve pris au piège du temps engloutissant et destructeur, déformant les visages, détruisant les lieux, blessant les corps, saccageant les intérieurs, explosant les extérieurs, broyant la mémoire —auquel seule la peur résiste, et subsiste. Et cette peur, on peut sans doute la voir comme la protagoniste la plus tangible du film.

Beau jeune avec sa mère sur la terrasse d'un bateau au crépuscule

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Les décors façonnent la structure tourbillonnante de Beau Is Afraid, où les lieux et l’architecture demeurent un motif essentiel à l’esthétique tout comme au processus de narration. S’ils apparaissent parfois sous la forme d’un bateau de croisière immaculé et paradisiaque, baigné d’un rose crépusculaire, où les souvenirs de Beau jeune adolescent avec sa mère refont surface ; ou d’un havre de paix luxueux dans une riche maison immergée de lumière et de verdure ; ou d’une forêt nocturne abritant un théâtre aux décors multicolores et poétiques ; ces lieux sont systématiquement détruits, anéantis et bouleversés par la violence et le malheur, qui orchestrent et rythment toute la temporalité du film. À ce titre, on retiendra ces paroles prononcés par un comédien du théâtre itinérant de la forêt : « Les malheurs n’arrivent pas comme quelques rares éclaireurs, mais en bataillons ».

L’importance de l’architecture, qui imprégnait déjà Hérédité avec la fabrication des maquettes par la mère, et Midsommar avec les banquets agencés dans une géométrie précise, sa manifeste de telle sorte que la succession des mondes dans lesquels Beau est projeté, au sens littéral du terme, se revêt d’un relief saisissant, parfois vertigineux et hypnotique. La géométrie propre à Beau Is Afraid tient à cette accumulation de portes, dans l’appartement de Beau au début —porte de l’immeuble donnant sur un hall tapissé de graffitis, et sur la rue saturée de misère et de danger, porte de l’ascenseur s’ouvrant et fermant avec des étincelles de frottements mécaniques inquiétants, portes des voisins que l’on ne voit jamais—, qui traduisent le sentiment d’insécurité des lieux, ainsi que l’enfermement physique et psychique ; l’omniprésence des vitres et du verre dans la maison luxueuse, qui marquent au contraire la sur-sécurité, la surveillance et la surexposition ; la forêt du théâtre itinérant, où une représentation se transforme soudain en film d’animation aux décors cartonnés, qui illustre le voyage mental jusqu’au délire ; la maison de Mona, à l’intérieur peuplé d’escaliers, de mezzanines et de grenier, montrant la complexité des conflits familiaux non résolus ; et l’immense arène nautique finale, aux allures de purgatoire. Les lieux, tous créés à partir de décors méticuleusement agencés et inventés par Ari Aster, portent un imaginaire immensément riche en réflexions (sociologiques, métaphysiques, psychanalytiques, psychotraumatiques), en saturations et en nuances (de couleurs, de caractères, d’émotions), et en humour (noir, absurde, kafkaïen). Cette richesse dans la création de ce florilège de mondes inventés de toutes pièces participe à l’aspect inoubliable et démentiel de Beau Is Afraid.

Beau couché en tenue d'hôpital et branché à une perfusion dans le lit d'une chambre adolescente tout en rose avec des posters de k-pop

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Film qui ne ressemble à nul autre, Beau Is Afraid transcende à la fois la narration, avec ces souvenirs mêlés au présent, ces résurgences du passé, ces incarnations symboliques ou divines, et ces passages d’un monde à l’autre ; le genre, avec le tragique teinté de comique, l’absurde imprégné de vérité, l’introspection transfiguré par l’épique ; et l’image même, comme on le voit par exemple dans cette fabuleuse séquence en image animée, ou lors de ce long zoom arrière de Beau drogué à son insu dans une voiture, jusqu’à l’apparition du cadre noir. Inspiré par des auteurs et philosophes tels que Jung, Borges ou Kafka, Ari Aster a voulu faire avec Beau Is Afraid « d’une vie qui déraille une épopée sombre et comique », qui s’approche parfois du réalisme magique, dans un pendant anti-merveilleux. Après l’horreur fantastique de Hérédité et l’horreur réaliste de Midsommar, Beau Is Afraid s’ancre dans un tout autre genre encore : les décors, méticuleusement agencés grâce à une multitude de détails —la chambre adolescente de la fille du vieux couple dans la maison de banlieue, tapissée de posters de chanteurs de K-pop et tout en monochrome rose ; l’appartement de Beau et tous les indices illustrant ses obsessions et ses habitudes—, produisent l’effet de réel, mais le caractère kafkaïen et catastrophique des événements viennent brouiller la partition de vraisemblance. Pourtant, et à la différence du genre fantastique, l’étrangeté à l’œuvre ne semble pas effrayer davantage Beau —étant déjà pétrifié par la vie même. Par ailleurs, si l’on a souvent qualifié le cinéma de Dreyer de « réalisme métaphysique », on pourrait à notre tour inventer l’appellation « réalisme psychanalytique » pour Beau Is Afraid : car c’est bien la nature de Mona, et de sa relation avec son fils, qui constitue le noyau, ou le nœud de cette odyssée d’humour noir.

Encore plus que pour Hérédité et Midsommar, Beau Is Afraid porte en lui une ingéniosité et une imagination hors normes, et s’affranchit de tous les chemins tracés par les genres qui l’ont précédé. Ari Aster aurait-il trouvé le moyen de produire l’expérience de l’infini ? Car le souvenir de Beau Is Afraid ne cesse et ne cessera sans doute de voyager dans nos cellules et dans notre mémoire.

Suppléments :

« L’Odyssée de Beau » : making of

DVD, Blu-RAY et UHD édités par Seven 7

[Reedit de la critique du 25 avril 2023 pour la sortie salles ]

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A propos de Eléonore VIGIER

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