Nous sommes en 1984. L’Angleterre, aidée par le Chili de Pinochet, a gagné la guerre des Malouines, petite guerre à l’autre bout du monde contre une junte militaire aux pratiques ignobles. La côte de popularité de Margaret Thatcher la Premier Ministre est au plus haut. Elle va pouvoir continuer sa politique ultralibérale en s’en prenant aux mineurs symbole d’une Angleterre d’un autre temps (le charbon porte étendard de la révolution industrielle du XIXème siècle).

Martyn Waites nous raconte la chronique d’une petite ville imaginaire Coldwell située au bord de la mer du nord, à côté de Newcastle. Une région pauvre du nord de l’Angleterre à la frontière de l’Ecosse avec un climat difficile, une économie déclinante. Et la Dame de fer va s’en prendre à l’économie principale de la ville, la mine de charbon. Le minerai n’est pas rentable, il faut fermer les puits. Les mineurs se révoltent, la lutte et la grève s’organisent. Maggie organise la riposte en utilisant la méthode forte, en envoyant les forces de l’ordre et en instrumentalisant la lutte ouvrière et en manipulant les médias.  Des pratiques déjà utilisées en Irlande du nord pour lutter contre les indépendantistes Irlandais. Et elle a tout son temps Maggie pour faire plier ses adversaires. Et Maggie ne recule pas. Elle laissa mourir Bobby Sands et ses neufs collègues indépendantistes. Elle pouvait bien faire mourir les gueules noires.

L’auteur alterne pendant tout son roman, les chapitres entre AVANT et MAINTENANT pour nous montrer les effets de la violence de la politique Thatchérienne. Une Angleterre de plus en plus violente avec la montée du chômage, la suppression des aides sociales et du service public, la montée du trafic et de la consommation des drogues dures.

Le roman est imprégné par la culture populaire britannique, une bande musicale omniprésente, une référence au club de foot de Newcastle ainsi qu’aux émissions populaires de la TV Anglaise. On baigne dans l’Angleterre ouvrière. Ça sent le fish and chips gras dégoulinant dans son papier journal, on voit les Vauxhall à conduite à droite, les vieux docks de Newcastle, les cités avec les enchainements de maisons ouvrières sans âme.

Un roman très, très, noir et sans concession avec une galerie de portraits forts voir très forts pour certains. Les psychologies des personnages sont très fouillées, leurs  failles sont montrées sous des lumières crues. Le style de l’écrivain est sans fioriture, il va à l’essentiel. C’est froid et coupant comme du Maggie Thatcher.

A noter que le second roman édité par les Editions Rivages se consacre une nouvelle fois à Newcastle, une histoire se déroulant durant les trente glorieuses.

Faut-il s’étonner que Né sous les coups soit son premier roman traduit en Français? Et non. Un très, très, gros coup de cœur pour cette fresque peinte. Et une incompréhension. Pourquoi Rivages a classé ce roman en Thriller. C’est un roman social noir dont l’intensité va crescendo tout au long de l’histoire.

Martyn Waites – Né Sous Les Coups (Editions Rivages)

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