Didier Ray & Rémi Bostal – « Les mondes de Brik & Brok – T.1 Le cœur du danger »

La disparitBrik-Brok-01ion de l’humain, remplacé par des robots, est un thème cher à la science-fiction. Naturellement, on pense tout de suite à Isaac Asimov et son cycle des robots, mais la bande dessinée ne s’est y jamais vraiment attaqué aussi frontalement. Des robots, des cyborgs, oui, mais plus d’humains, voilà qui est assez courageux et plutôt risqué, ce risque résidant dans la trop grande facilité qui consiste à les imaginer un peu à notre image, avec le même type de sentiments ou de manière de fonctionner. C’est le pari tenté par Didier Ray et Rémi Bostal avec Les mondes de Brik & Brok, dont le premier tome est sorti fin 2015 et s’intitule Le cœur du danger. Pari plus ou moins réussi.

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La cité de New-Capek ressemble à s’y méprendre à une projection robotique de nos grandes villes modernes, avec son université, ses manifestations de mécontents, son gouvernement peu sympathique, des religieux un peu allumé, des groupuscules qui tentent de mettre le chaos (ici, via des virus informatiques) et des simples quidams qui se font embarquer dans une histoire qui les dépassent un peu. Pas grand de neuf donc au scénario de ce premier tome, rien que du très attendu (ou au contraire que du pas attendu du tout, en tous les cas de notre point de vue). On ne comprend pas bien l’intérêt d’aller inviter un monde futur constitué entièrement de robots pour construire une histoire qui pourrait se dérouler aujourd’hui, avec de simples humains. C’est assez étrange comme parti-pris, et très décevant. L’humour n’est pas absent de cette bande dessinée, même s’il ne fonctionne pas toujours très bien, les blagues ou jeux de mots n’étant pas toujours très compréhensibles.
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Ce qui sauve Les mondes de Brik & Brok réside dans les dessins, qui ne sont pas sans rappeler ceux d’un Fabrice Lebeault lorsqu’il était aux commandes de la très belle série Horologiom. Un trait faussement simple, une grande fluidité aidée pour une construction des pages assez intelligente et nous voilà pris par un récit qui ne brille pas son scénario, loin s’en faut. Enfin, on se demande sans cesse si nous sommes dans une bande dessinée jeunesse, ce qui n’est pas gênant en soi, mais qui donne l’effet indésirable d’être dans un entre-deux un peu non assumé. Il ne reste plus qu’à attendre le deuxième tome de ces mondes de Brik & Brok pour savoir si le récit va enfin rattraper les dessins et se densifier un peu, le monde des robots (promis par les transhumanistes et sans doute à portée d’œil) devrait permettre de raconter bien plus de choses qu’un simple miroir de ce que nous pouvons vivre aujourd’hui.

Publié le 10/11/2015 aux Editions Cerises & Coquelicots bandeau-dialogues-blanc

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